Emmanuel Macron : Mon adversaire, c’est l’anti-France !
- André Touboul
- 14 août 2024
- 3 min de lecture

Paris 2024, fut une réussite, certainement oui, mais exceptionnelle, pas autant qu’on le dit.
Aux jeux olympiques de Londres 2012 le Royaume Uni a moissonné 65 médailles dont 29 d’or, 18 d’argent et 18 de bronze. Le pays organisateur bénéficie d’une prime, sans doute due pour partie au soutien du public, et pour une autre à la mobilisation autour des sportifs et à l’émulation toute particulière de l’événement. A cette manifestation, la France se contentait de 35 médailles dont 11 en or.
Au total des médailles pour les Jeux de Paris 2024, le score des Français (16, 26, 22 = 64) est comparable à celui des Britanniques en 2012, encore que les médailles d’or soient notablement moins nombreuses.
Le fait que Paris 2024 ne soient pas une catastrophe est déjà un succès. Sur le plan sécuritaire, c’est indéniable. S’agissant de l’organisation, on ne peut déplorer aucune critique sérieuse. L’ambiance a été festive, ce qui, pour la fête mondiale du sport, est la moindre des choses, mais tranche avec la soupe à la grimace médiatique de ces derniers jours. La trêve effective, bien que rejetée au départ par le NFP, de jeux politiques navrants est sans doute un motif de satisfaction.
Mais le propre d’une trêve est de se terminer par la reprise des hostilités, là où on les avait laissées. C’est une parenthèse qui ne règle rien. Ni dans le fond, ni dans la forme.
Néanmoins quelque chose a changé.
Emmanuel Macron, habilement muet pendant les Jeux, reprend la parole, évidement pour pavoiser. Il a raison. Que les cérémonies et les épreuves se soient déroulées sans anicroche est en soit un exploit. Il faut dire que les primes avaient été distribuées larga manu, pour éviter tout couac social, et la sécurité, enfin, sérieusement traitée.
Les Jeux sont finis, ils seront prolongés par les Paralympiques, mais d’ores et déjà on peut prévoir que pour les jeux politiques, il va y avoir du sport… enfin, peut-être.
Le Président a dans son jeu peu d’atouts. Ses meilleurs cartes sont, en fait, ses opposants. Leur entêtement, leur vues étroites, leurs discours bornés, leur promesses démagogiques, leur faible représentativité et leur niveau affligeant, tous ces caractères sont largement partagés quelque soit leur couleur politique.
La stratégie d’Emmanuel Macron sera de prendre à témoin l’opinion du manque de civisme de ceux qui joueraient contre la France. Mon adversaire, c’est l’anti-France, pourra-t-il proclamer. Il sera aidé en cela par un certain retour de la fièrté d’être Français que l’on doit d’ailleurs autant sinon plus aux athlètes qu’aux organisateurs.
La perspective de 2027 devrait peser sur l’attitude du parti de Marine Le Pen qui devrait s’attacher à se donner une image de responsable capable de gouverner. Malheur à celle par qui le scandale arrive.
La Gauche classique devra aussi s’interroger sur le vote d’une censure qui la rendrait responsable du blocage du pays. Il est malaisé de rendre crédibles les politicailleries quand le peuple a rêvé de médailles d’or.
Inévitable, avant les Jeux et dans la foulée des élections législatives, la censure de tout gouvernement nommé par Macron devient aujourd’hui moins évidente, dès lors qu’une page parait tournée. Ainsi la parenthèse aura joué le rôle de ponctuation.
Pour la première fois depuis bien longtemps, Emmanuel Macron a montré une finesse politique certaine en accompagnant cette césure qui rend évidente l’ouverture d’un chapitre nouveau.
L’agitation vaine de Mme Castets de ces derniers jours était bien le sentiment que le soufflet du NFP allait s’affaisser. On verra si les mouvements de menton de cette parfaite inconnue, sans bagage politique, suffira à le regonfler. La suggestion de l’esprit tortueux d’Alain Minc à Emmanuel Macron de nommer Mme Castets pour qu’elle tombe sur un vote de défiance et purger l’hypothèse Front Populaire, serait de nature à relancer celui-ci et portant les LFI au pouvoir serait une imprudence fatale. On sait, en effet que quand ils parviennent aux commandes, ils ne les quittent jamais. Le bourrage des urnes par Maduro, le modèle de Mélenchon, pour ne prendre qu’un exemple actuel, devrait servir de leçon. Compter, en outre, sur les Socialistes pour contenir les Révolutionnaires est la preuve d’une amnésie politique confondante. Ces derniers ont toujours liquidé les premiers.
On doit espérer qu’Emmanuel Macron soit mieux avisé que Monsieur Minc.
Nul doute que le Président, plus que jamais maître des horloges, fera durer le plaisir (?) avant de livrer le nom de son prochain Premier ministre, inaugurant une nouvelle séquence. Les mantras des uns sur leur prétendue victoire aux législatives auront un goût de réchauffé. L’amertume des autres sur le Front républicain, justifiant une opposition systématique auront tiédi.
La politique, version médiatique, est construite sur des surprises. Il y aura donc une prime à la nouveauté dans les jours à venir.
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