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Bêtise artificielle : L’anonymat sur internet, un business qui ne dit pas son nom

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 24 oct. 2020
  • 3 min de lecture


Il n'y a pas que l'intelligence qui soit produite par les algorithmes, l'internet produit aussi de la bêtise artificielle, et surtout il permet de l'exploiter.

On admet sans discuter qu’une lettre anonyme est une saloperie morale. On méprise les délateurs qui utilisent ce moyen de nuire. Mais curieusement, il se trouve de “bons esprits”, ou qui se croient tels, pour défendre l’anonymat sur internet au nom de la liberté d’expression.


On le sait, pourtant, l’individu qui, au milieu de la foule, crie « à mort ! », ne le ferait pas seul, et sans doute, il ne le penserait même pas.

Jamais personne n’a eu l’idée de prétendre que les participants anonymes à une foule déchaînée, écumante et motivée par la loi de Lynch exercent leur liberté d’expression. Ils ne font que libérer leurs instincts collectifs, dont on sait qu’ils sont sublimes, c’est à dire au delà des limites aussi bien dans le sens d’une haute moralité que d’une immoralité totale.

L’anonymat est en outre l’assurance de l’impunité, il autorise ainsi, à titre individuel, de s’affranchir de toute exigence éthique. On n’a pas de compte à rendre, pas même à soi-même, puisque participer à une curée virale ne laisse pas de traces. Pour faire du mal sur le net, il n’est même pas nécessaire de le vouloir vraiment, puisque jamais l’on ne s’interroge sur la portée des actes que l’on y commet. Transférer un texte ou une vidéo, rien de plus anodin, et d’ailleurs de légitime quand on désire partager une idée ou une émotion, si l’on y procède à visage découvert, mais répercuter anonymement un document gènant est simplement se joindre à la meute.

Le dépassement des bornes de la raison et de la morale est à son paroxysme sur l’internet, car le clavier ne refuse rien, et la participation physique y est réduite au simple clic.


L’argument le plus souvent utilisé par les défenseurs de l’opacité est qu’il s’agit d’une conception de la liberté d’expression en vigueur aux Etats-Unis. Voilà une justification à laquelle, il convient de demander ses papiers.

Notre habitude de nous soumettre aux façons de voir venues du Nouveau Monde doit être, en l’espèce, mise sérieusement en question.


On ne peut que contester cette pseudo-liberté, à cause des résultats désastreux que l’on constate outre Atlantique, où la vie politique est viciée par un usage dévoyé de l’anonymat qui permet des cyber-attaques par des trolls qui bien entendu ne disent pas leur nom.

Cette pratique devrait aussi être questionnée au nom de nos valeurs qui exigent que toute liberté soit assortie d’une responsabilité.

Mais surtout, on doit s’interroger sur le phénomène qui provoque de véritables tsunamis d’opinion parce qu’en la matière le ressort qui anime la “culture de l’anonymat” sur internet n’est pas dicté par la liberté. Sous le masque d'un progrès humain, se dissimule une machine infernale, celle de l'exploitation du big data.


C’est, de fait, la quantité du trafic qui importe aux opérateurs, car celle-ci se traduit en dollars. Dollars de valeurs boursières, dollars de recettes en publicité, dollars de revente de métadonnées... C’est le dollar qui motive l’anonymat, car l’anonymat encourage les clics. L’anonymat favorise la viralité qui est gage de chiffre d’affaires pour les GAFAM.


Privé de sa justification marchande qui est d’augmenter le nombre de clics, l’anonymat n’a aucune raison d’être, et certainement pas celle de la liberté d’expression.


C’est ainsi une escroquerie de la part des Grandes compagnies que de prétendre qu’elle procurent de la liberté. Ceux sont eux les vrais pirates de l’internet qui exploitent la bêtise de masse.



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