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Ce qui est gratuit n’a pas de prix

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 28 janv. 2023
  • 2 min de lecture




Dans un article publié dans Le Figaro en janvier, Luc Ferry déplore la concurrence, surtout internationale, qui pousse à l’innovation pour l’innovation, et conduit à produire de l’inutile.


Il omet de prendre en compte le fait que les nouveautés n’ont pas toutes du succès.


Ce qu’il faut interroger, ce n’est pas le changement, qui, bien entendu, n’est pas toujours une avancée, mais les raisons pour lesquelles telle ou telle invention sera plébiscitée par le public ou pas.


Notre philosophe chevelu oppose Apple qui vend des objets matériels et résiste, aux entreprises qui ne proposent que des services, c’est-à-dire les réseaux sociaux dont les dérives sont déplorables, qui ont plongé en bourse, mais cela ne touche pas au fond de la question.


Ce qui différencie les entreprises n’est pas uniquement au niveau physique, c’est aussi sur le plan du modèle économique. Apple a une démarche marchande, les Facebook, Twitter et autres ont une proposition apparemment gratuite. Il est beaucoup plus difficile pour elles de fidéliser leur clientèle qui n’a rien investi et peut papillonner d’un réseau à l’autre, voire les cumuler sans inconvénient, ce qui n’est pas le cas des iPhones, tablettes et PC. De même, un service avec abonnement bénéficie d’une clientèle plus visqueuse, comme disent les disciples de Ricardo.


Le second plan sur lequel Ferry est difficile à suivre, c’est quand, se fondant sur les cours de bourse, il juge de la valeur éthique respective des produits ou services proposés.


Il n’y a aucun rapport entre les excès et dérives des réseaux sociaux et la désaffection dont ils sont l’objet. En effet, les internautes ne se détournent pas d’une application pour en censurer leur mauvais usage. La langue est la meilleure et la pire des choses disait Esope, on peut ajouter selon l’usage qui en est fait. Les usagers migrent vers un réseau plus simple et facile à utiliser ou qui offre une plus large diffusion. Une innovation pousse l’autre. De plus, changer d’application ne coute rien.


Les utilisateurs vont, comme leur nom le laisse présager, vers ce qui leur est le plus utile. Plus ils sont libres de le faire, plus ils le font. Dès lors, l’exploitation de commerciale, c’est -à-dire publicitaire, des réseaux est volatile. Conscient de cette faiblesse, Facebook a tenté de créer une cryptomonnaie, le Libra, sans succès.


L’exploitation des données, les data, à des fins commerciales ou politiques suppose qu’elles soient toujours en croissance. Le temps de cerveau de chaque internaute étant ce qu’il est, l’apparition d’un nouveau média plus ludique est un sinistre industriel. C’est pourquoi les Plateformes installées n’ont de cesse que de racheter les startups, comme les industriels ont toujours acheté des brevets pour protéger leurs positions dominantes.


Sans grand rapport avec leur mauvais usage, les plateformes sont fragiles de par leur ADN qui est une gratuité initiale, celle-là même qui a facilité leur croissance.

Pour le consommateur, ce qui est gratuit n’a pas de prix.



 
 
 

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