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De la Chambre ingouvernable au Gouvernement introuvable



Après les « demi-habiles » qui ont des solutions à tout, voici venir les « demi-agiles ». Ils sont les girouettes qui tournent plus vite que le vent. Ils sont persuadés de commander aux éléments dont la fureur les emporte. Ils sont les marchands de parapluies qui chantent faux pour faire pleuvoir.


« Puisque ces mystères m’échappent, feignons d’en être l’organisateur », écrit Jean Cocteau dans Les mariés de la Tour Eiffel.


Agile parmi les agiles, du moins le pense-t-il, Emmanuel Macron réagit à la défaite par une surenchère. Comme à son habitude, il confond « agir » et « réagir ». L’action est le mouvement de celui qui sait où il va, qui poursuit un objectif et s’en donne les moyens. Celui qui réagit est le jouet du destin. Il croit le maitriser, mais, en fait, il le broie.


Il voulait une clarification. Il l’a eue, mais contre lui. Le nouveau « Front populaire - sans le peuple », celui-ci étant remplacé par « les minorités », a ressoudé la Gauche sous la coupe de ses extrémistes. Des socialistes raisonnables et honnêtes de Gluksman, il ne reste rien. Tous vont à la soupe. Même Hollande se soumet à Mélenchon, car, dit-il, Macron ne peut plus faire barrage au RN. Le barrage, voilà ce qui lui tient lieu de programme.


L’agilité intellectuelle de l’ancien Président le conduit à soutenir un accord électoral avec  un mouvement dominé par les LFI, qu’il disait moralement disqualifiés jusqu’ici, notamment par leur positions pro-Hamas.


Mais à qui François Hollande veut-il faire barrage en s’alliant aux LFI qui ont « bordélisé » l’Assemblée Nationale et prônent la violence de rue, avec l’aide des Black blocks et Anti-fa, et dont l’idéologie exige la fin du capitalisme et excite à la haine communautaire et anti-sémite ? Mélenchon qui fait une purge stalinienne au sein des LFI, au grand dam de François Ruffin, et des écologistes, pour le radicaliser est-il un homme à soutenir ?


Le Rassemblement National comparé aux LFI est un modèle de modération et de pacifisme. A l’Assemblée Nationale, ses députés se sont toujours tenus correctement, ils ne sont descendus dans la rue que pour défiler contre l’antisémitisme, et n’ont jamais remis en cause le système économique actuel. Leur populisme consiste surtout à prôner la défense des intérêts français plutôt que ceux d’une construction européenne bureaucratique, et à vouloir maitriser les flux migratoires.


François Hollande montre une agilité intellectuelle et morale qui est celle de Gribouille qui pour ne pas être mouillé par la pluie s’en va plonger dans la mer. On comprend mieux la contorsion de l’ancien Président quand on apprend qu’il se présente aux législatives en Corrèze, comme Ciotti, il pense d’abord à lui-même.


On s’interroge sur les raisons qui justifieraient que l’on choisisse LFI plutôt que RN, et la balance est claire. S’il faut faire barrage, c’est contre LFI et ses complices qu’il faut voter. C’est d’ailleurs ce que François-Xavier Bellamy vient de déclarer pour le second tour.


En bousculant et précipitant le calendrier, Emmanuel Macron a rejeté le personnel politique aux extrêmes, sans profiter de leur effet répulsif, car c’est lui-même qui est désormais le repoussoir absolu. Sa propre majorité, relative et sortante, refuse même de faire campagne sous son nom devenu « radioactif ».  Le peu qu’il en restera pourra être crédité à Gabriel Attal.


Il n’y a plus à se demander si Emmanuel Macron démissionnera, il a déjà disparu, titre l’Opinion qui est un organe de presse très modéré.


Il y a, en catimini, des accords de non concurrence entre les partis macronistes et les LR non-ciottistes dans nombre de circonscriptions. Si une politique commune avait été possible entre eux, il n’y aurait pas eu de dissolution. C’est là aussi de l’obscurité que l’on propose à l’électeur, le seul objectif de ces brigueurs de suffrages étant d’être contre.


Le plus désolant de la situation politique française où mènent sept ans de présidence Macron, c’est que l’argument électoral majeur est de « faire obstacle, faire barrage, voter contre », contre Macron, contre le RN, contre la nouvelle Nupes… Qui rappellera à ces apparatchiks de tous bords que ce n’est pas un contre-gouvernement dont la France a besoin ?


Les programmes, que personne ne lira et sur lesquels il n’est pas possible d’éclairer les Français en si peu de temps, sont des collections de délires attrape-tout. La palme revient à la gauche ivre de l’odeur du sang du combat électoral qui promet des impôts et des allocations à gogo, ainsi que l’abrogation d’une réforme des retraites déjà financièrement insuffisante. Ce que l’on comprend est qu’elle projette de faire exploser la République pour instaurer un nouveau régime de type vénézuélien. Par contraste ce chiffon rouge rend les RN raisonnables, d’autant plus que ceux-ci s’emploient à gommer les aspérités de leur catalogue de promesses. Quant aux Macronistes et aux LR-canal Chirac, bien malin qui devinera leurs intentions pour l’avenir.


Le saut dans l’inconnu est garanti quelque soit le bulletin, le scrutin à venir sera libre mais pas franchement éclairé. Il ne répondra donc pas à cette exigence d’une consultation démocratique. Cerise sur le gâteau, l’électeur ne pourra différencier les LFI des autres membres de l’alliance dénommée sur les affiches « Front populaire », de sorte que les Mélenchonistes avancent masqués.


Les subtilités des triangulaires à venir laissent présager bien des surprises, mais d’ores et déjà il est évident que ce n’est pas le centre qui pourra en sortir gagnant. Au mieux, il peut espérer empêcher l’un des extrêmes d’atteindre la majorité absolue. A une Assemblée Législative ingouvernable, aura succédé un Gouvernement introuvable.


1 Comment


francis.bretton
Jun 15

Ta conclusion est malheureusement très probable. La Bourse l'a bien compris.😪

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