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Le manche du parapluie

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 7 mai 2020
  • 3 min de lecture

Plus on a d’experts, moins on a d’expertise. Avec les beaux jours resurgissent les mauvaises herbes. Le coronavirus fait pulluler les virologues. On ne pensait pas en avoir tant. Pour aussi peu de résultats.

On ne peut qu’envier ceux qui ont des idées claires sur ce que l’on aurait dû faire et sur ce qu’il faudrait faire.


Ceux qui rapprochant des chiffres de source diverses en tirent des conclusions forcent l’admiration, mais dans le fond on doute de leur sérieux.


Le nombre de morts peut être dû à au moins six causes :

- nombre total de personnes contaminées,

- nombre de cas dans la population à risque,

- traitement administré ou non en ville

- conditions d’admission dans les hôpitaux et du critères du renvoi à domicile

- type de prise en charge dans les hôpitaux : traitement ou simple assistance respiratoire.

- gestion du problème des personnes dépendantes.


Le confinement à la française ne joue que sur le nombre total de cas. Les comparaisons internationales sont dès lors très hasardeuses.


Une seule constante a pu être constatée dans tous les pays et ce quelles que soient les mesures prises : la contagion du virus est d’abord exponentielle, puis elle se ralentit. C’est d’ailleurs un caractère constant dans les épidémies virales. Il faut donc envisager que le virus s’affaiblit sur le plan de la contagiosité, de manière naturelle. Est-ce par le passage du temps ou lors de sa transmission d’un patient à l’autre ? Sans doute les deux, car il aura été exposé plus longtemps à des anticorps.


Il est bien entendu ridicule pour un néophyte d’avoir un avis sur une question scientifique, mais quand on constate la légèreté cacophonique des experts, on doute qu’il s’agisse d’une question scientifique. La science viendra plus tard.


Depuis le commencement des temps, dans les situations où les certitudes scientifiques, c’est-à-dire expérimentales, font défaut, les hommes ont eu recours à la philosophie.


Or la philosophie apprend à s’interroger sur les priorités. Si l’on en croit nos gouvernants, la priorité des priorités est d’éviter une seconde vague, voire une troisième car on en prédit à l’infini. En d’autres termes, ils proposent d’abord de couvrir leur responsabilité. Tel est leur objectif premier. Avec une belle mauvaise foi, ils sacrifient la santé économique du pays pour éviter l’éventuel reproche d’avoir été trop audacieux. Un navigateur breton bien connu l’a dit : on est gouverné par des pleutres. Ajoutons par des incapables, car à aucun moment, ils n’ont présenté, ni effectué, le bilan prévisionnel du déconfinement en sifflet.


Sans doute les Français auraient été effrayés, non par le rebond de la contagion, mais par le prix à payer. En effet, derrière le mot économie, il y a ceux de faillites et de chômage. Le Gouvernement remet à plus tard les questions bassement matérielles, et se conduit aujourd’hui comme si l’Etat demain pourrait tout. Même Lionel Jospin, étatiste fanatique du siècle dernier, savait que c’est une illusion. Nos dirigeants en sont conscients, mais ils expurgent ces perspectives de leur discours. Ils nous conduisent à toute vitesse vers les abîmes en regardant ailleurs.


Pour limiter la casse sociale (c’est le même mot que « économique », mais en plus chic), il faut un sursaut d’activité qui n’existera que si l’on déconfine franchement, en triant dans les mesures sanitaires celles qui ne ralentissent pas la reprise.


On ne peut qu’approuver le port de masques (difficiles à trouver), les tests (rares) et les mesures barrières raisonnables, car cela redonne confiance. Mais, les gesticulations, autour de la distanciation « sociale » au travail, et dans les transports augmenteront la facture sans la moindre certitude de pertinence.


La virtuosité dans l’ouverture du parapluie ne garantit que ceux qui en tiennent le manche.



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