C’est dur d’être gouverné par des cons
- Furax
- 10 janv. 2021
- 5 min de lecture

Maximes à l’usage de ceux qui sont résignés et ont fort tort de l’être.
Magnifié par Michel Audiart, anobli par Georges Brassens, le con resplendit. Il éblouit à ce point que l’on ne le distingue plus vraiment. Pour le reconnaître, cependant, il suffit de savoir que le con n’est rien d’autre qu’un idiot malfaisant. En effet, donnez du pouvoir à un idiot, il deviendra vite un mauvais con.
Certes, on ne naît pas con, on le devient. Mais si la connerie s’apprend dans des écoles, il y faut des dispositions, et une certaine ambition. Dès petit, le con se distingue. Mauvais camarade, il fait punir la classe entière quand il balance des boules puantes et refuse de se dénoncer. Il veut être populaire, et harceler les plus chétifs le remplit d’importance.
Pour lui, la fin justifie les moyens, car il est infaillible. Le con fait partie de l’élite, il en est convaincu, et le pire c’est que c’est souvent vrai.
Quand le con a de la chance, il est promu. Désormais, on ne cite son nom que suivi de l’année de sa promotion et si possible du nom de celle-ci. Aux grands hommes, les grands remèdes. Le con peut être brillant, brillamment con. Il tient à son classement parmi ses semblables comme à la prunelle de ses yeux. Major, il sera promis, « quoi qu’il arrive », à un merveilleux avenir. Tous ceux qui étaient derrière lui, y veilleront, puisqu’il a droit de préséance sur eux.
Le gratin de cons est surtout occupé à se répartir les postes. Ce qu’ils y font n’a aucun importance. Ils appellent cela se voir attribuer des responsabilités, mais ils est bien entendu que quoi qu’ils fassent, ils ne seront jamais responsables de quoi que ce soit.
Parvenu à des fonctions stratégiques, le con s’empresse de bétonner. Il a, en effet, appris que, selon la formule du petit père Queuille : il n’y a pas de problème que l’inaction administrative ne parvienne à venir à bout. Donc, ne rien faire. Pour donner le change, le con y traîne les pieds, en prétextant la complexité,de la tâche, voire son immensité. Il accepte le changement promis aux électeurs, mais dan la continuité, c’est à dire sans changement réel. A la différence des ahuris qui prétendent avoir inventé le mouvement perpétuel, le con se targue de pratiquer l’immobilité permanente. A cette fin le con est sans pitié pour tous ceux qui viendraient perturber sa quiétude.On l’a vu pendant la crise sanitaire, on ne réveille pas un con qui dort.
C’est dans la crise que le con, réveillé en sursaut, donne toute sa puissance. Il réclame les pleins pouvoirs. Et quand il les obtient, il déclare qu’il ne peut rien faire.
Le con n’agit pas, il réagit. La stratégie annoncée du con n’est jamais celle qu’il met en oeuvre, car le con croit dur comme fer que le peuple ne comprend rien à rien, et fera tout pour échapper à sa saine politique. Cela ne l’empêche pas de décréter que si ses mesures sont sans effet, c’est par manque de pédagogie. Il vise par là, d’autres cons qui exercent leur connerie dans les médias. Mais il est un fait établi, le con n’est jamais fautif. Là où le commun des mortels avoue son erreur, le con persiste et signe, il « assume », car le con est obstiné.
Le terme « con » n’est pas une insulte, c’est une catégorie socioculturelle, dont la spécialité est de décourager toute manifestation d’intelligence.
Le con a raison, puisqu’il est estampillé par concours, où il s’est montré plus con que d’autres, faisant en cela ce que l’on attendait de lui.
Le con ne doute jamais. Il se prend pour un décideur, ignorant que la différence entre décider et exécuter, c’est le doute. Un exécutant ne doit jamais douter, un décideur toujours. Celui qui décide, en étant certain d’avoir raison, n’a simplement pas réfléchi.
