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Zemmour Eric et (contre) Enthoven Raphaël

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 4 juil. 2020
  • 3 min de lecture


Un moment de télévision non conventionnel sur Cnews. Zemmour contre Enthoven. L’un donne dans le concept abstrait avec maestria, l’autre articule des événements pour leur donner des formes inédites, rapides et séduisantes, ni l’un ni l’autre ne sont dans le réel.


Le philosophe n’évoque rien de concret, sa construction parait virtuelle. Le polémiste invoque l’histoire dont il tire des lignes de fuite.


Notre quotidien est autre. Il est fait D’un mélange de désir de proximité humaine et de réactions à l’agression idéologique urticante des activistes qui prétendent nous donner chaque matin des leçons de morale et qui auraient plus de risque à s’y essayer ailleurs.


Maître de la fausse perspective, et du raccourci hâtif, Zemmour se laisse emporter par sa verve. Il aperçoit dans le rétroviseur des ressemblances et des apparences de convergence, il en fait un système. Ramenant l’histoire contemporaine à une ou deux idées simplistes, il nie que ce suicide collectif européen que fut la seconde guerre mondiale été aussi, et surtout, la conséquence d’un choc de deux idéologies sanguinaires. Stalinisme marxiste d’un côté et nazisme de l’autre étaient à l’œuvre, bien plus que l’affrontement des identités antagonistes des peuples français, allemand et anglais que retient exclusivement le polémiste en omettant dans la foulée la Russie.


Enthoven marque un point en invoquant l’universalisme de la culture française. « L’universel tue l’identité ! » s’écrie Zemmour qui ne voit dans ce terme que le « no border » qui lui donne des boutons. Il oublie que l’universel est consubstantiel de la France. Il n’en est pas la négation, mais la sublimation. L’universel est un registre de morale et pas une politique. Il est indispensable à l’affirmation de l’espèce humaine, et à sa survie.


Sur l’identité, nos débatteurs pataugent. Enthoven chante l’universel humain, le plaçant là où il n’est qu’en partie. Zemmour revendique le terroir profond qui n’en est qu’une version. On est tenté de leur rappeler que le terme même d’identité est double. Il signifie ce qui est pareil et ce qui distingue : l’identique et le distinctif sont réunis sur ma carte d’identité.


L’histoire, selon Zemmour, est une Bible. On ne doit pas y déroger, rien ne doit varier. Il ne voit pas que demain n’a jamais été pareil à hier, et que le passé n’est pas forcément et sur tous les points l’exemple à suivre.


Enthoven ne comprend pas que les heures de gloire qui ont fait la France ne sont pas toujours séparables de ses zones d’ombre. Il ne voit pas, en tout cas il ne dit pas que le racisme est réversible. Qu’il y a plus de racisme dans le reste de la planète que dans ce foutu monde occidental, plus de racisme, plus de sexisme. Oui ce monde là qui est le notre est malade, mais au moins lui, il se soigne. Il oublie de reconnaître que l'antiracisme est devenu sectaire et présente aujourd'hui la face d'une autre version du racisme.


Zemmour, là marque un point, mais il devient gênant quand revendiquant sa judéité comme un argument de sa loyauté absolue vis à vis d’une certaine France "de souche"; il se comporte comme un éclaireur indien de la cavalerie américaine. Zemmour n’est pas raciste, c’est évident, mais dans sa défense de ces blancs qu’on montre du doigt et que l'on dit petits, il en fait un peu trop. Il suffit de dire et répéter que nul n’a ni devrait avoir à rougir de ce qu’il est, grand, petit, rouge, jaune, noir, blond ou roux. Il n’y a sur ce sujet place pour aucune discussion, aucune argumentation.


Nous ne sommes plus à l'époque de la Controverse de Valladolid de 1550, où l'on discutait du point de savoir si les indiens d'Amérique avaient ou non une âme. Un bénéfice que leur obtient Las Casas mais dont les Africains noirs ne jouirent pas et qui conduisit à la traite massive des esclaves vers les Amériques. L'enfer des uns peut être pavé des bonnes intentions pour les autres. L'Histoire est complexe. Cet exemple, que, bien entendu, les deux protagonistes n'ont pas évoqué, montre que rien dans le passé n'est jamais absolument bon pour tout le monde.


Boule contre boule, citation contre citation, érudition contre érudition, Zemmour et Enthoven, ces deux rabbins talmudistes donnaient le sentiment de pouvoir discuter à perte de vue sur des notes de bas de page de la Torah, sans que ni l’un ni l’autre ne varie d’un poil, et surtout sans que l’on en acquière quelque idée claire que ce soit.




 
 
 

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