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Accélérer la réindustrialisation ? Des mots dans la bouche, si l’on oublie la France éternelle

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 14 mai 2023
  • 4 min de lecture


De la prestation du Président Macron du 11 mai devant un parterre d’industriels on peut retenir trois éléments essentiels. Le premier est ce qu’il a appelé la « clause miroir » qui est un changement majeur dans la pratique de la mondialisation. Désormais, les normes en vigueur en France et en Europe devront être respectées pour les importations. Cette exigence relève du bon sens, mais elle n’est pas pratiquée aujourd’hui. C’est une révolution et si elle est effective, elle mettra fin à une certaine désespérance des producteur français qui se plaignent de ne pas jouer à armes égales avec des pays qui produisent moins cher notamment parce qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes contraintes normatives.


Le second point concerne la décision de réserver les aides publiques, en particulier pour l’automobile, aux produits qui ont un meilleur bilan carbone. Jusqu’ici ces aides subventionnaient les productions étrangères. Y mettre fin cela relève du bon sens, « cela ve sans dire, et encore mieux en le disant », observe Emmanuel Macron, on pourrait ajouter « et surtout en le faisant ».


Le troisième volet de l’intervention concerne la simplification administrative pour les implantations industrielles. Vaste programme, aurait dit le Général, en découvrant sur une façade d’immeuble cette inscription audacieuse : « mort aux cons ! ». L’œuf de Christophe Colomb consisterait selon celui qui fut le rédacteur des 300 propositions d’Attali pour réformer la France, à simultanéiser les procédures qui avant se succédaient. Incroyable ! On n’y avait pas pensé !


Ces orientations permettent de dire que l’on retrouve le Macron dynamique, concret et innovant que l’on croyait avoir perdu, tant il semblait avoir été saisi par la politique politicienne, comme le Monsieur Le Trouhadec par la débauche de Jules Romain.

On aura aussi noté qu’il appelle à une pose législative sur l’écologie de l’Union européenne, pour une stabilité de l’environnement légal. Pour, dit-il avec pragmatisme, déjà faire ce qui est décidé mais reste théorique. Les objectifs ambitieux satisfont ceux qui les fixent, il serait temps de se soucier de ceux qui ont la charge de les mettre en actes.

Bref, Macron a osé Macron.

Tout ceci est bel et bon, mais dans le monde tel qu’il va rien n’est simple et souvent tout se complique.

La réduction des délais d’instruction des dossiers d’implantation, par exemple, voilà une idée magique. Elle ne coûte rien. Mais surtout, c’est une illusion. En effet, c’est oublier qu’au-delà de la réglementation et des recours multiples, il existe un obstacle majeur : la culture zadiste. On se souvient que la première bataille perdue par Edouard Philippe Premier ministre d’Emmanuel Macron fut celle de Notre Dame des Landes, projet d’aéroport instruit pendant trente ans, approuvé par référendum local et finalement abandonné en rase-campagne. On peut penser que cette déroute fut le prélude à la révolte des Gilets Jaunes.


Certes les Zadistes rétro-écolos n’ont pas occupé les ronds-points, mais ils ont montré que le gouvernement reculait devant l’épreuve de force. Le zadisme n’a pas disparu, bien au contraire, son frère siamois, le mouvement black block resurgit à la moindre manifestation. De même, l’idée, que le pouvoir était irrésolu au point de changer d’avis sur ses projets d’un jour à l’autre, s’est installée. Elle a nourri le scepticisme sur la réforme des retraites. Le crédo de Mme Borne qui est d’éviter ce qui « divise les Français », lui interdit de promouvoir une industrialisation qui heurte les écolos-décroissants, qui, pour ne pas être nombreux, sont des activistes forcenés.


Des méga-bassines aux méga-factories tout ce qui est méga les dérange. Bon courage aux industriels qui se lanceront dans une aventure qui a toute chance de ne pas aboutir.

Pour que la promesse de réindustrialistion ne se limite pas à des mots dans la bouche, le Président devra montrer au plus vite qu’il n’est pas un derviche-tourneur, mais un dirigeant ferme et sans faiblesse.

Les revirements sur le thème de « je t’aime moi non plus », concernant la loi sur l’immigration n’est pas de nature à rassurer.


Il existe une logique qui lie l’immigration et l’industrialisation, c’est celle de la main d’œuvre pas chère.

Le problème politique qui se pose est que, très majoritairement et politiquement transpartisane, l’opinion est acquise à l’idée qu’il faut stopper toute immigration. L’échec des promesse de gestion fine de l’entrée de corps étrangers dans la société s’est fracassée sur le fiasco de l’intégration, et plus encore de l’assimilation.


Pourtant, le fait est là. Quand le flux de migrants se tarit, comme dans la pandémie covid, les bras manquent dans des métiers pudiquement désignés comme « en tension ».


On découvre alors que si l’on veut attirer des nationaux dans certains emplois, il faut revoir les conditions de travail, et, au-delà, faciliter la vie des laborieux. Dans la restauration, les tâches non qualifiées qui ne sont plus assurées par des migrants qui vivent entassés dans des logis indignes de ce nom, doivent être repensées.


Cette vérité dérange ceux qui ont le regard offusqué par des comportements hostiles de certains migrants visibles. Elle ne peut être ignorée.


Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, dit Alfred de Musset. La seule solution alternative à la fermeture, qui condamne la réindustrialisation, c’est d’évidence le patriotisme social.


Dans tous les aspects de la vie civile, la France devrait être honorée, célébrée, respectée. Tout ce qui y concourt devrait être promu. Le salut au drapeau à l’école, les prestations de serment pour tous les emplois publics… Les traditions françaises, qu’elles soient d’origine religieuse ou pas, devraient être préservées comme un élément nécessaire d’adhésion à la nation française, dussent-elle heurter les laïques convaincus.


La fraternité française est bien trop négligée. On parle de liberté, d’égalité, mais la fraternité, qui n’est pas limitée à la solidarité, sa forme impersonnelle, est le fait de se sentir de la même famille, et se comporter comme tel. Si une telle évolution n’est pas entreprise, il est inévitable que la porte se ferme, brutalement, comme dans certains autres pays européens réputés ouverts, où, comme au Danemark, soudain les portes claquent.



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