Divergence
- André Touboul
- 31 oct. 2022
- 5 min de lecture

Comme des zombies, les responsables Français de l’éducation et de l’information marchent en titubant vers l’abîme. L’exemple de la société nord-américaine, que le wokisme, attisant l’extrémisme suprémaciste, a divisé en deux camps inconciliables, ne leur sert pas de leçon. Pourtant le séisme qui secoue la société outre-Atlantique est alarmant. Il s’agit d’une rupture de faille qui va jusqu’à provoquer des lectures alternatives, voire opposées, de la réalité.
De ce divorce, c’est bien l’activisme woke qui est responsable, il a, en effet, éliminé les progressistes raisonnables qui plaçaient l’objectivité au dessus du militantisme et assuraient aux Etats-Unis une Presse de qualité et des Universités à l’esprit ouvert. Par une réaction à un radicalisme d’extrême gauche, exploitée par Trump et ses soutiens complotistes, une moitié du peuple américain s’est vue précipitée dans une extrême droite où beaucoup, néanmoins, ne se sentent pas à leur aise.
La France suit aveuglément le même chemin. Les Universités et les divers IEP que Sciences Po Paris a disséminés en province, sont sous contrôle d’une gauche extrême qui combine islamo-gauchisme, ultra-féminisme et wokisme avec un zeste d’écolo-anarchisme. La stragégie de ces « intraitables », qui rappellent par leur intransigeance les »exagérés » partisans d’Hebert guillotiné en 1794, est de bousculer la société par des excès dans l’espoir que le chaos provoqué leur permettra d’accéder au pouvoir, et ceci d’autant mieux qu’ils auront formé à leur main une génération d’intellectuels déconstructeurs.
Mme S. Rousseau, présidente d’une branche de l’Université de Lille, y impose en toute illégalité l’écriture inclusive qui massacre la langue française. La liberté d’expression est proscrite à la Sorbonne où il faut sa montrer sa patte gauche pour participer à des débats. Bientôt les juifs, soupçonnés tous d’être des sionistes, suppôts de la suprématie blanche y seront interdits. A Grenoble, la police de la pensée est à l’œuvre. Les résultats sont déjà là : aux dernières élections présidentielles, plus de la moitié des étudiants de Sciences Po ont voté Mélenchon, également plébiscité par les détenus de droit commun dont le vote est recensé Place Vendôme. La convergence de ces votes n’est pas fortuite. Elle marque une marginalisation de l’élite future.
Pour ne rien arranger les ultra-gauche américains se réclament d‘intellectuels français du siècle dernier et de ce qu’ils nomment la french theory, ne jurant plus que par le déconstructionnisme de Derrida.
En France, cette génération contaminée est promise à nourrir le monde des médias et de la communication, voire des partis politiques. Elle aura été éduquée dans un monde parallèle, en divergence avec la vraie société française qui, confrontée aux réalités de la vie est de plus en plus à droite.
Cette divergence porte en elle la certitude de prochaines violences. L’eau qui dort, cette majorité silencieuse parce que sans voix ne peut manquer de se réveiller. Trouvant son tribun, comme Trump aux Etats-Unis, elle basculera dans le populisme d’extrême droite.
Le personnel médiatique est déjà majoritairement à gauche, ce qui explique sa complaisance envers les clowneries de Mélenchon. Mais, l’on a encore rien vu. Cette gauche là est ce qui reste du socialisme français mâtiné de communisme, qui avait encore soin du peuple laborieux et des gens de condition modeste. La gauche woke, celle des intraitables, qui va lui succéder ne se soucie pas des travailleurs qu’elle méprise. Elle revendique même le droit à la paresse. Ses combats sont ceux de minorités d’opprimés fantasmés plus que réels qui, disparates et même inconciliables, tels les islamistes et les féministes, ne feront jamais une majorité. La génération Mélenchon est condamnée à être de plus en plus isolée, donc catégorique et agressive. Sa mainmise qui s’annonce sur les médias exaspère déjà les citoyens lassés que des moralistes impubères leur donnent des leçons d’intolérance au nom de la tolérance, alors que les classes populaires sont abandonnées à l’extrême droite.
