Eloge (prudent) de l’inégalité
- André Touboul
- 10 févr. 2018
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Il est trois sortes d'égalités : celle des droits, celle des chances et l'égalité réelle.
L’égalité des droits est un principe absolument nécessaire, car rien ne justifie d’ajouter des inégalités à celles que produit la nature. Cette égalité ne va pas de soi. Les législateurs, élite sociale, ayant tendance à édicter des lois qui les favorisent, ou les protègent, il faut être très exigeant sur l’égalité devant la loi.
La recherche de l’égalité des chances est un devoir social, car celle-ci résulte directement de l’égalité des droits. Il appartient donc à la société de fournir des chances égales à tous, et en tout cas de s’y efforcer. Cette égalité est hors de portée, car les talents sont divers. Mais s’il s’agit des opportunités ouvertes par la société à chacun, cette ambition devient raisonnable quoique peu conforme à la nature humaine qui tend à confier les responsabilités à ceux qui en paraissent les plus dignes et les plus aptes.
L’égalité réelle est en revanche un satané fléau. Sauf à stéréotyper les individus, selon un modèle unique on ne peut jamais l’atteindre, et c’est heureux. La société égalitaire est un cauchemar, peuplée d’individus identiques, dépourvus de personnalité. De fait, cette société promise sera la fin de l’espèce humaine qui doit à sa diversité le moteur spécifique du sens de la vie. Pour l’homme la vie n’est pas la survie, c’est plus, cela consiste à rechercher ce que l’on est et qui l’on est. Si l’on est égal à tout autre, on n’est personne. Il n’y a rien à trouver, et la vie n’a plus de sens.
Sur le plan social, l’absence de diversité rend superflue la police, car les désirs, mobiles des crimes, comme des actions valeureuses, n’ont plus de raison d’être. A supposer qu’il subsiste des ennemis, seuls les gardiens seront différents dans la termitière. Les gouvernants ayant tous les mêmes idées en même temps, et simultanément les mêmes aussi que les gouvernés, toute direction devient inutile.
Le leitmotiv “lutter contre les inégalités“ est une escroquerie morale. Il s’agit de faire croire à ceux dont on sollicite les suffrages que l’on va améliorer leur sort puisque chacun a le sentiment de l’inégalité en considérant qui a plus que lui et non celui qui a moins.L’honnêteté serait de dire que lutter contre les inégalités consiste à amoindrir et non à améliorer.
Il en est nécessairement ainsi, car supprimer les différences ne garantit en rien le progrès. Bien au contraire, interdire aux plus entreprenants l’espoir d’avoir plus et de profiter plus les décourage de toute entreprise. L’égalitarisme est une école de la médiocrité et une garantie de la misère.
Selon l’Institut World Wealth and Income Database ainsi qu’Oxfam, les inégalités ont fortement augmenté dans le Monde, et l’on sait que jamais le sort de la population mondiale ne s’est aussi brusquement amélioré. En France, disent ces deux études, les inégalités se sont stabilisées depuis quinze ans, et nous n’avons pas besoin d’elles pour savoir que durant cette période on a constaté son déclin économique.