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Comme Dieu quand il habite en France

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 13 nov. 2021
  • 3 min de lecture

Vue de la planète Mars, où l’on peut séjourner grâce à Elon Musk, la France est un point minuscule.


Le pays de Pasteur qui n’a pas su trouver de vaccin anti-covid, la patrie des droits de l’homme qui sont devenus une menace, la contrée si douce dont l’identité nationale tourne au rance, la terre des frères Lumière dont le cinéma bat de l’aile, la nation qui a inventé l’automobile, mais ne sait plus en produire, le berceau de Molière, Voltaire et Hugo qui massacre sa langue au prétexte d’inclusivité, le rêve de De Gaulle où les antigaullistes se disputent son héritage, bref ce petit espace sur la boule bleue, insolent et fier, est à peine visible.


Et pourtant, les Français se croient le centre du monde, ils s’imaginent que, sans eux, il s’arrêtera de tourner, ils pensent que l’universelle vérité habite dans leurs esprits et que ceux qui cogitent différemment ne font que trahir l’intelligence humaine.


Certes les Français ne s’estiment pas parfaits, ils sont même des critiques acerbes quand ils se considèrent les uns les autres, mais ils ne jugent aucun peuple digne de rivaliser avec leur génie national.

Pour chaque chose, les Français ont une formule. Souvent creuse, cette locution a réponse à tout et à son contraire. Ils ont inventé le « vivre ensemble », qui signifie faire chambre à part. Ils respectent la « laïcité », dont personne ne sait en quoi elle consiste : protection du droit d’exercer sa religion ou interdiction de la manifester. Le « volontarisme » est pour eux une façon de faire de la politique à la française, comme si ailleurs on la pratiquait sans le vouloir.


La liberté d’expression est sacrée, en France. Mais dès qu’un imprudent se risque à s’exprimer hors des clous, il est lapidé, à coup d’invectives, d’anathèmes, d’injures et de sarcasmes, ce qui, de fait, n’est pas mortel… Mais, parfois, on réclame qu’il soit réduit au silence. Dans la coulisse, chacun s’y emploie. Plus rarement, l’insensé risque la décapitation, à la grande stupeur de ceux qui par leur mollesse ont permis qu’un barbare se croit autorisé à exercer ici sa propre censure.

Les Français adorent les campagnes présidentielles, car ils n’aiment rien plus qu’on leur parle d’eux. Dans ces moments d’exception, ils ont le sentiment de leur importance. On les flatte, on les cajole. On se presse et l’on s’empresse pour leur promettre monts et merveilles. les candidats rivalisent d’humilité pour accéder au trône d’où l’on pourra, si l’on y parvient, mépriser tout le monde, et oublier ses promesses qui sont de celles qui n’engagent que ceux qui les écoutent, comme l'avouait l'un deux sans scandaliser quiconque.


La bonne chair et le bien boire est une richesse nationale, c’est la consolation du peuple qui est à table l’égal des Dieux, car le bon goût est, en France, la chose du monde la mieux partagée.


Le luxe n’est pas conforme à l’esprit français, et pourtant les Français excellent dans ce domaine, car ils ont compris que le vrai luxe n’est pas dans le prix (pas seulement) mais dans la qualité.

Dans le fond, les Français croient rayonner sur la Terre par leur culture littéraire et politique, ils marquent surtout par leurs parfums et leurs sacs à mains, et dans une certaine mesure par leur art culinaire.


Malgré tous leurs défauts, les Français donnent aux Martiens (et pas seulement à eux) une envie furieuse de venir vivre en France, où l'on est ainsi que le disent les Allemands heureux comme Dieu quand il y habite.


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