Bonne et heureuse année à Stupidland !
- André Touboul
- 1 janv. 2022
- 3 min de lecture

Il fut un temps où la France était la patrie des hommes raisonnables. Les Français en étaient eux-mêmes à ce point convaincus qu’ils avaient forgé un mot pour désigner leur esprit national. Ils étaient cartésiens. Ce terme rendant hommage à René Descartes signifiait l’attachement de tout un peuple à la raison.
Ce que dans le pays des Lumières l’on appelle la raison, c'est, au delà des quatre principes énoncés par le philosophe (être précis, analyser pour généraliser, aller du simple au complexe, et être exhaustif), le raisonnement sans lequel il n’est pas de vérité présentable. Cette exigence formelle est d'ailleurs souvent poussée à l’extrême ; on dit même qu’un bon raisonnement bien résonnant permet d’avoir raison, quoiqu’il en soit sur sa pertinence. En vérité, la raison exige aussi la cohérence, ce que l’auteur du Discours de la méthode appelait « des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre ».
Ainsi les Français exigent que l’on argumente bien mais sans se contredire, et aussi que l’on ne soit pas contredit par la réalité qu’ils ont devant leurs yeux. Pour avoir méconnu des années durant cette exigence, les dirigeants politiques ont perdu leur crédit et les acteurs médiatiques se sont noyés dans un océan de défiance.
Plus que d’un danger identitaire venu de ceux qui vivent d’autres mœurs que ceux de ses ancêtres gallo-romains, le peuple de France souffre des incongruités égrenées par ses élus et ceux qui sur les ondes l’inondent de balourdises. On dit que cela est de la pensée correcte, mais il n'est que trop évident qu’elle ne l’est pas du tout.
Certains appellent cette contrée bureaucratique l’Absurdistan, ils sont trop indulgents. L’absurde est une sorte de fatalité. Il existe sans être imputable à quiconque. Aujourd’hui le royaume de France est plus certainement une sorte de Stupidland, car les Stupides y règnent en maîtres. De la société Française de ce temps, ils constituent le gratin, il faut le dire, bien gratiné.
Au cours de la crise sanitaire de la Covid-19, ce sentiment auparavant diffus d’être dirigés par des ectoplasmes, s’est aggravé au point de créer une anxiété de fond, qui, plus que tout autre péril, fait craindre pour demain.
Au seuil de la nouvelle année, il est cependant d’usage de formuler des vœux.
Souhaitons qu’en 2022 l’on soit épargnés par les petites stupidités, contradictions, mesquineries et humiliations dont nos gouvernants ont montré qu’ils avaient le secret. Les entorses au bon sens, l’épidémie passée, on les oubliera. Et l’on se dira que dans tous les pays, l’on a hésité et que devant des situation inédites tous ont tâtonné.
Pour le reste, souhaitons que le pouvoir n’abuse plus du « quoi qu’il (nous) en coûte ». On dit qu’il faudra sept ans aux Allemands pour rembourser la dette covid, et soixante sept pour les Français. Souhaitons donc que les taux d’intérêts ne remonteront pas…pendant un demi siècle.
Souhaitons que nos experts en économie qui imaginent fébrilement de nouveaux impôts, comme sur les successions, par exemple, soient frappés par la grâce, et comprennent que l’impôt, quel qu’il soit, c’est le pied sur le frein, quand on a tant besoin d’accélérer.
Souhaitons aussi que l’hôpital soit sauvé, et que nous soyons sauvés de lui. Pour cela, nous compterons sur omicron, plus que sur Ô Macron.
Faisons encore le vœu que nos principes républicains et humanistes ne nous livrent plus la gorge offerte aux terroristes islamistes.
Souhaitons que nos activistes de la repentance et les « woke and roll »prennent une année sabbatique.
Souhaitons que le climat « notre beau souci », cesse d’être une religion où la superstition le dispute à la bigoterie, pour s’ouvrir enfin à la science.
Souhaitons que prennent fin les gestes barrière, le masque notamment qui impersonnalise l’autre et aussi la distanciation dite sociale qui n’est pourtant que physique.
Ces vœux paraissent d’une réalisation impossible. N’en croyez rien. Nous entrons dans une campagne présidentielle, et vous verrez, tout cela sera accompli, ou tout au moins promis. Peut être pas en France, mais à Stupidland, c’est certain.
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