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Le mettre ou ne pas le mettre ?

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 5 sept. 2020
  • 3 min de lecture




Le masque est vanté comme le sauveur qui nous préservera des méfaits du traître coronavirus. Il constitue une contrainte, mais sans rapport avec le risque mortel que fait courir la Covid, que l'on devrait plutôt nommer Covide, car cela aiderait grandement à lui attribuer le féminin que l'Académie Française lui a conféré, et que beaucoup peinent à respecter.


Là où le bât blesse, c'est que dans la situation présente, où le nombre de cas augmente fortement les hôpitaux tardent à se remplir. Ils se vident aussi vite qu'ils admettent de nouveaux contaminés. De plus on constate peu de morts, très peu, au regard du nombre de déclarés positifs. On en est réduit à penser que l'on hospitalise des bien-portants. Ou alors que l'on sait enfin soigner les malades.


Comme Brice de Nice, on attend la deuxième vague. Celle-ci permettra à nos médecins surfeurs, que Molière aurait adorés, de reprendre la main. Que de Purgon et de Diafoirus, n'a-t-on vu ces temps derniers se pousser du col et, du haut de leur ignorance, se crêper le chignon avec une indécence qui fait bon marché de l'inquiétude du vulgum pecus que nous sommes.


Pour l’heure, le coronavirus nouveau, qui, à la différence du Beaujolais, n’a pas le goût de banane, a surtout fait des dégâts dans les esprits. Il y a eu, pendant la première vague épidémique, beaucoup de morts, surtout des vieux, et l’on trouve cela étrange. Il y a, ces jours-ci, moins de morts, mais patience, les hôpitaux vont à nouveau faire le plein et les morgues aussi, prédisent les Cassandre, qui ne risquent rien à annoncer le pire.


Quoi qu'il en soit, la menace mortelle n'apparaît pas aux yeux de tous, une large faux à la main. Et la population peut se demander si l'on ne la lui fait pas "à l'envers" : quand on avait pas de masque , celui-ci était inutile et même nuisible ; on en a désormais tant que l'on veut, il devient indispensable. Ne cherche-t-on pas à écouler les stocks ?


Il s'ajoute à ce trouble un problème sémantique. Le masque est fort mal nommé. L'objet n'a pas, en l'espèce, pour fonction ou pour effet de masquer, c'est à dire de protéger l'anonymat ; biunivoque, il sert à protéger qui le met et qui est en contact avec lui. En fait, c'est le nom de "préservatif" qu'il faudrait lui donner. Sortez-couverts ! Est une injonction qui serait mieux comprise.


Au lieu de mettre l'accent sur la vertu prudentielle de l'ustensile, le terme "masque" est contaminé par sa connotation hypocrite. C'est le bandit masqué du holdup que l'on voit et non Zorro, le sauveur, chanté par Henri Salvador.


Zorro jouait les niais pour mieux, sous le masque, défendre les opprimés. Avançant masqués, on voit beaucoup de dirigeants qui se présentent masqués comme s'il s'agissait d'un acte d'héroïsme, d'autant plus beau qu'il ne sert à rien.


Le masque, que portent les gouvernants devant les caméras, n’a pas pour effet de protéger leur anonymat, tel qu’il est, il permet de les reconnaître. La seule chose qui est masquée est leur parole. Dans le concert subtil de la mimique et du regard qui permet de déchiffrer le langage corporel, il en manque la moitié. C’est pour eux une aubaine, car, le plus souvent, ils ne souhaitent pas être compris, c'est à dire démasqués. A cet effet, ils avaient inventé la langue de bois, fille naturelle du chèque du même métal. L'art de parler pour ne rien dire s'accommode très bien du masque grand public.


On nous dit que ces excellences qui d'habitude crachent dans les micros portent le masque pour l’exemple. On devrait, dès lors, aussi les montrer se lavant les mains, au savon de Marseille, (ah, non pas celui-là !).


On trouvera plus vite un vaccin contre la bêtise, que contre le coronavirus. Mais quand on constate que Bolsonaro et Boris Johnson s’en sont bien sortis, et que Trump qui refusait de porter un masque ne l’a pas eu, on voit bien que le populisme immunise.


"Le mettre, ou ne pas le mettre", à cette question Hamlet, lui-même ne pourrait répondre aujourd'hui.


Sans le faire exprès, les Chinois ont exporté un virus qui a démontré la faiblesse des sociétés démocratiques. Mais cette pagaille a désorganisé l'économie occidentale principal moteur de la croissance mondiale. Il n’est pas certain que Monsieur Xi, le petit Timonier, s’en réjouira longtemps, car la Chine était la grande bénéficiaire de la mondialisation.

 
 
 

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