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Macron fait une révolution de palais

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 5 sept. 2020
  • 3 min de lecture


Comment ne pas être frappé par le contraste de l''affection populaire libanaise témoignée à Emmanuel Macron avec la haine des Gilets jaunes, seconde période, celle des actes de destruction, où vociféraient ceux qui voulaient pendre le Président ! Et quel écart avec la manière désinvolte et méprisante dont le petit monde médiatique parisien en use avec lui, oubliant qu'il est l'incarnation de la nation française, et qu'ils ne sont que de petites personnes non élues qui bénéficient du privilège de parler dans le poste.


Quand on entre en politique, il faut savoir que l'on sera calomnié, menacé, insulté, et il est vraisemblable qu'Emmanuel Macron le savait en sautant le pas. Seuls les niais croient qu'ils vont se faire aimer en gouvernant. Il fallait la candeur naïve d'un François Hollande pour déclarer avec nostalgie : "J'étais à deux doigts d'être aimé".


Pour supporter la haine, il faut se croire investi d'une mission. La mission n'est pas toujours le programme que l'on annonce, car nul n'est convaincu de son projet au point d'ignorer qu'il est imprudent d'annoncer trop clairement ses objectifs. Cela permet, en effet, aux adversaires de monter à l'assaut.


Dans l'élection, le plus important n'est pas dans les promesses faites, qui n'engagent que ceux qui les entendent, il est dans le non-dit. Dans ce registre impalpable de l'intuition, les citoyens ne se trompent que rarement. Ceci ne signifie pas que l'électeur ne fait jamais de mauvais choix, loin de là ; l'Histoire montre à quel point la démocratie peut conduire à des aberrations. Mais, la sensibilité collective quant aux potentialités d'un élu n'est que rarement prise en défaut. Les foules ont quelque chose d'animal, un entendement qui passe au delà des mots. Et le corps électoral est une foule psychique, dont l'existence comme a été théorisée par Gustave Le Bon et Sigmund Freud.


Les dirigeants providentiels sont rares, mais tous sont ceux du moment. Si l'on ne s'arrête pas au superficiel, les élus choisis par le peuple correspondent à ses aspirations, à ses craintes, à ses intérêts avoués ou secrets. L'analyse sociologique montre toujours une adéquation entre ce qu'est le corps électoral et son représentant. Soit que dès l'origine le choix ait été fidèle, soit parce que l'élu a fini par incarner ce que l'on attendait de lui.


La France qui a élu Macron voulait, tout en la craignant, une entrée dans le monde moderne, sans cesse repoussée. Les forces rétrogrades qui profitent du système ont tout fait pour s'y opposer. Leur choix était Alain Juppé que Fillon à mis hors jeu d'abord à la primaire, ensuite en refusant de se retirer. Macron était, dès lors, un pis aller, mais quelqu'un de la Maison tout de même.


La divine surprise fut de voir surgir Edouard Philippe, juppéiste absolu. Ils pouvaient compter sur lui pour veiller à leur intérêts. Du programme Macron, il a mis en oeuvre tout le volet centralisateur. Main mise, notamment sur les fonds de la formation, 35 milliards désormais gérés par la Caisse des dépôts. Mais pour le reste, il s'est employé à casser les reins du projet macroniste : sabotage de la transition énergétique par la mesure des 80 km/h qui mit la France dans la rue, torpillage de la réforme des retraites en introduisant un âge pivot, maintien du premier tour des municipales, gestion menteuse de la crise sanitaire... sur tous ces point Macron n'a pu que marquer un discret désaccord, il a dû laisser faire. Il était sorti affaibli de l'affaire Benalla ; il s'était alors écrié, "s'il me cherchent, je les attends !". Rodomontade, car , il a compris le message de ceux qui lui disaient : "Qui t'a fait roi?".


Il fallait le coup de torchon de la covid pour que le Président reprenne la main, renverse la table et ose renvoyer Edouard Philippe. C'est une véritable révolution de Palais que Macron a opérée contre l'élite de la fonction publique.


Castex a été chargé de faire la besogne. Ces affaires se font dans le clair obscur des coursives des ministères. On en a cependant pu en déceler quelques traces. Il a congédié Marc Guillaume, le secrétaire général du Gouvernement, en place depuis Hollande et qui était qualifié de premier ministre-bis, il a procédé à un mouvement sans précédent dans la préfectorale. Pendant ce temps, Emmanuel Macron paraît recharger ses batteries à la source de l'amitié du peuple libanais. Il aura besoin d'énergie, car l'élite d'Etat n'est pas prête à déposer les armes, et elle maîtrise encore largement le monde des médias.

 
 
 

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