Trente six chandelles
- André Touboul
- 4 juil. 2020
- 3 min de lecture

Les écolos français, ce n’est pas cinq étoiles comme en Italie, mais trente-six chandelles.
La convention citoyenne a accouché d’un panel de mesures dont le moins que l’on puisse dire est qu’il constitue un catalogue incohérent. Fallait-il en attendre plus ? Certes non.
Confier à des tirés au sort de proposer des actions pour régler les problèmes écologiques de la planète correspond à une conception kaléidoscopique de l’écologie, et plus largement de la politique.
Il est absurde de prétendre mener une politique écologiquement pertinente sans l’intégrer dans un plan d’ensemble. Ainsi les convertis à l’écologie menés par la main par deux guides très typés tels que le directeur de Terra Nova et Mme Laurence Tubiana écologiste de gauche, ont proposé des diktats écologiques. Ils se sont exprimés sans jamais aborder les questions de fond telles que celle de l’énergie atomique ou du chômage de masse, et forts de leur légitimité populaire (?) n’ont pas hésité à inviter le pouvoir à s’asseoir sur les libertés publiques.
Cette démarche désarticulée correspond à une conception très technocratique de la politique : une collection de mesures sans lien les unes avec les autres. La méthode rappelle les 300 propositions de la Commission Attali dont, faut-il le rappeler, Emmanuel Macron fut le rapporteur.
La manœuvre électorale n’est pas dénuée de pertinence. L'actuel Président estime avec raison que les écolos constituent un réservoir de voix qu’il peut siphonner sans risque. Bien sûr les verts ont été capables de se faire élire dans quelques villes à la faveur d’une abstention sans précédent. Les bobos se sentent, en effet, confortables dans le discours écolo qui traite la nature comme une abstraction dont ils ressentent la nostalgie, mais ne connaissent rien. Ils en sont croyants mais pas pratiquants, si l'on en juge par la difficulté de les convaincre à trier leurs déchets et à modérer le gaspillage d'emballages en plastic.
On ne doit pas reprocher aux écologistes leur incapacité à se fédérer, et leur propension à constituer un champ clôt d’affrontement d’égos. En effet, il y a autant de politiques écologiques que d’écologistes.
Décroissance, développement durable, animalistes, spécistes, Extinction Rebellion, défenseurs fanatiques du climat, anti-nucléaires... ce petit monde prétend parler au nom de tous mais constitue une mosaïque d’opinions aussi inconciliables que radicales. Dès lors, il existe, comme on l’a aussi constaté chez les Gilets jaunes trop déboussolés pour accepter une orientation unique, une allergie aux têtes de gondole.
On ne compte plus les leaders verts déboulonnés, dès qu’ils commençaient à prendre une certaine ampleur. Malgré ou à cause de sa victoire aux municipales Jadot est déjà critiqué dans son propre camp.
Bien entendu, Emmanuel Macron n’a jamais rêvé prendre le commandement d’une telle armée. En flatter les sympathisants est cependant un calcul peu risqué, car, pour tout dire, la probabilité, qu’un candidat écologiste constitue pour lui une menace aux présidentielles, est quasi nulle.
Le verdissement de Macron a néanmoins sa limite. Dans les circonstances présentes, les Français attendent surtout de lui qu’il conjure le naufrage économique qu’on leur promet à la rentrée et dont ils ressentent déjà les premiers signes, malgré les antidouleurs prodigués par le Gouvernement pendant l’état d’urgence.
On doit d’abord et surtout s’interroger sur l’essentiel. C’est à dire les raisons pour lesquelles le pays a été aussi durement touché par une pause économique, de quelques semaines.
On sait que ce qui constitue la solidité d’une entreprise est sa capacité à encaisser les ruptures de conjonctures. La maîtrise des charges fixes est la clé de la survie en périodes de vaches maigres. Or, la France est accablée par les charges fixes. La masse des dépenses de fonctionnement incompressibles sont les brodequins de béton qui l’empêchent de nager.
L’obésité de l’Etat est le problème qu’il faut résoudre de toute urgence.
Mais l’Etat résiste. François Fillon, dont le programme prévoyait la suppression de 500.000 fonctionnaires, a connu un sort funeste. Nul ne contestait la réalité du problème. Le désaccord portait seulement sur le dosage. Alain Juppé promettait une économie de 250.000 postes, et Macron 120.000. Sur ce plan il n’y a eu aucun progrès. La question n’a pas été traitée, et n’a pas pour autant disparu. La crise du coronavirus l’a rendue plus aigüe.
Le problème de la discordance entre une France pauvre et précaire et une France de privilégiés garantis à vie, n’est toujours pas réglé, ni en voie de l’être. Il est, en effet, tabou de parler de réduire le nombre d’agents publics... et prononcer les mots de « suppression du statut de la fonction publique », serait un suicide politique. Alors, parlons du climat, occupons-nous à conjurer la fin du monde pour ne pas aborder la vraie question, celle de nos frais fixes.
Hélas, cette posture n’est plus tenable, il s’agit désormais de la survie du pays. Dans les années 80 les socialistes répétaient que la France étant riche, elle pouvait tout supporter, même une gestion calamiteuse, et une redistribution à tout va. Aujourd’hui, on sait qu’elle est pauvre et que faute d’un traitement de choc, elle fera faillite.
*
Comentarios