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Ce que disait Trotsky, une leçon pour aujourd'hui

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 13 nov. 2021
  • 3 min de lecture


On a qualifiés de trotskistes moult communistes qui déclaraient vouloir s’émanciper de l’autorité de Moscou, c’est à dire du stalinisme.

Philippe Poutou, Arlette Laguiller, Lionel Jospin, Edwy Plenel… pour ne citer que les personnalités les plus connues en France. Certains s'en sont cachés, d'autres l'ont avoué, et plusieurs s'en sont glorifiés.

Mais que disait Trotsky ?


D’abord, la dictature du prolétariat, par la destruction de la société bourgeoise. En cela aucune différence entre les enfants du marxisme. Les trotskistes français se sont employés à cette tâche, et pour certains, encore en activité comme Plenel, c’est leur obsession.


C’est l’Etat qui pour Trotsky doit remplacer le capitalisme, non par un capitalisme d’Etat, mais par la "propriété du peuple entier" (?). Là commence l’utopie. Il écrit : " La propriété privée, pour devenir sociale, doit inéluctablement passer par l'étatisation, de même que la chenille, pour devenir papillon, doit passer par la chrysalide. Mais la chrysalide n'est pas un papillon. Des myriades de chrysalides périssent avant de devenir papillons. La propriété de l'État ne devient celle du "peuple entier " que dans la mesure où disparaissent les privilèges et les distinctions sociales et où, par conséquent, l'État perd sa raison d'être." Bien entendu, Trotsky n’est pas Libertarien, et il ne s’agit pas ici des fonctions régaliennes de l’Etat.

Mais l’Etat n’est pas qu’une abstraction, il s’incarne dans une bureaucratie.


« L'État qui réalise la dictature (du prolétariat) a pour tâche dérivée, mais tout à fait primordiale, de préparer sa propre abolition. Le degré d'exécution de cette tâche "dérivée" vérifie en un certain sens avec quel succès s'accomplit l'idée maîtresse : la construction d'une société sans classes et sans contradictions matérielles. Le bureaucratisme et l'harmonie sociale sont en proportion inverse l'un de l'autre. »

Léon Trotsky. La Révolution trahie, Éditions de Minuit, p. 478


Hélas, on s’en doute, la bureaucratie refuse d’organiser sa propre disparition.

Pour Trotsky, clairvoyant à cet égard, la bureaucratie est une couche sociale dominante qui exproprie politiquement le peuple pour défendre par ses propres moyens et à ses propres fins les conquêtes sociales du prolétariat.


Léon Trotsky, né Lev Bronstein, se projette dans l’avenir. Trois issues possibles à la Révolution en URSS :

  • Soit les privilèges et inégalités inhérentes à la bureaucratie sont abolis, et le peuple vit heureux dans une économie planifiée ; planifiée par qui ? Il ne le dit pas. Ce socialisme de rêve, n’existe que dans les mots. Les expériences d’autogestion sont restées marginales. Le vice du système est évidemment que la planification est inséparable d’un pouvoir bureaucratique.

  • Soit la bourgeoisie reprend le contrôle, et rétablit le capitalisme ; c’est à peu près ce qu’il s’est produit à la chute du régime soviétique.

  • Soit la bureaucratie reste au pouvoir et elle cherchera tôt ou tard à intervenir dans les rapports de propriété pour consolider ses positions. Trotsky écrit : « On objectera peut-être que peu importe au gros fonctionnaire les formes de propriété dont il tire ses revenus. C'est ignorer l'instabilité des droits du bureaucrate et le problème de sa descendance. Le culte tout récent de la famille soviétique n'est pas tombé du ciel. Les privilèges que l'on ne peut léguer à ses enfants perdent la moitié de leur valeur. Or, le droit de tester est inséparable du droit de propriété. ». C’est ce régime de noblesse d’Etat décrit par Bourdieu à la fin du siècle qui s’est instauré en France.


Dans la recherche de l’harmonie sociale qui est la grande question qui se pose aujourd’hui au monde politique, la pensée de Trotsky peut apporter cet éclair de lucidité : la bureaucratie est l’ennemie de l’harmonie sociale. Certes, il ne s’agit pas des services publics dont la nature ressort du régalien (sécurité, justice, santé publique, enseignement), mais de la gestion de l’économie.

L’Etat stratège, l’Etat actionnaire, l’Etat planificateur, sont des mots vides sous lesquels il y a nécessairement des fonctionnaires stratèges, gestionnaires des participations, et concepteurs des plans, c’est à dire maîtres de définir tout ce qui est bon ou pas pour la société. De l’autorité de cet Etat omnipotent et omniprésent, l’harmonie sociale n’a que faire, car elle est contrainte pour le citoyen et privilèges pour les bureaucrates.

La belle tromperie des hauts fonctionnaires et de leurs hiérodules est de cultiver la confusion entre l’Etat régalien et l’Etat omniprésent, pour justifier le second, générateur de frustration sociale, par le premier, nécessaire à une vie sociale civilisée.


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