2020, l’année sans queue ni tête
- André Touboul
- 28 déc. 2020
- 2 min de lecture

Surréaliste, on l’a compris, 2020 ne finira pas le 31 décembre. le Gouvernement songe même à la pérenniser dans la loi d’urgence pour qu’elle soi éternelle.
Mais si cette année sera une pierre noire dans le jardin des alouettes sans têtes.
Les miroirs nous auront été tendus, et nous y avons vu tous les détours de nos fantasmes. Les complots supposés et les vérités officielles se sont entrechoqués dans un tournoyant combat où les sottises ont seules gagné la partie.
Une année sans tête voilà ce qui caractérisera le mieux 2020. La nef des fous, l’éloge de la folie, on hésite à choisir entre Brant et Erasme.
Machiavel, alors ? Plût au ciel que les incongruités dont nous fûmes abreuvés sans en être accablés aient été des habiletés manœuvrières de nos princes. Ils ont, hélas, plutôt montré leurs faiblesses de caractère. Au lieu de cheffer, nos chefs se sont défaussés.
Et avec le recul du temps nous verrons que ce fut là le pire de la pandémie. Nous avons découvert qu’il fallait élever des barrières entre nous et nos amis, et aussi jusque dans notre famille. Une illustration du fait que dans la panique, c’est chacun pour soi. Comment penser à aider les autres quand ils représentent avant tout un danger ?
S’isoler ? On pense nos frères humains en termes statistiques, le mal radical aura été de scruter le nombre de décès chaque jour. Nous en avons oublié les séquelles d’un mal qui nous laisse seuls face à nous-mêmes, qu’on l’ait contracté ou pas.
Le bout du tunnel ? Il n’y en aura point, à entendre les Cassandres qui nous gouvernent dont la jubilation pour annoncer les mauvaises nouvelles est indécente. Elles justifient leur pouvoir tyrannique, sachons nous en souvenir.
Consommer ? On nous enjoint de le faire pour le bien commun. Faire tourner la machine. Et en même temps, le spectre du dérèglement climatique est agité pour nous inciter à la frugalité.
Nous devons mettre nos libertés entre parenthèses et certains d’entre nous privés de leur raison de vivre par le fait du prince, font le deuil de l’égalité. Quant à la fraternité elle se heurte aux gestes barrières. La République est malade de la covid.
L’hôpital ? On nous dit qu’il a tenu. À quel prix ? À ce jour nous n’en savons rien. Les refus ou report de soins pour les uns ou les autres. Des mises à l’arrêt de secteurs entiers de l’économie. On fera les comptes plus tard.
Face à nous-mêmes, aventuriers d’une immensité vide, ou plutôt covid, les temps sont décomptés, l’horloge qui dit plus souvent non que oui, l’avenir promis est la mélancolie, celle dont Robert Burton fit l’éloge.
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