top of page

A contresens

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 10 déc. 2022
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 déc. 2022


Parti avec un train d’avance, et à force de tout prendre à contresens, Emmanuel Macron devrait se voir retirer son permis de conduire.


Il était un temps où l’on s’interrogeait sur la pensée complexe du plus jeune Président de la Vème République. Cette imprévisibilité que l’on attribuait au « en même temps », lui aura, malgré un quinquennat complet et reconduit, interdit de fonder une famille politique. Cette aura énigmatique s’est progressivement estompée. Désormais les Français ont compris. Macron est un financier en économie, et Emmanuel est un wokiste pour le reste. Ces deux délabrements de la pensée le rendent de plus en plus insupportable.


Concevoir l’économie en termes exclusivement financiers est une erreur tragique. On n’a plus à prouver que la financiarisation à outrance détruit plus de richesses qu’elle n’en favorise, et qu’il convient de réguler ce bon serviteur qu’est l’argent, car très vite il se révèle un mauvais maitre.


A tort, Macron est taxé d’être le Président des riches, il est, et c’est bien différent, celui de la finance. A rebours de François Hollande qui la désignait comme son ennemi qui n'a pas de nom, et ne l’a pas vraiment combattue, le Président Macron croit raisonner en économiste, il pense toujours en financier. Cela correspond à sa formation. La pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre.


Quand Macron croit devoir éviter de découpler le prix de l’électricité de celui du gaz pour ne pas fâcher l’Allemagne, il utilise des moyens purement financiers. Des aides et des chèques ciblés qui, distribués par une bureaucratie hors sol, ne peuvent que trop souvent rater leur cible… les fameux trous dans la raquette. Les dommages sur les entreprises petites et moyennes seront d’autant plus irréparables qu’il n’est plus question de recourir au « quoiqu’il en coûte ». Comme toujours, dès qu’ils en ont l’occasion, les financiers organisent la pénurie, selon le principe qu’il est normal que ce qui est rare soit cher. L’électricité est une énergie existentielle pour les entreprises. Si les Français avaient la mémoire de leur ancêtre Clovis, ils s'écriraient "souviens toi de Fesenheim !". En réalité, le jus n'est pas si court qu’on le prétend. Déjà 40 réacteurs sur 56 sont en service, alors que l’on disait que la moitié du total étaient en berne. Au final, ce seront les électriciens qui s’en mettront plein les poches qu'ils ont profondes. Et pas question pour le contribuable, le célèbre « cochon de payant » de récupérer quoique ce soit de ces superprofits.

L’affaire des masques est aussi symptomatique. L’Etat perçoit une TVA à taux plein sur les masques. Ceux produits en France coûtent trois fois plus cher que les chinois donc rapportent plus au Trésor. Du coup, et en raison notamment de ce coût, la filière française se meurt, alors que le covid revient avec l’ardente obligation de porter le masque. Vous avez dit souveraineté ? Les financiers font tout pour la détruire. Ils sont comme cela, il n’y a pas pour eux de petits profits. Comme les grands groupes, pharmaceutiques et autres qui délocalisent pour quelques centimes de moins, Bercy est peuplé de frères Dalton qui se livrent pour toucher la prime.


Sur l’immigration, c’est aussi un contresens financier qui conduit à prôner la régularisation d’une immigration dans les secteurs « en tension ». En effet, si les arrivants se contentent de faibles salaires, ils permettent d'éviter d’employer des nationaux que l’on devrait payer plus cher et mieux traiter. Mais cette économie est annulée par le niveau des charges sur l’ensemble du coût du travail, rendues nécessaires par l’indemnisation du chômage. Spontanément, les entreprises vont au plus facile. Plutôt qu’améliorer les conditions de travail et les salaires, elles préfèrent les immigrants. Le rôle de l’Etat n’est pas d’encourager cette dérive pernicieuse, mais de la contrer dans l’intérêt collectif. Quand Macron déclare que « l’immigration est une chance pour la France », on se demande si l’exploitation des migrants qui sous-tend cette « chance » n’est pas, en fait, d’une moralité douteuse. L’immigration a atteint en France un degré qui interdit son absorption culturelle et cause plus de dégâts sociaux qu’elle ne règle de problèmes économiques. Il faudrait pouvoir chiffrer l’insécurité, les traffics, les territoires perdus, les quartiers difficiles, le naufrage d’une éducation nationale française qu’il faut confier à un ministre binational. Tout ceci et bien d’autres choses ne se quantifient pas, et donc sont ignorées de la finance, mais elles finissent toujours par se payer très cher. On croit, naïvement, que Macron fait une politique de droite, c’est faux, il se comporte simplement en financier. Ceci n’est ni de droite, ni de gauche, l’argent n’a pas d’odeur et il est ambidextre.


Emmanuel de son côté a un cœur, il se veut dans le vent, et il est sensible aux sirènes wokistes. Il a toujours de la repentance au bord des lèvres. Depuis « la colonisation est un crime contre l’humanité », il a choisi son camp et ne l’a jamais déçu. Il le croit moderne alors qu’il est ringard, calquant des catégories marxistes applicables aux masses populaires, à des minorités réelles ou pas, supposément opprimées.


Le débat sur la fin de vie est encore une concession à ce consumérisme idéologique de la théorie des droits sans devoirs. Si l’on p eut comprendre et approuver le désir de chacun de terminer son parcours sur cette terre sans passer par la case des atroces souffrances que réservent la tristement sinistre « longue maladie », mettre sur la table le droit pour le corps médical de décider de siffler la fin de partie est plus qu’étrange. Le serment d’Hippocrate n’est pas celui d’hypocrite, il oblige à toujours préserver la vie, sans toutefois que ce devoir sacré verse dans l’acharnement thérapeutique. Telle est sa limite. Il est du droit de chacun de se laisser mourir. Et nul ne peut s’opposer à cette volonté ultime. Il est aussi admissible que l’intéressé soit aidé à cette fin. Mais en aucun cas, le corps médical, pas plus que quiconque ne devrait être fondé à y prendre un rôle actif.


Comme sur l’ensemble des sujets sociétaux les pseudo-modernes vont à contresens. Emmanuel est mal avisé de les suivre sur ce terrain qui lui est, vu son âge, très éloigné.

A force de prendre le contrepied du bon sens, Emmanuel a du mal à se faire comprendre. Il se comporte en gamin colérique dans la gestion des crises. Lors de la pandémie covid, il ne parvenait pas à se satisfaire de son conseil de défense et des caciques du système de santé ; dans la crise énergétique, il enrage à nouveau de n’être pas obéi par ses ministres qui sonnent le glas alors qu’il demandait simplement le tocsin. A propos de la guerre en Ukraine, il pratique le contretemps avec une régularité confondante. Parlant de ne pas humilier l’agresseur, de lui donner des garanties de sécurité, il laisse coi. Quelle mouche l’a piqué se demande-t-on ? N’en doutons pas, c’est un insecte woke. En effet, cette manière de transformer l’antiracisme en racialisme, l’égalité des sexes en féminisme radical, la belle langue française en charabia illisible, la gauche humaniste en islamo-gauchisme… est une pensée simpliste qui croit enfiler des chaussettes propres en retournant les sales.


Conducteur du char de l'Etat, Emmanuel Macron se voit comme un équilibriste, mais le funambule qui fait un faux pas ne nuit qu’à lui seul, alors que le chauffard qui prend l’autoroute à l’envers est un danger public. Le pire, dans une crise de l'électricité, c'est d'être mauvais conducteur.


*

 
 
 

Comments


bottom of page