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La VIème République des grenouilles qui demandent un roi

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 11 févr. 2018
  • 3 min de lecture

Le personnel politique, désormais présumé incompétent, malhonnête et jouissant de privilèges aussi exorbitants qu’injustifiés est traité comme des employés tire-au-flanc contraints de pointer pour faire leurs heures. Pis on veut les punir comme des écoliers. Ils ont les retenues sur gages, à quand les heures de colle pour absentéisme ? Rien ne leur sera épargné.


De fait, leur humiliation est aussi la nôtre, car ce sont nos représentants. Nous les avons choisis. Pour les déconsidérer, nous fûmes persuadés que l’offre étant mauvaise, notre décision était viciée. On pouvait en dire autant de l’élection présidentielle où le choix fut pour beaucoup un pis-aller, et pour trop un refus de vote ; mais, sur ce point, silence.


La démocratie représentative est mourante, elle râle, elle agonise. Les suppôts de l’exécutif l’ont frappée à coups redoublés. Ils lui ont percé le côté en déconsidérant les élus, et, par l'autre flanc, ils l'ont affaiblie en agitant les pseudo-vertus de la démocratie directe, qui de fait signifie "pas de démocratie du tout". En effet, on ne tient jamais pour obligatoire l’avis des citoyens. Ils sont, il est vrai, censés (ces insensés électeurs) ne jamais répondre à la question qu’on leur pose, ils s’adressent à qui la leur pose. Les choix du vulgaire sont réputés sans intelligence. Et quand le verdict du scrutin ne convient pas à nos singes savants en manches de lustrine, les arguments ne manquent pas pour l’écarter. Trop étroit, trop large...


On veut nous faire croire que les élus, nos représentants, sont devenus aussi illégitimes que la noblesse d’Ancien régime. On réclame contre eux une nuit permanente du 4 août. On nous parle de la vieille politique, celle d’avant, d’ancien régime. Maintenant, pas de problème, c’est le chef qui décide de tout.


Pour l’heure Macron, le Président free style opère des changements de bon sens pour certains et marginaux pour d’autres. Mais il n’y a plus de garde-fou. Attention au vertige. Gare à la solitude des cimes. Les bureaucrates ont éliminé des politiques en leur faisant porter seuls la responsabilité de leurs échecs communs, ils leur ont substitué un seul homme qui est un homme seul.


Depuis des décennies, on entend certains appeler de leurs vœux une VIème République, pour plus de démocratie. De fait, la Vème n’a cessé d’évoluer à l’opposé vers une autocratie présidentielle.


L’élection au suffrage universel du Président et le quinquennat pour éliminer tout risque de cohabitation sont les deux réformes majeures qui ont transformé l’Assemblée Nationale en chambre d’enregistrement. Afin d’éviter que ne s’organise une résistance parlementaire autour de députés influents, le coup de grâce au Parlement est le non cumul des mandats et leur limitation dans le temps, présentés comme une moralisation (?) et une lutte contre la professionnalisation de la politique. C’est la politique pour les nuls, elle sera désormais réservée à des gens qui n’y entendent rien, ceux que l’on dit issus de la société civile, et sont donc obéissants. Ajoutons que la recentralisation des ressources des collectivités locales accusées, non sans raison, de prodigalité et désormais condamnées à la mendicité de par la suppression de la taxe d’habitation, complète l’arsenal de mise au pas des personnalités ancrées dans le terroir. L’équilibre des pouvoirs contenu dans la Constitution de 1958, n'existe plus, par touches successives nous sommes installés dans une VIème République.


Sournoisement, la confusion s’est installée entre la grandeur de la France et la stature de son Président. Notre Pays n’a pas subitement grandi depuis que Hollande-le-petit à cédé la place à Macron-le-grand. Il semble cependant que pour le regarder on ait inversé la lorgnette.


Le Président n’est pas un monarque républicain, c’est un monarque tout court. Son sort se confond avec celui du pays. Sa réussite ou son échec seront les nôtres, entend-t-on de toutes parts. Telle est la marque monarchique par excellence. Ainsi l’hiver du Roi fut celui du pays narre la légende du Roi Arthur, et le roman français raconte que l’éclat de Louis XIV fut celui de la France.


Pour l’heure Macron est un despote passablement éclairé, mais qui ne se souvient de la fable de La Fontaine Les grenouilles qui demandent un roi, la relise ...en voici le début :


Les Grenouilles, se lassant

De l'état Démocratique,

Par leurs clameurs firent tant

Que Jupin* les soumit au pouvoir Monarchique.

Il leur tomba du Ciel un Roi tout pacifique :

Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombant

Que la gent marécageuse,

Gent fort sotte et fort peureuse,

S'alla cacher sous les eaux,




  • Ce Jupin n’est ni Juppé, ni Jospin, mais Jupiter…

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