Cinq ans de verbiage
- André Touboul
- 25 avr. 2021
- 2 min de lecture

Avec témérité, Emmanuel Macron s’est attaqué aux bastions des féodalités françaises. Il s’en est pris aux privilégiés du ferroviaire, des retraites du public, de l’ENA, de la Justice, mais ses résultats ont été quasi nuls. Son seul mérite aura été de désigner les nuisibles.
Sans courage, il a cédé aux modes gauchistes pour dénoncer violences policières, contrôles au faciès, et il a parlé de déconstruire l’histoire de France. Mais, là aussi, il n’a pas été plus loin que les mots, disant selon les auditoires ce qu’ils voulaient entendre.
Sur le plan du discours qui est le seul qu’il a occupé, son bilan est mitigé. Ses audaces ont été contrebalancées par ses soumissions aux modes du temps. Il a renversé des tabous, mais s'est incliné devant des totems.
Au total, le quinquennat Macron aura été vide, ou seulement rempli de bruit et de fureurs de rue, sans résultats concrets. Much ado for nothing, dirait Shakespeare s'il avait à commenter le mandat de l'homme qui écrivit "Révolution", et ne fit que des bulles de savon. Une période inutile. Même la prise de conscience par l’opinion de la toxicité d’une administration pléthorique est bien plus à imputer au coronavirus qu’à une présidence creuse.
Alors un second quinquennat Macron ? Pour quoi faire ? Continuer dans le verbiage , le coitus interruptus intellectuel, alors que tout montre qu’il est urgent d’agir ?
Pour l’action, Emmanuel Macron ne fait pas le poids, il n’a pas pris plus d’épaisseur au cours de son mandat, il en a même perdu. Le seul moment où il a donné le sentiment de dominer son destin a été celui du Grand Débat, quand il reprenait la main sur les Gilets Jaunes.
Hélas, ce fut sans lendemain. Dans l’épreuve sanitaire, il a capitulé devant des experts sans expertise, et ne s’est rebellé que parvenu au bout des capacités financières du "quoi qu’il en coûte".
L’un des talents des gouvernants est de savoir s’entourer. Or, par système, les députés d’En Marche furent sélectionnés pour leur docilité et leur manque d’expérience. Quand aux ministres, ils ont brillé par leur manque d’envergure. Aucun n’a fait d’ombre au Président, et peu lui ont apporté de réel secours. Quand il a fait appel à des personnalités, ce ne furent que des gadgets, tels Hulot, Dupond-Moretti, Bachelot... pour le reste il continué à distribuer des postes ou à les confirmer, l'exercice du pouvoir comme d'habitude.
Mais le frein à l'action le plus puissant que rencontre Macron est dans le fondement de sa philosophie politique. Le problème du “en même temps” est qu’il comporte un avantage, celui de ne rien rejeter par principe, mais aussi un inconvénient fatal, celui de se paralyser par des intentions contraires.
Le seul atout du candidat Macron qui n’a aucun projet à proposer aux Français, si ce n’est lui-même, est d’avoir, pour le moment, une adversaire de choix, Marine Le Pen. Elle inquiète par ses incongruités économiques comme le retour rance de la retraite à 60 ans quand il faudrait la porter à 70 ans pour entrer dans notre siècle. Mais, déjà l'élite d'Etat que le Président a rudoyée sans la dominer, milite en coulisses pour une alternance populiste aux vertus purgatoires. .
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