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Emmanuel Macron reporte son pot de départ à 2027

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 5 mars 2022
  • 5 min de lecture


La lettre qu’Emmanuel Macron a dressée aux Français ce vendredi 4 mars, n’est rien d’autre qu’un faire-part de report de son pot de départ à 2027.


Emmanuel Macron n’est pas candidat à une réélection, mais à une tacite reconduction. Son programme ? Il propose sans vergogne de « l’inventer » en route avec les Français. On ne pourrait mieux dire qu’il n’en a pas. Il n’y aura donc pas lieu à débat, puisque l’on ne discute pas de ce qui n’existe pas. Comme souvent, l’on découvrira au fur et mesure ce qu’il lui aura passé par la tête. C’est un chèque en blanc qu’il demande aux Français.


On pourrait s’offusquer de tant de désinvolture, mais le Président en exercice n’est pas seul responsable de cet état de fait qui résulte surtout de la situation internationale qui vient en quelques jours de nous faire changer d'univers. D'une pandémie qui a montré que la planète était de plus en plus interdépendante, c'est le monde du chacun pour soi et contre les autres qui s'invite, jusqu'à passer d’une guerre économique totale avec la Russie, à la menace nucléaire. Dans la stupeur qui a saisi une grande partie de l'humanité, les enjeux du quinquennat se sont effacés devant l’imminence d’une possible apocalypse pour maintenant.


La sagesse populaire le dit, on ne change pas de cheval au milieu du gué, et les eaux sont tumultueuses. Macron sera donc reconduit. Mais ce sera une élection pour la forme, avec, sans doute, une abstention considérable ; il sera ainsi frustré d'une réelle victoire, comme d’une probable défaite de ses adversaires. Ceux-ci protestent pour la forme, mais dans le fond sont soulagés de cette élection qui n’en sera pas une. Le véritable scrutin est désormais celui des législatives. En juin prochain, c’est à dire dans trois mois, il y a de fortes chances que la crise ukrainienne soit stabilisée, et qu’une véritable campagne puisse avoir lieu. Il faut l’espérer, car, à défaut, ce sera à cinq années d’immobilisme dans les réformes, et d’agitation populaire qu’il faut s’attendre.


La Cinquième République, elle-même, pourrait ne pas y survivre. Après un premier mandat obtenu, selon son propre aveu, par effraction. Emmanuel Macron devrait le second à la stupeur d'un concours de circonstance, qui semblera un hold-up à des attentes de droite, largement majoritaires dans l'opinion. De cette parenthèse, la démocratie sortira en piteux état. La question de la légitimité des institutions, déjà dans les esprits, avec la mascarade des parrainages, sera posée sur la table. Soit en cours de mandat, soit à son issue. La Cinquième République parait usée jusqu’à la corde, son système de Président monarque qui a détruit les corps intermédiaires, échoue à faire émerger des politiques correspondant aux attentes des citoyens. Il ne serait pas absurde que dans la confusion qui devrait s’installer, il devienne inévitable de convoquer une nouvelle Assemblée Constituante, élue à la proportionnelle. La Cinquième République est la seule constitution républicaine qui n’aura pas été négociée par une Assemblée, mais octroyée, c’est à dire établie par un seul et ratifiée par référendum. Les Français sont un peuple adulte, ils méritent de participer à l’établissement de leur propre constitution.


Il n’y a, hélas, pas grand chose d’autre à dire sur la situation politique en France, le pays étant entré dans une zone d’apesanteur crée par l'énorme trou noir de l'agression russe qui aspire toutes les interrogations du moment.



La stratégie d'Ivan le fou


Jusqu’où Vladimir Poutine veut-il aller ? A Kiev ? Ou à Berlin ?

S’il s’agit de mettre la main sur les plaine d’Ukraine, ou même sur quelques États baltes, la balance des gains et des pertes est sans conteste déséquilibrée. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Ce serait une autre affaire si l’objectif était de faire exploser l’Union européenne, et retourner à la situation préalable à la chute du mur. Absurde ? Pas totalement. Le Royaume-Uni a déjà quitté l’Union, et s’est désarrimée du continent. Il ne reste que la France qui serait susceptible de s’opposer à ses vues. Mais, son opinion des Français le porte à croire qu’ils ne seront pas prêts à mourir, ni pour les Etats baltes, ni pour la Pologne, ni pour l’Allemagne.

