Accusé levez-vous !
- André Touboul
- 18 févr. 2023
- 4 min de lecture

Il y a plusieurs manière de mentir, et la plus efficace est la statistique, car le chiffre a ceci de particulier qu’il ne tolère aucune nuance. Il énonce une vérité brute, sinon brutale. Il renvoie les impressions, les à-peu-près au placard. Avec des chiffres, on ancre la pensée dans du concret, de l’incontestable. Car, dit-on, les chiffres sont têtus. Les ignorer ne sert à rien.
Toutefois, ces excellents serviteurs des sciences exactes se révèlent de faux témoins quand on veut les utiliser dans les affaires humaines.
En matière sociale, les statistiques sont bonnes filles, elles disent ce que l’on veut leur faire dire. Neuf personnes noires sur dix déclarent avoir été victime de racisme en France. Cette formulation est sans appel, les Français sont racistes, donc. Mais un sondage aurait pu aussi être fait pour demander si les hommes de petite taille ou les roux ne sentent pas discriminés. Rejetés ou moqués ? Une fois dans leur vie ou systématiquement ? Il y aurait matière à conclure au racisme anti-petit ou anti-roux. Ce serait absurde, néanmoins les médias titrent sur l’expérience des 9 noirs sur 10, sans hésitation.
Le pire de ces statistiques militantes est que, loin de changer une situation insatisfaisante dans le bon sens, elles consolident les préventions réciproques. Elles confortent les minoritaires dans leur sentiment de rejet, elles irritent ceux qui ne sont pas racistes et se sentent accusés à tort, et aussi elles réveillent, sinon justifient, les tendances xénophobes qui sommeillent dans tous les inconscients.
Le procès de l’homme blanc est lancé. Même quand il est victime, il est mis en accusation. 80% des morts dans les accidents de la route sont des hommes révèle la Sécurité routière. Immédiatement l’on en déduit que le comportement viril au volant en est la cause. CQFD.
Si l’on parle d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, les femmes au volant étaient un sujet de plaisanterie. Le clignotant « en option », ou à droite pour tourner à gauche. Ces stupidités sont révolues. Mais remplacées par d’autres, à rebours. Ce sont les hommes qui sont des dangers publics.
Les chiffres brandis seraient plus convaincants, si l’on parlait des auteurs d’accident et non des victimes. Et plus encore si l’on tenait compte du fait que la route reste encore un travail masculin. Combien de femmes camionneuses ?
Les statistiques reflètent les préjugés de ceux qui les font, et plus encore de ceux qui les utilisent. Affirmer un rapport d’effet à cause entre le nombre de victimes de la circulation et la virilité est une balourdise qui se pare de la pompe scientifique.
On disait aussi que la cigarette tue plus d’hommes que de femmes, et l’on aurait pu en déduire que la masculinité incite au tabagisme, c’est-à-dire à fumer au-delà du point de rupture où la santé est compromise. Cette vérité statistique s’est atténuée du fait que les femmes fument désormais presque autant que les hommes. Et la létalité s’est par conséquent rapprochée. Dans le même ordre d’idées, on pourrait aussi dire que la guerre tue plus d’hommes que de femmes.
Pour revenir à la mortalité routière, on peut se demander sérieusement si la croisade d’un service administratif contre la virilité n’outrepasse pas ses compétences. En effet, la campagne de clip qui incite à enseigner aux nouveaux nés à surtout ne pas être un homme, est abusive. De quel droit, ce service public, ou même l’Etat lui-même, peut-il décider que les « valeurs viriles » sont intrinsèquement mauvaises.
Certes, la prise de risque inconsidérée au volant est condamnable, mais l’audace, l’intrépidité, le courage, la combativité devant les obstacles, et autres traits de la masculinité ne peuvent être voués aux Gémonies sans grand dommage pour une nation.
Mais la cause est entendue, le mâle blanc est coupable. La guerre, c’est lui. Le crime, c’est lui. La drogue, encore lui. L’oppression des minorités, lui. L’islamophobie, aussi. En un mot l’ennemi, c’est l’homme européen. Ecce homo !
Coupable, il l’est par nature. Plaider l’indulgence ne servira à rien. Ni adoucir sa peine, ni l’aggraver, car la sentence est capitale. Il doit disparaître de la surface de la Terre.
Qui lui succédera ? La diversité. C’est à dire, tous sauf lui.
Le dernier avatar des successeurs du tyran, est le trans.
Dans une société de consommation-caprice où le système entier est fondé sur l’impulsion d’achat, il n’est pas surprenant que la tentation de changer de genre se développe. On trouve des «tutos » pour tout. Devenir « trans » apparait ainsi tout naturellement comme la solution pour remédier au moindre mal-être.
Les barrières à certains comportements, à certaines consommations comme celle des stupéfiants, sont essentielles à l’existence d’un lien social, mais aussi à l’équilibre de chaque individu.
On sait que l’idéal des vendeurs-chasseurs-cueilleurs, notamment ceux qui écument le Net, est l’individu isolé et affaibli. Ces proies sont faciles à écarter du troupeau.
Sous prétexte de leur venir en aide, la promotion de comportements atypiques de l’espèce fait prospérer des business pseudo-associatifs qui tirent leurs profits de leur militantisme prosélyte. Au delà de l’argent qui leur permet de vivre, ce sont des votes qui les rétribuent. Bien entendu, il est interdit de parler de nature humaine, sous peine de se voir taxer de phobique.
Faciliter le changement de sexe est la nouvelle lubie qui se répand en Europe où les législateurs se bousculent pour voter des textes qui rivalisent de « progressisme ».
L’Espagne qui n’a toujours pas digéré son franquisme est comme souvent en pointe en matière sociétale. On pourra désormais y changer de sexe dès 16 ans par simple déclaration, sans contrôle médical. Les Écossais ont aussi emprunté cette voie saugrenue, mais cela a coûté ses fonctions à Nicola Sturgeon, Première Ministre. Un transgenre emprisonné dans une prison pour femmes y avait commis plusieurs viols. Cette histoire ressemble à une blague, elle est malheureusement réelle, et comme bien d’autres elle montre les limites d‘un progressisme délirant.
Au lieu de tendre la main et le cœur à ceux qui ne sont pas à l’aise dans leur peau, on parle de liberté absolue d’être et de faire ce que l’on veut, qui que l’on soit et quoi que l’on puisse. C’est ne pas comprendre que les comportements égoïstes peuvent nuire à autrui. A ceux qui l’avaient oublié, le destin tragique de la famille qui a rencontré Pierre Palmade sur une route de Seine-et-Marne, vient de le rappeler.
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