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Requiem pour des excellences disparues

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 25 août 2017
  • 3 min de lecture

Du bilan au droit d'inventaire, du changement à la rupture, les politiques n'ont cessé d'inventer des manœuvres de diversion pour pallier leurs échecs. Ces simagrées auraient pu durer encore longtemps si, tout uniment, ils ne s'étaient appliqués à s'aliéner toute considération aux yeux de leurs concitoyens.


Depuis la fin des années 80, les politiques font la manche. Un paroxysme a été atteint quand, dans l'indifférence générale Jean-Louis Debré, a jeté aux orties sa toque de Président de la plus haute juridiction de la République pour jouer les amuseurs publics à la radio. Cette reconversion n’a pu que nuire au Conseil Constitutionnel dont le rôle prétorien considérable et indispensable conquis ces dernières années repose non sur des pouvoirs organisés par la loi, mais sur l’autorité conférée aux "sages" qui le composent.


Il n'est pas surprenant que depuis des décennies la caricature du microcosme politique ait fait fortune sous le nom de Guignols, ou que des comiques professionnels se soient autorisés à faire des incursions dans le politique qui jusque là était réputé une affaire sérieuse.


"Il faut bien que tout le monde mange" disait Henri IV à l’adresse de Roger duc de Bellegarde dissimulé sous le lit de Gabrielle d’Estrées leur maîtresse commune en lui passant un peu de la confiture qu'il appréciait fort après avoir consommé d'autres délices. On peut donc comprendre le recyclage d'anciens ministres qui font des ménages dans les médias. Ils y révèlent parfois une vraie nature comique, comme celle de Mme Bachelot dont le talent artistique laisse penser que sa carrière ministérielle était une erreur de casting. Et tant pis, si à chaque apparition, l'accompagne le spectre des montagnes de deniers publics engloutis en pure perte dans des millions de doses de vaccins et de masques antigrippe.


Il est plus inquiétant de voir M. Raffarin, un ancien Premier Ministre de la France se galvauder dans le commentaire de faits divers. Cette dérive n'est que l'aboutissement d'une peopolisation des élus en mal de notoriété, moins soucieux de prouver leurs compétences que de se démontrer proches du peuple. Erreur fatale. À ce jeu, ils se sont brûlé les ailes. Ils ont perdu de vue que l'électeur éprouve le besoin viscéral de faire confiance et pour cela il investit bien souvent ceux à qui vont ses suffrages de qualités plus supposées que réelles. Le priver de ce secours le détourne de la vie publique quand cela ne lui donne pas la tentation de voter pour de curieux hurluberlus, funambules de l’extrême.


Dès lors, allant de désillusion en déception, le peuple n’a rien pardonné aux professionnels de la politique. Ils ont dû payer le prix de leurs accommodements avec l'honnêteté, réels ou supposés. Il leur a aussi fallu renoncer à certaines hypocrisies et autres privilèges et, comble de l'humiliation se résoudre à voter l'une après l'autre des lois de moralisation résonnant comme un interminable et lugubre mea culpa.


Dans la Rome antique le “candidat“ était celui qui se présentait aux suffrages vêtu d’une toge de lin blanc, symbole d’honnêteté. Dépossédés de cette présomption de probité candide nos politiques n’étaient plus rien.


Il suffisait d'une pichenette pour les éjecter. Un jeune homme aussi neuf que sans expérience s'en est chargé, il y est parvenu épaulé par une élite issue de la Haute Administration avide de prendre directement en mains la direction du pays. Ces hiérarques n’ont que l’apparence de la nouveauté. Ils étaient déjà en sous-main responsables des errements et des échecs que, sans être décliniste, il faut bien constater. Ce sont eux et non les politiques seuls qui ont fait passer la dépense publique de 35 % du PIB en 1960 à plus de 57 % aujourd’hui. Entre 1994 et 2014 la fonction publique territoriale a vu ses effectifs augmenter de 600.000 postes, sans que ceux de l’Etat diminuent, et la fonction publique hospitalière a cru de plus de 250.000 emplois. Et toujours on explique les déficiences du service public par le manque de moyens et de personnel.

Le simple changement de génération suffira-t-il à faire de mauvais gestionnaires de performants managers ? Il est permis d’en douter.




25 août 2015

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