Castex, le bras armé de Macron contre les invisibles
- André Touboul
- 16 juil. 2020
- 3 min de lecture

On apprend que Monsieur Marc Guillaume, énarque, promotion Victor Hugo, secrétaire général du gouvernement, surnommé le « premier ministre bis », qui réécrivait les projets de textes « de A à Z », est débarqué par Jean Castex, pourtant énarque de la même promotion.
Un coup de force, souligne la presse. Le plus stupéfiant pour ceux qui n'avaient pas conscience de la soumission de l'Etat à une caste de hauts fonctionnaires, est que ce grand commis était en place depuis 2015. Ainsi, nous n’avions pas changé directeur de l'exécutif, donc de gouvernement réel, malgré l’élection présidentielle de 2017.
La situation n’est pas nouvelle car, quand il est nommé secrétaire général du gouvernement, Marc Guillaume remplace Serge Lasvignes, en poste depuis 2006 (!). Ainsi sous Chirac, Sarkozy et Hollande, l’exécutif avait le même tuteur administratif. En mars 2015, ce dernier est nommé président du Centre Georges-Pompidou. La nomination de cet autre énarque avait suscité des critiques du fait de son manque d'expérience dans le monde culturel. Bien entendu, il est reconduit à ce poste en avril 2020, car chez ces gens là, on s’incruste.
"Contexte", un Webmédia Franco-belge, indique que si Marc Guillaume est « inconnu du grand public, il n'en est pas moins l’un des personnages les plus puissants de l’État ».
Les observateurs lui attribuent, au-delà du contrôle de la forme juridique, une influence sur le fond « politique » des projets de loi. Il était partisan des mesures affaiblissant le pouvoir législatif. Comme beaucoup de hauts fonctionnaires, Marc Guillaume juge que le texte qui sort du Conseil des ministres, de fait rédigé par lui, pour être examiné au Parlement est déjà parfait. Et que les parlementaires n’ont pas à le modifier, ni, a fortiori, mettre leur nez dans les décrets d’application. Un vrai démocrate !
Non élu, tenant sa légitimité de la piètre estime dans laquelle il tient les parlementaires et les ministres, il s'est cru tout permis, et s'institue même juge des bonnes pratiques imposées par la loi aux membres du Gouvernement.
En décembre 2019, Le Monde met en cause son « indulgence » envers Jean-Paul Delevoye, au lendemain de sa démission de ses fonctions de Haut-Commissaire aux retraites : le quotidien assure disposer d'informations selon lesquelles le Secrétaire général du gouvernement « était au courant du cumul de rémunérations opéré par le haut-commissaire lorsqu’il était chargé de la réforme des retraites », et qui n'était pas mentionné dans la déclaration de l'intéressé auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.
Jean-Paul Delevoye affirme que Matignon était pleinement informé de sa situation, et que les services du Premier ministre connaissaient le cumul des fonctions publiques et privées qu'il exerçait depuis sa nomination comme haut-commissaire chargé de la réforme des retraites en 20177. Matignon assure de son côté que Marc Guillaume a respecté les procédures, ce que Mediapart met en doute ; le journal estime toutefois que « si Marc Guillaume a été complaisant, il n’a pas été le seul », mettant en cause Édouard Philippe. Un remake des "copains et des coquins" du bon vieux temps du RPR.
Marc Guillaume est membre du Siècle. Ne soyons pas inquiets pour lui, il trouvera une sinécure à sa mesure.
Oui, en lui donnant ses huit jours, Jean Castex a opéré un véritable coup d’Etat, celui qui redonne au politique sa prééminence sur l’Etat profond des technocrates irresponsables.
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