Bienvenue au Festival des Dames
- André Touboul
- 25 mai 2024
- 2 min de lecture

La cause des femmes est sans doute celle qui mérite d’être défendue avec la plus grande vigueur, parce qu’elle est juste, mais aussi en raison du fait qu’elle est ce qui à notre époque divise le plus nettement le monde. Il y a les démocraties et les régimes autoritaires, et ce sont les mêmes qui d’une part ont établi le principe de l’égalité des sexes, et ceux qui de l’autre maintiennent la femme dans une position subordonnée.
On objectera avec raison que le « principe d’égalité » ne suffit pas et qu’il faut qu’il rentre dans les faits.
La petite différence, comme l’on disait du temps où la gauloiserie était encore permise, doit rester à sa place et jamais ne fonder une prétention masculine à imposer ses vues, son autorité, sa prééminence. Néanmoins, la biologie est là, et elle rappelle à chacun et chacune ses attributs, ses atouts, ses contraintes.
Comme toutes les conquêtes, celles du féminisme doit savoir où la destruction du terrain conquis se retourne contre le conquérant.
La dénonciation des abus de certains hommes est non seulement juste, mais elle est nécessaire. Cependant, l’on ne peut approuver un féminisme qui efface ou éradique la masculinité. Cet excès donne, de fait, des raisons de refuser le progrès aux autocraties encore arcboutées sur le patriarcat, et qui trouvent de l’audience chez ceux qui refusent ce qu’ils ressentent comme une castration.
Il faut dire que le spectacle que leur offre notre civilisation a de quoi les émouvoir. Après les Molière et les César, c’est le mythique Festival de Cannes qui devient un lieu où les hommes sont persona non grata, dans les discours, les thèmes des films autant que sur les plateaux télé ; à moins de faire publiquement acte de contrition pour leur appartenance à la gente coupable.
A Cannes, aujourd’hui, la compétition est à celle qui sera la plus violée, la mieux outragée ou harcelée. Le prix # metoo va remplacer la palme d’or.
Le cinéma rébarbatif avait déjà exclu depuis longtemps le cinoche populaire, les films d’auteurs tristounets avaient ostracisé les comédies. Désormais, le cinéma doit être militant anti-patriarcal ou ne pas être.
On peut prédire qu’après avoir expulsé les hommes des cérémonies et des castings grâce à une « liste noire », non officielle, comme toutes les listes noires, il sera fait injonction aux mâles de revenir faire de la figuration sur les marches du Palais. Les films pourront faire une place aux garçons qui auront montré patte blanche en faisant un mea-culpa public pour les fautes réelles ou supposées de leurs congénères.
Il n’y a aucune raison que le mouvement « libérateur » ne touche pas les scénaristes dont les œuvres doivent développer exclusivement des thèmes politiquement corrects où le viol est stigmatisé, ce qui est légitime, mais où son évocation est obligatoire, pour bénéficier des avances sur recettes. Dans une société patriarcale, il est vrai, le viol est omniprésent… c’est ce dont nous ne pouvons et ne devons plus douter.
Kommentare