Au volant, le con prend l’autoroute en sens inverse et accélère en espérant que cela ne se verra pas. Le con espère que ses erreurs passeront inaperçues si la catastrophe est grande, voire mondiale.
Nommé ministre, le con est débordé, il n’a pas une minute à lui, ce qui ne lui interdit pas de rédiger en même temps ses mémoires dans lesquelles il cite abondamment ses propres bons mots, et égratigne d’autres cons, car c’est cela qui fait vendre, et il adore cela, car le con est vindicatif.
En politique le con se réfère toujours à un autre, le con-étalon. Il commence toujours ses phrases par : Comme l’a dit le Président Machin, ou le Général Chose...
Le con adore faire étalage de sa culture dans les médias, car comme la confiture : moins on en a, plus il faut l’étaler.
Le dirigeant un peu con-con dira toujours : nous avons pris la meilleure décision. Il ne reconnaîtra jamais qu’il a essayé de prendre la moins mauvaise pour lui, car le con est égoïste.
La surdité est très répandue chez les cons. Ils sont imperméables aux conseils qui pourraient les perturber dans leur conviction d’être parfaits.
L’autosatisfaction est une obligation pour le con qui se doit de déclarer haut et fort que l’on a fait ici mieux qu’ailleurs.
Le con est incompétent et il en est fier. Il revendique son ignorance de la logistique, alors que c’est son métier, il trouve plus noble de s’intituler stratège.
Le con devient tragique quand il se prétend stratège, car la catastrophe devient inévitable, ce qui est la marque de la tragédie.
Le con qui veut faire le comique est ridicule. Parfois même il réussit à se rendre odieux.
Le con ne supporte pas la contradiction, il appelle cela des vérités alternatives, voire des fake news.
Le con impute toujours ses échecs, qu’au demeurant il conteste, à un manque de communication.
Les cons utilise des mots en limite de leur sens ou franchement à contresens. Par exemple : le con est volontariste, ce qui ne signifie pas qu’il a de la volonté, mais au contraire qu’il faudrait en avoir. Les adversaires du con sont tous des complotistes, ce qui ne veut pas dire qu’ils complotent. A sa décharge on peut dire que le con est top con pour comploter, il se méfie bien trop des autres cons.
Le con croit en l’effet d’annonce, il en use et en abuse, et le plus souvent, à sa grande surprise, ça marche.
Le con condamne l’effet d’aubaine, surtout par le fait qu’il redoute d’en être le seul à ne pas profiter.
Le con est colérique, il confond souvent colère et indignation.
Magistrat, le con confond indépendance et impartialité. Il revendique la première et oublie trop souvent la seconde.
Le con n’a aucune moralité personnelle, mais il donne volontiers des leçons de morale.
Pour tout et n’importe quoi, le con se félicite. Mais avec modestie : sans me vanter, il fait très beau aujourd’hui.
Le con avait toujours tout prévu, mais on ne l’a pas écouté.
Les sondages laissent le con indifférent, quand ils sont mauvais.
Le con s’approprie les grands hommes, il croit que la gloire est contagieuse.
Le con a été vacciné avec un plume de perroquet, plus il répète une sottise, plus il la croit vraie.
Pour peu que l’on se sente concerné, on s’aperçoit très vite que l’on est environné de cons.
En présentiel ou en télétravail, le vrai con reste un con.
Ne pas changer un ministre qui échoue évite de reconnaître l’échec, disent les communicants, qui ont oublié d’être cons.
Le con pense que ce qui ne se voit pas n’existe pas. C’est pourquoi le con accorde autant d’importance à la communication qui permet aux cons de prendre les autres pour des cons..
L’agilité d’esprit du con lui permet de se tirer des mauvais pas, le plus souvent pour pire.
Ceci dit, on n’est jamais gouvernés que par les gens que l’on mérite... alors ?
Signé Furax
*
Yorumlar