Après Macron, le déluge
- André Touboul
- 18 févr. 2023
- 4 min de lecture

Les Français attendent Jeanne d’Arc, avec Marine Le Pen, c’est la Mère Denis qui leur est proposée. Il est douteux que celle-ci parvienne un jour à s’asseoir dans le fauteuil présidentiel de l’Elysée. Elle n’a pas le niveau, malgré la baisse de celui-ci, et sa faiblesse sur le plan économique est terrorisante. Il lui manque la volonté d’assumer la responsabilité suprême, et de quitter le confort de sa petite entreprise qui ne connaît pas la crise, le RN. Ses plus beaux discours sont ses silences. Mais quand elle s’explique plus personne ne comprend ce qu’elle veut faire. Depuis l’abandon de l’euro sur lequel elle revient, mais pas vraiment, jusqu’aux retraites où elle préconise le retour à 60 ans, mais avec tant d’annuités de cotisations que c’est impossible, elle vasouille. Elle ne résoudra pas la contradiction qui existe entre son opposition à l’immigration et la promesse de travailler moins.
Une autre chose est de savoir si le RN, ne serait pas en mesure de parvenir à une majorité à l’Assemblée Nationale, sinon absolue, au moins relative.
En effet, les autres partis sont en piteux état. Les socialistes sont montés dans l’ambulance NUPES qui ressemble de plus ne plus à un corbillard. Les Républicains s’éparpillent façon puzzle, et les macronistes se préparent à entrer à l’orphelinat.
Les complets bleus tranchent par leur discipline et leur sérieux. Ils sont aidé par l’histrion d’extrême gauche qui délire en rêvant du Grand Soir. La stratégie de Mélenchon est parfaitement claire, bloquer l’Assemblée pour faire monter la rue et bloquer le pays. A ce jeu de dupes ce sont les cravates bleues qui vont rafler la mise. Le désordre produit toujours in fine plus d’ordre, et un ordre plus brutal. Tourner la vie parlementaire en ridicule exaspère l’opinion qui reste attachée à la démocratie et surtout ne voit pas où le vieux sénateur veut conduire la France. Il ne représente aucun avenir, ne serait-ce que parce qu’il n’en a pas. La stratégie du chaos est celle des cas désespérés.
Le saut dans l’inconnu a toujours fasciné la jeunesse, cela explique la vogue de Mélenchon dans les instituts d’études politique, dont les étudiants ont majoritairement voté pour lui aux dernières présidentielles, de même que les détenus qui l’ont massivement plébiscité.
Plus généralement, la France a un problème élite. On savait que les énarques étaient un génération décérébrée par le virus de la bureaucratie. Mais polytechnique n’est pas épargnée. On y fustige les grandes entreprises françaises, leur réussite est pour les plus activistes des futurs X un des méfaits du capitalisme. Ils haïssent LVMH et TOTAL.
Nos jeunes ont été enseignés par une cohorte de professeurs qui n’ont eu comme horizon intellectuel que le marxisme, c’est-à-dire d’une part un anti capitalisme primaire, qui omet toujours de préciser que le seul choix est entre le capitalisme privé et le capitalisme d’Etat ; et d’autre part une lutte des classes qui opposerait le prolétariat à la bourgeoisie.
Ces catégories sont obsolètes, et les étudiants n’en ont pas hérité d’autres. On peut ainsi comprendre les désarrois des élèves, qui sont prêts à enfourcher les vélocipèdes exterminateurs de la première utopie qui passe. Mais s’il est une vérité incontournable, c’est que jeunesse se passe. Et ses illusions aussi. Le poids politique des jeunes est très faible, car ils sont largement abstentionnistes, le vote étant à leurs yeux, une pratique de grand’Papa.
L’abaissement de l’âge de la majorité électorale est présentée comme un progrès, il n’est pas certain qu’il en soit un. L’expérience de la vie sociale est loin d’être un élément inutile pour former une conscience politique éclairée… autre que livresque.
La logique de la Constitution de la Vème République repose sur des piliers inégaux. L’un est l’Assemblée nationale et l‘autre l’exécutif. L’expérience de la IVème République a conduit à protéger l’Assemblée contre elle-même, c’est-à-dire ses divisions, en exigeant qu’une majorité alternative se constitue pour faire tomber le gouvernement. Ainsi, le 49-3 est la pierre angulaire de la Constitution qui assure que le pays sera toujours gouverné, alors qu’antérieurement, il était paralysé par des minorités incapable de se coordonner. Loin de constituer un aléa constitutionnel, la situation présente est justement celle à laquelle le Constituant de 1958 a voulu porter remède.
Telle qu’elle est, la Constitution consacre aussi la prééminence de l’exécutif, par de multiples dispositions, dont la maitrise de l’ordre du jour de l’Assemblée. Mais, le point essentiel est que, par la réforme de 1962, l’élection du Président au suffrage universel est devenue la source majeure de légitimité. Certes le Président peut dissoudre l’Assemblée pour conforter sa propre légitimité par une majorité absolue, certains l’ont tenté et l’ont regretté. Mais il serait paradoxal de compromettre son pouvoir en allant chercher un surplus d‘adhésion dans une élection législative, qui est constitutionnellement seconde.
Ainsi, sauf erreur cosmique du Président actuel, que serait la dissolution de l’Assemblée, la prochaine rencontre décisive du personnel politique avec le peuple sera une présidentielle.
Nul doute que les candidats seront pléthore. Après Macron, ce sera le déluge.
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