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Hamilton, au chevet de l’Europe ?

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 26 juil. 2020
  • 2 min de lecture

On parle beaucoup de moment hamiltonien pour l’Europe. De quoi s’agit-il ?


De fait, une façon un peu snob de désigner le fédéralisme.


Alexander Hamilton, qui fut Secrétaire au Trésor US fin 18ème était un partisan du fédéralisme, convaincu que les divers Etats composant l’Union américaine ne pouvaient développer que des conduites égoïstes. En ce sens, le comportement récent de certains gouvernements européens tendraient à lui donner raison.


Mais la réalité est toute autre. Un pas sans précédent a été franchi par les 27, facilité par l’absence du Royaume uni, pour resserrer leurs liens d’intérêts en empruntant en commun pour soutenir les Etats les plus atteints par la catastrophe de la COVID-19. Cela ne signifie aucunement que l’on ait choisi d’aller vers une structure fédéraliste et encore moins une organisation du type de celle prônée par Hamilton.


En effet, c’est au nom de l’intérêt bien compris des Etats de l’Union qui ont eut conscience de leur interdépendance économique et non en vertu d’un projet fédéraliste, que fut trouvé un accord.


Bien entendu, le fait de se lier encore plus financièrement et pour longtemps par un emprunt commun pourrait paraître une option dans le sens fédéral. Mais, cela ne constitue pas une nation européenne. Tout juste un consortium financier. Or, le fédéralisme est avant tout fondé sur une constitution. Ce texte fondateur des valeurs communes, que les Présidents américains jurent de protéger et défendre, manque en Europe. On ne dispose que de traités, qui, ainsi que l’a montré le Brexit, peuvent être dénoncés.


Dans la consistance de l’accord de juillet 2020 on ne pourra pas plus trouver de référence hamiltonnienne. Alexander Hamilton était disciple de Hobbes et de Montesquieu. Pour lui, l’État est garant de l’intérêt général et la créativité humaine est la base de toute économie. Il n'obéit pas toujours sans contraintes aux principes de la raison et de la justice. Selon lui, un gouvernement doit être énergique, aux mains des plus doués et des plus raisonnables.


Or, si l’on a prévu un contrôle de l’emploi des subventions et des prêts par les Etats, il ne s’agit pas d’un droit de veto, mais d’un droit de regard collectif plus démocratique que technocratique.


Il ne faut pas, enfin, exagérer la portée politique de l’accord dont la mise en oeuvre sera essentiellement axée sur la force de l’euro. En répandant des instruments financiers semblables aux US Bonds du Trésor américain, l’Europe étendra son influence sur le monde au détriment du dollar. On oublie trop souvent que les prêteurs dépendent autant, sinon plus, des emprunteurs que l’inverse.


Les marchés ne s’y sont pas trompés, l’euro s’apprécie par rapport au dollar et aux autres monnaies principales. Il y a donc encore de la marge pour d’autres emprunts européens, ou plus simplement de la planche à billets par la BCI.



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