Quand Poutine parle de dénazifier, il fait référence à un régime spécifique à l’Allemagne qui a justifié que celle-ci soit coupée en deux pour ne plus constituer une menace, mais qui n'existe plus depuis près de trois quarts de siècle. En toute logique, reconstituer le glacis défensif de la Russie, comporte le contrôle d'une partie de l'Allemagne. Olaf Scholz l'a bien compris en annonçant 100 milliards d'euros pour la défense. C'est ainsi le retour d'une course aux armements qui pourrait bien cette fois être un sprint plus qu'un marathon.


Toutes ces considérations sont certainement présentes dans la tête du Président russe. On ne peut manquer d’observer que Vladimir Poutine se met en scène, exhibant un visage impassible, pour annoncer les pires horreurs avec un ton uni. Il croit se composer une « poker face », pour terroriser les populations qui se demandent encore quelle mouche l’a piqué. Mais c’est plutôt à Buster Keaton qu’il fait penser, imperturbable dans toutes les situations catastrophiques qu’il déclenche.


Cependant, à la différence du comique américain, Poutine n’est pas drôle, car il est parfaitement conscient des risques. Il était évidemment informé de la forte détermination du peuple ukrainien à résister, puisqu’il est allé jusqu’à fredonner une chanson russe qui dit en substance « que cela te plaise ou non tu vas y passer ». Il savait aussi que les réactions occidentales seraient vigoureuses sur le plan économique, toutes les hypothèses en avaient été évoquées depuis des semaines. Si Poutine donne le sentiment qu’il a sauté à pieds joints sur un râteau, c’est qu’il veut démontrer que cela est volontaire : même pas mal ! C’est la stratégie d’Ivan le fou. Soumettez-vous, ou je fais un malheur.


Poutine ouvre la boîte de Pandore et parait indifférent à ce qu’il va en sortir. On le dit irrationnel, mais il faut reconnaître qu’il ne s’est engagé dans cette voie, empruntée depuis la reculade historique de Barak Obama en Syrie, que grâce au vide laissé par les Etats-Unis. Il est des responsabilités dont on ne démissionne pas impunément.


Le géant Atlas portait la voûte céleste, sur ses épaules. Les Etats-Unis qui jouaient depuis un siècle le rôle d’Atlas ont fléchit les genoux ; et à peine ont-ils fait mine de se retirer de l'Atlantique, le Monde tel qu’il était soutenu par eux, a basculé. Pendant qu’ils regardaient vers le Pacifique et la Chine, c’est en Europe centrale que l’équilibre a été rompu. L'Europe affaiblie par le Brexit est incapable de faire front à l'expansionnisme de l'ours russe. L'oncle Sam lui a laissé la porte ouverte en partant.


Tant que Les Américains n’auront pas compris que la planète est un tout, ils assisteront impuissants à l’effondrement de la Pax Americana. D’une mondialisation, certes difficile car suscitant des concurrences, mais créant des solidarités, on passe à une planète divisée que des Etats prédateurs se disputent désormais à coups de griffes et de dents. A l’exigence parfois violente du commerce succède la brutalité des armes. S’il n’est pas mis fin d’urgence au délire d’un Poutine, la bascule sera irréversible.


Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à devoir agir d'urgence.

Les Britanniques ont des cartes en mains, car ils détiennent la plus grande part des fortunes des oligarques sans qui Poutine ne peut tenir longtemps. Il les a enrichis, ils le soutiennent ; s’il les ruine, ils le lâcheront. Hélas, Boris Johnson parle plus fort qu’il n’agit.

Les autorités religieuses aussi devraient monter aux créneaux, Sans doute le Pape François pourrait-il inviter les représentants des toutes les religions de par le monde à se réunir pour manifester une volonté de proscrire les moyens de la guerre.


Dans cette tempête, Emmanuel Macron est un fétu de paille, mais qu'avons-nous d'autre ?

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