Cause animale : le R.I.P., Referendum d'Initiative Partagée, ou Rest In Peace ?
- André Touboul
- 25 août 2020
- 3 min de lecture

Caligula avait son cheval "Incitatus" en haute estime. Suétone dans la Vie des douze Césars, raconte qu'Incitatus logeait dans une écurie de marbre avec une mangeoire en ivoire, une couverture pourpre et un collier incrusté de pierres précieuses. l'historien écrit également que Caligula envisageait de nommer son cheval sénateur. On s'accorde à penser, aujourd'hui, que ce n'était pas là une preuve de la folie de l'empereur, mais un artifice politique pour abaisser le Sénat, mais longtemps on a professé que c'était une marque de la décadence de Rome, la condition animale ayant préséance sur le statut des esclaves.
On a fait, depuis ce temps, de notables progrès dans le traitement des animaux, mais surtout des humains si l'on se souvient des deux siècles précédents où l’industrialisation, les guerres et génocides ne faisaient pas de sentiment. De nos jours, depuis la loi de 2015, les animaux ne sont plus des meubles, le Parlement les a reconnus « êtres vivants doués de sensibilité ».
Notre pays est le premier en Europe pour le nombre d'animaux de compagnie, mais aussi pour les abandons les plus sordides. N'en déplaise aux militants vegans, la France reste la patrie du steak frites. Notre société ne supporte plus la mort et encore moins la souffrance humaine et par anthropomorphisme elle fait de même pour la condition animale. Cachez ces abattoirs que je ne saurais voir ! Une tartuferie, car l’on continue de manger de la charcuterie, du poulet, et des nuggets, sans penser qu’il faut bien tuer des animaux pour cela. Et beaucoup, puisque c’est une consommation de masse.
Et voici que l’on brandit un referendum d’initiative partagée (R.I.P.), c’est à dire une forme particulière du processus législatif français, associant le corps électoral à une proposition de loi, via un recueil de soutiens. Des seuils d’un cinquième des membres du Parlement dans un premier temps, puis d’un dixième des électeurs sont nécessaires, afin d’initier un examen parlementaire, ou à défaut un referendum. Le déclenchement de la procédure appartient aux seuls parlementaires, l’appui des électeurs intervient dans un second temps. De ce fait, le mécanisme ne peut être qualifié de referendum d'initiative populaire, bien que l’expression « initiative populaire » ait été largement employée pour le désigner.
Que propose le texte ?
« 1 : Interdiction des élevages en cage. 2 : Interdiction des élevages à fourrure. 3 : En finir avec l’élevage intensif. 4 : Interdiction de la chasse à courre, du déterrage et des chasses dites traditionnelles. 5 : Interdiction des spectacles avec animaux sauvages. 6 : Fin de l’expérimentation animale (lorsqu’il existe une méthode de recherche alternative). »
En principe un referendum propose une réponse par oui ou non. Les mesures qui sont réunies par le R.I.P. sont très diverses, d’une pertinence très inégale et d’impacts très variés.
En outre, les principes annoncés auront une application très différente selon les détails de leur mise en application.
Mon chien, qui est d’excellent conseil pour tout ce qui concerne la cause animale, m’a fait observer qu’il est singulier que le Parlement ait besoin d’en passer par le referendum. La manière normale de procéder aurait été d’inscrire ces questions à l’ordre du jour et de traiter chacune en détail, après un débat et un examen approfondi. Son sentiment est qu’il y a beaucoup trop de flou dans cette façon de faire qu’est le R.I.P... et quand il y a du flou, c’est qu’il y a un loup.
A son avis, c’est encore une affaire de bobos qui roulent en ville en 4/4 sur le bitume parisien, et croient que Findus est un sorte de poisson carré ; il prétend que les Parlementaires qui font semblant de se mobiliser veulent enterrer une question qui suppose un changement profond dans la société, et dépasse l’affection que l’on a pour la chien-chien à sa mémère.
Pour lui, qui entend parfaitement l'anglais de par ses origines, le R.I.P. qui doit réunir plus de 4,7 millions d’approbations d’électeurs pour aboutir à un vrai referendum, ce n’est pas gagné, et devrait plutôt se comprendre comme Rest In Peace.
Bien entendu, la maltraitance est condamnable. Mais elle l’est déjà, que ce soit envers les humains ou les animaux, objecte-t-il.
Ce ne sera pas une loi qui sauvera les chevaux de mutilations infligées par des saligauds, mais sans doute de nombreuses espèces animales disparaîtront si elles n'ont plus leur place dans la nourriture ou les loisirs des humains. Mon chien reconnaît qu'il ne se fait pas que des amis en donnant de tels avis, mais il est philosophe, et cela ne trouble pas sa digestion.
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