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Au secours, le mutant anglais débarque !

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 13 janv. 2021
  • 4 min de lecture



L’évidence est là, l'intendance n’a pas suivi. Sur les masques, les tests, les applications de traçage, l’approvisionnement en respirateurs et la vaccination, à chaque étape de la lutte contre la Covid-19 l’Administration française s’est trouvée défaillante, en retard ou à contretemps.


On prédisait que la crise sanitaire allait marquer le retour de l’Etat, et de ses Administrateurs. Mais cette épreuve de vérité les a mis à nu dans leur inefficacité pathologique. Certes, l’Etat ne peut pas tout, mais quand l’Etat ne peut rien, les Français n’en peuvent plus.


On peut admettre, qu’en partie, les échecs administratifs soient imputables à de la pénurie, et argumenter que l’on ne saurait tout prévoir, mais il est un domaine dans lequel le gouvernement est gravement et seul fautif : la mesure qui était à sa main et qu’il a négligée, celle de l’isolement des cas positifs.

Dans ce registre essentiel, les moyens d’hébergement ne manquaient pas, les hôtels étaient et restent vides de touristes. Ce qui a fait défaut est la volonté politique. Dans les premiers jours de la pandémie, l’on a pratiqué quelques quarantaines, timidement, donc sans effet ; ensuite, l’on n’a même pas essayé. Or, il ne sert à rien de tester, de vanter les gestes barrières, de fermer les restaurants, de ruiner le monde de la culture, de décréter le couvre-feu, si l’on n’isole pas fermement les contagieux, rien n’y fait Le pays ne pouvant être mis à l’arrêt, les contaminants continuent, confinement ou pas, à se mêler à la population sans autre restriction que leur sens civique, une voix qu’ils ont bien du mal à entendre puisque, le plus souvent, ils sont asymptomatiques.


On doit bien comprendre que pour nos dirigeants, il s’agit d’une position de principe. Tous confinés ou personne. L’égalitarisme par le bas, à la française, appris dans des écoles à décerveler fait son œuvre. On préfère respecter une liberté individuelle théorique et s’en vanter que de prendre des mesures pratiques différenciées, même si elles sont nécessaires et de bon sens. Une application mortifère de la devise nationale : Liberté, Égalité, Létalité. Car, ne nous laissons pas prendre aux déclarations d’autofélicitation des gouvernants, avec plus de 1000 décès par million d’habitant, la France est dans les premiers rangs de la course au désastre. « La France n’a pas à rougir », proclame Jean Castex, mais sans doute à blêmir. Mené par de tels stratèges, l’Etat zombie marche en titubant, il est mort sans le savoir encore.

Le comble de l’absurdité dramatique est atteint avec l’arrivée du variant britannique dont la contagiosité décuplée est telle qu’elle n’est même pas freinée par les mesures de confinement prises au Royaume Uni. On apprend avec stupeur que les arrivants d’Angleterre qui sont testés positifs, sont relâchés dans la nature avec une simple recommandations de s’isoler. On se croirait dans le roman de Bram Stoker au fin fond de la Transylvanie, invités au banquet des vampires. Et Véran conduit le bal, avouant le 12 janvier devant le Sénat que 1% des tests positifs révélaient la présence du variant anglais. Rien d’inquiétant selon lui. Mais le précédent virus que l’on finira par trouver sympathique était exponentiel, ce variant qui n’est pas au courant du Brexit, l’est encore plus.


Si la situation se dégrade, et elle le fera, elle deviendra vite hors de contrôle. Les voix qui s’élèvent déjà pour réclamer que l’on confie la logistique à l’armée vont s’amplifier, elles ont déjà obligé le sieur Véran à déclarer aux sénateurs qu’il y avait quelques militaires détâchés dans son ministère. On peut douter que devant une aggravation de la situation sanitaire cela suffise à calmer les esprits.

Comme souvent en France quand l’État des civils est défaillant, incapable de gérer les événements, on réclamera les pleins pouvoirs pour un gouvernement mené par un militaire. On l’a vu quand Bonaparte a été appelé pour mettre fin aux désordres de la Révolution, quand Pétain a assumé la déroute devant l’Allemagne, enfin quand de Gaulle a dû assurer l’indépendance algérienne, et la décolonisation... Le cataclysme qui se prépare, quand les covids mutants anglais débarquent, est du même ordre de tragique.

Si Emmanuel Macron ne veut pas être chassé du Palais de l’Elysée par un quelconque Général Boum, ou un de Villiers revanchard, il est temps qu’il se souvienne qu’il est lui-même chef des armées, et en use. Il verra alors que sans avoir besoin de se mettre en colère, il sera mieux obéi par l’Armée que par une Administration en état de coma cérébral. On voudrait prendre tout cela à la plaisanterie, car c’est l’élégance des Français de faire de l’esprit dans les situations critiques, mais, cette fois, il semble que ce serait aussi déplacé que de paraître rire dans un cimetière. Cela n’avait pas été pardonné au Président Raymond Poincaré. Souhaitons, en tout cas, que, ces perspectives resteront du domaine des futurs imaginaires.

En attendant, il appartient à chacun de se protéger contre le virus nouveau autant que de l’ancien, d’abord en se faisant vacciner, le plus tôt possible, et, dans cette attente, rester à l’écart. Il ne s’agit pas de cultiver ici la psychose de la chauve-souris enragée, mais d’être réalistes. Souvenons-nous, que, quand l’intendance ne suit pas, la guerre est perdue d’avance.


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