On moque les Américains qui se partagent en deux blocs inconciliables, mais c’est exactement le même type de fission nucléaire qui se prépare en France. Il faut s’attendre à ce que sous l’effet de forces divergentes, telles la matière et l’anti-matière, entre l’élite intellectuelle et le peuple, le noyau social explose.
Le divorce entre le peuple de France et son élite des médias est déjà en cours. Cette dernière a la dent dure contre les supposés racismes et les prétendues exclusions dont la France profonde, pour ne pas dire franchouillarde, serait coupable. Mais c’est un ventre mou face aux poussées de l’islamisme politique qui désormais s’en prend à l’école, en tentant d’y imposer des vêtements religieux. L’homme de la rue ne peut que se sentir trahi par ceux qui parlent pour lui et décident en son nom.
Le problème est aggravé par le fait que l’offensive islamiste dépasse le territoire français, elle se déploie dans toute l’Europe, où sous prétexte de défendre les libertés individuelles, les institutions de l’Union font la promotion du hijab. On peut s’en offusquer quand des femmes meurent en Iran et en Afghanistan pour se libérer de l’obligation du port du voile qui n’est pas un simple fichu, ni un accessoire religieux, mais un instrument de soumission à l’homme. Les Mollahs et les Talibans sont les ennemis de la liberté et en particulier de celle des femmes. Les vêtements qu’ils prônent ne sont rien d’autre que l‘uniforme de l’ennemi. Ce n’est pas une manifestation de liberté que de les porter, mais d’hostilité. Quant à la liberté du port du voile, elle n’est en France que théorique ; de fait, bien des femmes, contraintes dès leur jeune âge à cette acceptation de dissimuler leur « impureté », n’ont dans certains quartiers aucun choix. Cette question du foulard, d’apparence anodine, pourrait bien être la mèche courte qui mettra le feu aux poudres entre la population française et ses représentants.
Paradoxalement, la France pourrait bien être sauvée par un vent de folie venu du froid. L’aventure guerrière de Poutine va accélérer la réduction de la dépendance aux énergies fossiles, et a commencé de provoquer une recession mondiale. Ce choc avec les contingences du réel qu’il implique devrait ramener sur terre nos apprentis wokistes qui ne sont rien d’autre que les enfants gâtés d’une prospérité construite par les peines et sueurs de leurs aïeux. Ils apprendront à l’apprécier, quand ils en seront privés.
Aux Etats-Unis, aujourd’hui, le seul point de convergence des Démocrates et des Républicains est l’urgence du soutien à l’Ukraine. Chacun comprend que l’avenir du monde ne se joue pas dans le Pacifique, mais dans la vieille Europe. Si l’Ukraine tombe, ce sera bientôt Taïwan, et une confrontation militaire directe entre Chine et USA. La fin d’un monde et peut-être celle du Monde sont des perspectives qui font passer les dissensions internes au second plan, si profondes soient-elles. Quand les barbares sont aux portes, les discussions wokes sur le sexe des anges ne sont plus de saison.
La génération d‘utopistes hors sol qui est promise à notre classe dirigeante sera bien obligée de revenir aux réalités. Espérons que leur formation, ou plutôt leur déformation ne leur interdira pas d’ouvrir les yeux, et qu’ils sauront converger avec ce bons sens populaire que l’on appelle parfois la sagesse des nations. La déconstruction est un luxe que l’on ne peut se permettre quand, à nos portes, une guerre est menée pour détruire notre civilisation. Que Mélenchon et Sandrine Rousseau aient le même but désructeur que Vladimir Poutine devrait suffire à les disqualifier.
Si l’élite française ne se ressaisit pas, il y a fort à parier que des têtes finiront au bout de piques comme pendant la Révolution, car la colère du peuple contre une classe dirigeante qui le trahit est toujours accompagnée des plus terribles excès. Il faut miser sur son instinct de conservation de nos intraitables pour qu’ils se rapprochent du peuple dont pour l’heure ils divergent.
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