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Na !



En verlan, « N’importe quoi » se prononce « Portnawac ».  C’est un peu ce qu’est devenu le « en même-temps » d’Emmanuel Macron.


En répliquant à une défaite cuisante, mais annoncée, aux élections européennes, le Président a dissous dans l’heure l’Assemblée Nationale.


Il aurait voulu punir les Français d’avoir mal voté, qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Cette réaction infantile fait penser aux enfants gâtés qui cassent leurs jouets  dont ils ne parviennent pas à se servir. Na ! Est ce que l’on a entendu hier soir.


Impréparation, amateurisme sont les deux mamelles de l’échec en politique, comme dans bien des domaines.


Déclencher une crise politique majeure à quelques semaines des Jeux Olympiques, est d’une irresponsabilité sans précédent. Sur une déception à un référendum, Charles de Gaulle a démissionné en 1969. Mais il l’avait annoncé, pour lui l’adhésion franche et massive du peuple français était une condition de sa légitimité au pouvoir. Pour Emmanuel Macron, la dissolution est un mouvement d’humeur infantile.


N’avait-il pas lui-même indiqué quarante huit heures avant le scrutin que l’élection du 9 juin ne présentait pour lui aucun enjeu personnel. Son revirement est plus que singulier, il est aberrant. Malheur à la ville dont le Prince est un enfant, énonce l’Ecclésiaste.


Montherlant en fit une pièce de théâtre, et, avec Emmanuel Macron, l’on revient toujours à la scène. Ce qu’il a voulu est un coup de théâtre. Peu en importent les résultats, il occupe le proscenium, l’avant-scène. Dans la ligne de ses prises de positions sur tous les thèmes, il utilise le contre-pied. Ses prises postures agressives (en paroles seulement, car il sait, et dit, que ses actions devront se placer dans le cadre d’une coalition) dans la guerre en Ukraine, rappellent celles d’Octobre 2023 où il appelait à une coalition contre le Hamas.


Croit-il vraiment que les Français vont revenir dans le « droit chemin » du vote de l’extrême centre, tout penauds d’avoir un instant désobéi à ses injonctions de faire obstacle au Rassemblement National ?


De fait, le Président Macron n’a cessé de « donner le point » au parti lepéniste. Sur l’immigration, sur le séparatisme, sur l’antisémitisme islamique, il a reconnu la pertinence des thèmes développés par l’extrême droite. Sur l’immigration, il a fait voter une loi, réclamée par le RN, dont il espérait qu’elle fut détricotée par le Conseil Constitutionnel. Pour le séparatisme, que l’extrême droite dénonce, il a promu Gabriel Attal, qui venait de prohiber l’Abaia  à l’école. Quant à l’antisémitisme, il s’est abstenu de manifestation, sur l’avis un influenceur de banlieue, alors que les Lepénistes y étaient.


Ce sont ces défaites idéologiques, tout autant que les échecs de ses sept ans de politique hasardeuse, qui ont assuré la victoire de Bardella.


Pour son mouvement « En marche » cette dernière étape des législatives ressemble à un terminus.


Il faudra que les macronistes affrontent : les 1000 milliards de dette publique supplémentaires des mandats Macron, la débâcle du système de santé, le naufrage de l’Education nationale, l’insécurité obsédante, l’incapacité à exécuter les OQTF prononcés par une Justice qui est pourtant favorable aux migrants, réguliers ou non.


Ils devront assumer ces griefs fondés et aussi ceux qui le sont moins, comme la réforme nécessaire des retraites et l’inflation inévitable. Enfin, ils auront à encaisser le contrecoup des « avancées sociétales » du Président Macron, dont la dernière sur l’euthanasie interpelle chaque Français au-delà de toutes positions partisanes .


La mécanique électorale est aussi implacable qu’imprévisible. En ce sens, que s’il est évident qu’elle confirmera le désaveu d’Emmanuel Macron, elle est loin d’être claire quand au sort des autres partis.


Certes, le Rassemblement National ne pourra que surfer sur la dynamique des européennes, c’est la même logique qui habituellement assure une majorité à l’Assemblée au Président élu. Mais jusqu’à quel point le portera la vague ? S’il n’atteint pas la majorité absolue, il devra se plier à la contrainte des alliances, exercice que le parti lepéniste n’a jamais réussi. Les Républicains, dont l’argument est qu’à droite ils sont la voix de la raison, seront alors devant un choix historique, pour autant que les Français leur accordent encore un peu de crédit.





1 Comment


Patrice GILBERT
Patrice GILBERT
Jun 10

Je partage ton analyse sur le mouvement d'humeur et prévois une démission si le RN dispose d'une majorité suffisante pour obtenir le poste de Premier Ministre...ou refuse d'y aller.

Continue.

Amitiés

Patrice

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