Cette politique politicienne est un art du trompe l’œil qui s’adresse à des aveugles
- André Touboul
- 27 juin 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 juin 2024

Le Président imprudent parle de possible « guerre civile », lui qui se pense fin analyste des faits et de la société, voire de l’univers, ne réalise pas que si, après sept ans de ses mandats, la France est au bord de ce gouffre tragique, il devient urgent de remplacer celui qui l’y a conduite. Il ne bat pas sa coulpe pour autant. A l’école de la méritocratie d’Etat, il a appris l’irresponsabilité et le déni du réel. Il menace du chaos, mais ne voit pas que le chaos c’est lui.
Le corps électoral français est à bout de patience, c’est dans une crise de nerfs du personnel politique qu’il va s’exprimer. Son verdict ne pourra être empreint de modération. Si, par un extraordinaire bonheur, tel était le cas, les Français seraient un peuple qui dans l’histoire marquerait par sa sagesse rompant avec la déraison de ses dirigeants. Hélas, la décision bonne, qui consisterait à se déterminer pour les plus dignes d’une confiance qui est la base du système de la démocratie représentative, n’est pas une option disponible.
Le concours auquel on assiste est celui du démérite.
Les soutiens de Macron le honnissent. Sa majorité n’est plus relative, elle s’est éparpillée et lui est hostile. Ses candidats ne veulent plus de son soutien. Qu’il se taise, qu’il disparaisse.
Il partage ce privilège de celui que l’on cache avec Mélenchon dont les alliés du NFP le somment de se taire, et rêvent de l’escamotter.
Ces gens là, du Centre et de Gauche sont de la même mouture, ils croient tromper le citoyen en cachant ceux pour qui ils roulent, mais qui reparaîtront dès la clôture du scrutin. Ce sont, au sens propre, des faussaires qui sollicitent les suffrages. Ils n’ont même pas conscience que cette tentative d’escroquerie, qu’il faudrait être aveugle pour ne pas la voir, suffit à les disqualifier. Il faut dire qu’une telle duplicité électorale est monnaie courante. Elle n’épargne personne. Les Lepénistes qui ont prospéré, sans effort, sur les fautes des autres, en disant le moins possible, ce qui ne prouve pas qu’ils en pensaient plus, sont une solution de dépit. Son atout est l’ambiguïté, une autre forme du mensonge.
Décidément, cette politique politicienne est un art du trompe l’œil qui s’adresse à des aveugles que sont censés être les électeurs.
Le monde politique ne parle que de « faire barrage », c’est le temps des barricades que l’on confectionne dans la fièvre de tous bois, même des plus pourris.
Mais alors, la guerre civile ? Allons donc ! Pour que les Français s’affrontent violemment il faudrait qu’ils soient mobilisés par des convictions contraires. Or c’est un peuple désabusé qui va prendre la parole, et celle qui sortira des urnes lui conviendra, tant il est déçu par la médiocrité de ses dirigeants. Aucun ne vaut qu’on le suive les armes à la main.
Certes des groupuscules pourront s’agiter, s’ils le font, cela sera dans la réprobation générale.
Avec résignation, la France attend son avenir. Là est son plus grand malheur. Nulle espérance crédible ne s’offre à elle.
Le 7 juillet au soir ne sera pas le chaos, mais le KO debout. Il en est ainsi quand toutes les options sont mauvaises.
Tous perdants quoiqu’il arrive… le Président désavoué, il l’est d’ailleurs déjà unanimement. Les élus de son ex-majorité rescapés, mais désorientés, devront se trouver un nouveau chef. La Gauche, plus divisée que jamais s’interrogera sur le prix moral à payer pour les sièges qu’elle aura pu sauver.
Quant à la Droite dure, elle sera comme la poule qui a trouvé un couteau. Elle ne saura que faire de sa victoire, certes annoncée, mais pas si tôt. Ainsi ce serait Bardella, Premier ministre, et non Le Pen, Présidente, qui aurait la main sur le char de l’Etat.
On oubliait la Droite molle, pourtant il est probable que la solution de sortie de crise soit, in fine, entre ses mains. Seule une coalition LR et RN, sous la houlette vigilante du Président Macron, gardien des Institutions, serait une configuration rassurante. Encore faudrait-il que Marine Le Pen estime cette solution acceptable pour brider Bardella, son jeune et futur concurrent, et que le Président apprenne La Défense de fond de court, lui qui ne sait que monter à la volée.
L’hypothèse enfin d’une coalition du Centre avec le NFP est, certes, théoriquement possible, mais leurs divisions internes n’ont d’égal que leur incompatibilité. Ce serait l’alliance entre les deux extrémités de la politique économique. Reste, la possibilité d’explosion de l’alliance de gauche dont les socialistes rejoindraient Macron. Ce serait là trahir les électeurs ? Mais non, si c’est pour faire barrage…N’est-ce pas ?
Dans l’état actuel des projections de sièges, un tel montage serait insuffisant pour obtenir une majorité absolue.
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