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Bioéthique. Ce n’était pas mieux avant, mais ce sera pire demain

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 6 août 2020
  • 3 min de lecture


Les mutations les plus importantes souvent se glissent dans les temps morts de la politique, et parfois ce sont de mauvaises actions.


En faisant voter une loi sur la bioéthique en plein été et dans les incertitudes du déconfinement qui justifiaient le report de toutes autres réformes, Emmanuel Macron a donné le sentiment que, pour lui, les questions de morale génétique relevaient des affaires courantes sans importance. Jean Castex, sans doute par prudence, car l'homme est d'un naturel circonspect, n'a pas jugé utile d'aborder le sujet dans sa déclaration de politique générale.



Les questions bioéthiques sont pourtant essentielles. Elles fondent une culture sociale, et, bien plus, elles situent la place de l’être humain dans chaque nation, son prix, ses droits et la protection qui lui est due.


Il fut un temps heureusement dépassé où les vies humaines n’avaient d’importance que comme chair à canon. Nous nous gargarisons des droits de l'homme, mais nous allons vers une ère où l’humain sera un produit technologique comme un autre. On peut dire que ce n’était pas mieux avant, mais que ce sera pire demain.


L’opinion, qui s’émeut des mutations climatiques et se scandalise de l'emploi des pesticides, semble indifférente à ce qui est un bouleversement de la nature même de l’espèce. Les manipulations génétiques sont pourtant plus et plus vite aptes à venir à bout de l’espèce humaine que quelques degrés Celsius de plus, ou même quelques pincées de Glyphosate.


Le citoyen n’est pas forcément désarmé face aux apprentis sorciers. S’il en avait le désir, il pourrait espérer faire échec à un texte contraire tout à la fois à l’ordre naturel et juridique.


Le principe constitutionnel de précaution devrait, en effet, être appliqué à l’espèce humaine.


On hésite à modifier la génétique des tomates, mais pas de réticence à bidouiller la procréation humaine. Avec les meilleures intentions du monde, en apparence, mais derrière ces « enfants pour tous » se dissimule mal une marchandisation du corps humain, et pour tout dire un marché médical très actif et prometteur.


On nous explique que les géniteurs à l’ancienne peuvent être, et certains disent "sont" de mauvais parents, et que l’amour est essentiel. Argument indigent, car l’amour n’est jamais garanti par les meilleures intentions du monde, et c'est faire insulte à l'immense majorité des parents que de mettre en doute l'amour qu'ils portent à leur progéniture.


Mieux vaut l’enfant désiré que l’enfant subi, ajoutera-t-on. Certes, mais qui dit que les couples hétérosexuels ne désirent pas leurs enfants ?


Le pire des moyens pour justifier les pratiques non curatives d'aide à la procréation est d'invoquer le fait que d'autres pays s'y livrent. Il existe aussi des pays où la peine de mort est encore en vigueur, ce n'est pas une raison pour les imiter. Si des Français se rendent à l'étranger pour commettre des actes répréhensibles, leurs initiatives ne suffisent pas à les rendre souhaitables.


La seule et vraie question que pose la PMA pour toutes, et pourquoi pas tous, est celle de déterminer s’il est indifférent à l’enfant qui en est le fruit de savoir d’où il vient. De savoir s’il est un humain ou un produit de laboratoire.


Il est impossible d’interroger l’intéressé. Dans le doute, on doit s’abstenir de modifier la nature, et ne pas se permettre de priver d’un droit substantiel l’enfant à naître, qui, étant le plus faible dans cette affaire, a droit à la meilleure protection sociale. Ainsi tant en vertu du principe de précaution, que de celui du devoir d'assistance à personne en danger, il ne serait pas absurde que soient formés des recours contre un texte scélérat, pour inconstitutionnalité.



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