Contre la cinquième colonne, la laïcité n’est pas le bon vaccin
- André Touboul
- 24 oct. 2020
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Pendant la Guerre d’Espagne, on désignait par “cinquième colonne” les nationalistes, infiltrés dans les rangs républicains, dont les menées sournoises sapait de l’intérieur le camp adverse. Cette expression a été reprise à de nombreuses occasions et notamment en France pendant la drôle de guerre.
Une cinquième colonne est à l’œuvre en France depuis des décennies. Elle l‘est par des actions modestes, qui respectent en apparence le cadre légal, mais s’engouffrent dans ses failles, profitant de la naïveté des autorités politiques et judiciaires. Elles sont destinées à déstabiliser à terme la société française, et la préparer à des actions d’éclat, celles-ci meurtrières, que l’on nomme terrorisme.
Ces discrets combattants, prédicateurs venus de pays théocratiques qui redoutent la contagion des mœurs dissolues des infidèles, ont avancé leurs pions sous couvert d’un renouveau religieux. Ce prétendu retour à « la » religion constituait plus une conversion sur une base étnique qu’un regain de foi. Les prêches ont prospéré sur le terreau d’une insatisfaction sociale d’immigrants de la deuxième génération qui peinait à trouver sa place dans une société française, elle-même affrontée à un déclassement économique.
L’offensive a avancé pas à pas. Débutant avec l’affaire, semblait-il bénigne, du voile, elle s’est poursuivie par la campagne des menus halal, les pratiques discriminatoires envers les femmes dans les services publics, et la colonisation des esprits dans les mosquées, puis les écoles, elle n’a cessé de conquérir des espaces sociaux, de sorte que désormais l’on n’hésite plus à déclarer ouvertement que la loi coranique, la charria doit prévaloir sur celle de la République.
Ces menées subversives, d’abord anodines, tendaient à séparer les musulmans du reste de la population. Elles ont été accompagnées et favorisées par les discours victimaires, les appels à la repentance, les imprécations indigénistes, décolonialistes et autres pseudo-anti-islamophobes. Les rétro-racistes, pratiquant un racisme à rebours anti-blanc, ont apporté leur pierre.
En tout cela, les “idiots utiles”, dont le sieur Plenel, servant la soupe à Tarik Ramadan, est la tête de gondole, et Mélenchon, chef d’un parti plus dupe que méchant, est le faire valoir, ont trouvé leur compte. Ces accusations infâmes de racisme ne pouvaient que leur convenir, comme tout ce qui peut faire vaciller un régime qu’ils abhorrent. Bien entendu, le levier de l’anti-judaïsme, toujours efficace pour attiser la haine, a servi de caution aux ennemis de la République une et indivisible.
Face à ces inconséquences et au ressenti d’agression d’une opinion publique plus clairvoyante que ses gouvernants, la classe politique s’est défaussée sur le Conseil d’Etat, en prétendant qu’il suffisait de rappeler au respect de la laïcité, pour que la paix sociale soit maintenue. Très vite, ce remède s’est révélé pire que le mal, puisque, très naturellement, les Islamistes, jamais à court d’arguties juridiques, ont fait valoir que les règles de laïcité devaient concerner toutes les religions et qu’au demeurant le principe de laïcité est inscrit dans une loi qui prévoit que l’Etat doit garantir la liberté de culte. Ainsi, ils enrôlaient de force dans leur combat les pratiquants d’autres religions, et prenaient à contrepied une classe politique aussi inculte qu’imprévoyante.
Dans cette impasse, le Conseil d’Etat, composé d’une élite de privilégiés qui n’avaient jamais été confrontés aux tensions que l’islamisation provoquent dans les quartiers dits “difficiles” et autres banlieues, a cru qu’il lui suffisait de normaliser les décrets et arrêtés en se tenant au critère du trouble à l’ordre public, et qu’ainsi la quiétude sociale reprendrait ses droits. C’était mal évaluer la stratégie islamiste qui ne veut pas d’un vivre ensemble paisible, mais pratique une religion de combat.
Désireux d’établir et consolider dans les Etats musulmans une théocratie rigoureuse, la stratégie des Islamistes est de montrer à quel point les régimes libéraux sont fragiles, contradictoires et peuvent être désorganisés par leurs propres principes. Des principes démocratiques que chez eux ils n’appliquent absolument pas.
De fait, la laïcité n’était pas le bon vaccin contre les menées subversives de la cinquième colonne islamiste, en particulier tel qu’administré par le Conseil d’Etat.
La comparaison avec les autres religions aurait dû être déclarée irrecevable. En effet, la laïcité inscrite dans la loi respecte la liberté de croire, ou non, et de pratiquer , ou non, elle ne donne pas de passeport à l’hostilité quand elle se revêt de prétextes religieux. Les religions, les idéologies qui ne sont pas agressives ou revendicatrices n’ont pas de raison de se voir opposer la laïcité. Elles vivent dans le cocon de la paix publique. L’agression se reconnaît de manière très simple : c’est l’attitude qui remet en cause les valeurs républicaines et veut modifier les usages de vie au nom d’une exigence religieuse nouvelle. L’intrusion de Dieu dans la République commence avec le voile et se termine par “Allah Akbar”, l’incantation des assassins. Il n’y a aucune discontinuité dans ce parcours ; seulement des étapes, et une question de degré.
S’il n’y avait pas de terrorisme, pas de décapitations, pas de danger perceptible de déséquilibre social, les us et coutumes des musulmans ne poseraient pas plus de problème que les coiffes des bigoudènes.
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