Du tourisme en Afrique
- André Touboul
- 10 mars 2023
- 2 min de lecture

En Afrique, la France est passée du soutien à des potentats, les fameux « rois nègres », à une position plus morale favorisant les oppositions pour établir des pratiques démocratiques. L’instabilité politique inhérente à des problèmes locaux, ethniques, économiques, et tenant aux frontières, en a été accentuée. Dans ce paysage les coups de boutoirs islamistes ont joué, mais n’étaient pas le souci majeur des gouvernements, ni des populations car très localisés. Les putschs qui ont porté des juntes militaires au pouvoir dans plusieurs pays ont pris à contrepied la belle idéologie française de soutien des gouvernements moraux.
Quand il parle de France Afrique, E. Macron a un métro de retard. Il y a déjà longtemps que le réalisme a déserté la politique africaine de la France.
Donneurs de leçons, les conseilleurs français qui ne sont pas les payeurs, ont perdu le crédit des anciens coloniaux. Car, contrairement à ce que l’on dit et répète, l’héritage de la colonisation n’est pas considéré (sauf quelques activistes excités) comme négatif. Dans la plupart des pays, la culture française est le lien premier avec le monde moderne.
Bien entendu, l’argent chinois et la milice russe sont appréciés des gouvernants particulièrement ceux en trellis militaires.
Il existe des contre-exemples. Un cas où la France a soutenu un coup d’Etat, un autre où une ancienne colonie, le Gabon, a rejoint le Common Wealth. Mais dans l’ensemble la France préfère la morale démocratique qui est vécue comme un « de quoi je me mêle ». Et d’autre part, les liens culturels sont ce qu’ils sont, la preuve en est dans le choix des pays vers lesquels l’immigration se dirige.
Comme à son habitude de séminariste jésuite, Frère Emmanuel Macron croit que faire du mea culpa mâtiné de paternalisme, (souvent la repentance n’est rien d’autre que du paternalisme), va suffire à effacer le passé. C’est tout le contraire qu’il faut faire. La table rase consiste à vouloir construire l’avenir sur rien. Si la France a un futur en Afrique, c’est en jouant sur le registre culturel. Restituer des oeuvres d’art, voilà une bonne idée. Agir pour la francophonie en développant des écoles en serait aussi une. Évidement au temps où l’on capitule face au Globish, une telle politique ne coule pas de source.
Quant aux entreprises françaises, elles doivent se résigner à admettre, qu’à l’époque où partout on parle anglais pour le business, la concurrence est ouverte. Mais elles ne peuvent pas oublier qu’au-delà du baragouinage dans un anglais estropié, la culture est un fond de sauce qui ne disparaît pas.
Le Président de la France qui ne parle pas d’abord et surtout d’échanges culturels quand il voyage en Afrique n’y fait que du tourisme.
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