Bas les masques !
- André Touboul
- 4 juil. 2020
- 3 min de lecture

Il faut mettre fin à la fiction de l’indépendance du Parquet. Seule une vérité assumée permettrait de redonner son honneur à la magistrature ; honneur compromis dans de multiples procédures de faits politiques ; honneur perdu dans sa participation à un coup de Jarnac viciant la campagne électorale de 2017.
Une loi non écrite, tant elle est évidente, interdit à la Justice de se manifester quand son action serrait de nature à vicier le débat politique.
Dans une campagne électorale, il y a des personnes en présence, mais aussi des programmes. Même si elle ne respecte pas les candidats, la Justice se doit de respecter le citoyen et ne pas le priver du choix entre les politiques en présence. La Justice se corrompt quand elle cède à la tentation d’intervenir dans le débat politique.
Sans une auto-saisine en urgence du PNF, il n’y aurait pas eu d’affaire Fillon. Le Canard enchaîné aurait fait son travail d’information, et l’électeur aurait tranché.
Mme Houlette a avoué la réalité des pressions de sa hiérarchie, il est maintenant établi que c’était l’exécutif Hollande qui poursuivait le candidat Fillon. Il est certain que s’il avait dû agir au grand jour, le « cabinet noir » du Président de l’époque n’aurait pas perpétré ce mauvais coup, car l’effet aurait été tout autre sur l’opinion qui a été abusée par la fiction d’une justice indépendante.
Il n’est pas question de dire qu’il existerait une quelconque immunité des candidats, mais avant d’intervenir en période, électorale, la Justice doit s’interroger sur sa capacité à apporter des réponses avant le scrutin. S’il y a flagrant délit, elle doit intervenir. Elle doit s’abstenir, s’il est évident qu’elle ne le pourra pas. En effet, l’influence de l’introduction de poursuites sur les votes est incontestable. On ne peut pas exciper qu’une information ou une mise en examen respecte la « présomption d’innocence », car ce principe n’a d’application que dans la procédure judiciaire, et n’en a pas devant le tribunal de l’opinion.
On n’a rendu aucun service au justiciable en remplaçant “l’inculpation” par “la mise en examen”; ce changement de vocabulaire travestit la vérité.
On peut enfin s’interroger sur la liberté des Juges du fond qui ont eu à se prononcer sur le dossier Fillon. La Justice avait les mains liées. Relaxer aurait été reconnaître une manipulation du scrutin, et la preuve que Macron avait volé son élection. Goethe a déclaré un jour qu’il préférait une injustice à un grand désordre, il visait le cas d’un homme accusé par la foule d’exactions, et, somme toute, estimait qu’il valait mieux laisser impuni un coupable que de condamner à tort. Ce précepte mal compris conduit inévitablement à punir des innocents pour la seule raison d’éviter un scandale.

Le coup de Jarnac.
Il s'agit d'une botte d'escrime que Guy Chabot de Jarnac porta au jarret de François de Vivonne lors du dernier duel judiciaire qui eut lieu en France.
Le duel eut lieu le 10 juillet 1547, dans un champ clos de bataille dans le pré au-devant du château de Saint-Germain-en-Laye. Aux deux bouts du champ, on construisit deux loges en bois où chacun des deux combattants se tint après avoir reçu une épée, un poignard et après avoir choisi chacun ses parrains et ses écuyers. Tous les préparatifs terminés, le Roi avec toute sa cour se plaça sur un amphithéâtre et fit signe à un héraut de proclamer le combat. Celui-ci annonça cette proclamation : « De par le Roi, laissez aller les vaillants combattants et, sous peine de la vie qu'il soit fait aucun signe de la main, du pied, de l’œil, de la voix ou en toussant, ni autre faveur de l'un et de l'autre »
Le Roi, Henri II fut si touché de la mort de Vivonne que sur l'heure même, il indiqua que jamais plus il ne permettrait de duels publics. Ce duel est le dernier exemple, en France, de duel judiciaire autorisé par la magistrature
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