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Exodus

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 24 sept. 2023
  • 3 min de lecture





La Terre promise où coule le lait et le miel, tel est l’imaginaire africain à propos de l’Europe. Ce rêve subsiste, plus fort que les risques de périr par noyade malgré de prétendues haines de la France et de l’Occident de la part d’anciens (très anciens maintenant) colonisés qui proclament leur volonté de prendre dans leur propres mains leur avenir, un droit qu’ils ont depuis un demi-siècle.


Quand les Béni-oui-oui de la politique ressortent l’argumentaire de la prétendue France-Afrique, qui n’existe plus depuis belle lurette, et simultanément proposent d‘aider les pays de ce continent défavorisé d’accéder au développement pour tarir l’attractivité comparative de l’Europe, on ne peut que s’étonner de la contradiction entre ces deux pétitions de principe.


En effet, déverser des millions sur les pays concernés est une inévitable mise sous tutelle, si l’on veut que cette mane ne soit pas aussitôt détournée par des dirigeants corrompus, ce qui est l‘actuelle situation. La réalité de la vision depuis l’Afrique de l’Europe est une immense déception, à la mesure d’une gigantesque attente. Les peuples décolonisés ont cru que la liberté et la démocratie leur permettrait en quelques décennies de devenir aussi prospères que leurs anciens colonisateurs. Ainsi seulement, l’on peut expliquer le mélange d’attraction et de rejet de l’Occident, dont la France est le représentant, dans le tréfonds de l’âme africaine.


Ainsi voit-on se multiplier en Afrique des coups d’Etat militaires anti-France, et dans le même temps se lever une vague d’immigrants qui ressemble de plus en plus à un exode auquel il ne manque qu'un Moïse pour ouvrir en deux la Méditerranée.


Le casse-tête le plus tragique auquel les Européens et leurs dirigeants sont confrontés depuis le début du siècle, et qui subsistera jusqu’à sa fin sinon au-delà, est celui de l’immigration.


De prime abord, il s’agirait d’une balance entre deux attitudes. Il y a celle humaniste qui consiste à ouvrir les bras et les frontières à des populations chassées de leur pays par la guerre, la détresse économique, les aléas climatiques. Ceux qui s’en tiennent là s’érigent en moralistes, mais en considérant les conséquences et les motivations qui sont moins nobles et charitables que proclamé, on hésite à adhérer aux discours souvent hypocrites de ces donneurs de leçons.


La seconde posture est celle du chacun chez soi, qui dérive vite vers le « on n’est plus chez nous« . Terre-à-terre, elle considère les capacités d’accueil limitées d’un espace certes riche, mais qui est fragile dans ses équilibres culturels et vulnérable aux difficultés d’une assimilation ou même d’une intégration de nouveaux arrivants. En effet, les mœurs de ces populations ne sont pas toujours compatibles avec celles des natifs et cela peut prendre les allures de conquête, voire de l’invasion d’une armée des pauvres. Le réalisme incontestable de ses tenants pêche par le fait que devant les situation concrètes de naufragés volontaires, il est impossible de détourner les yeux et de continuer à vivre en laissant mourir.


De fait, cette alternative est trop simpliste. Elle néglige en premier lieu la diversité des forces qui mobilisent les arrivants. Certaines sont des urgences vitales qu’elles soient dues à des conflits, des régimes politiques tyranniques, où des catastrophes écologiques D’autres sont des volontés de profiter d’une prospérité qui miroite en contraste avec les perspectives sombres de pays où le développement n’est pas à l’ordre du jour. On ne peut traiter ces situations de la même manière. Il doit exister un ordre de priorité. L’humanité commande de privilégier les premiers, car il faut proportionner l’afflux aux capacités d’absorption économique et sociale.


En effet, si l’immigrant trouve ici une amélioration de son sort, la comparaison avec le niveau de vie de la population européenne prend très vite l’allure d’une injustice flagrante. Il se produit aussi des déséquilibres culturels qui nourrissent insatisfactions et rancœurs. Ainsi, les immigrants, non seulement se réfugient dans des traditions apportées dans leurs baluchon, mais en importent ou en inventent d’autres qui n’ont jamais été les leurs et les singularisent. Ainsi, tout à la fois, ils s’insurgent d’être discriminés et s’emploient à se différencier, donnant le sentiment qu’ils entendent mettre à bas la société qui les a accueillis. On peut douter de l’humanisme d’une humanité qui met dans l’embarras et la douleur tant l’immigrant que le natif.


On doit aussi souligner qu’il existe une hypocrisie dans l’affaire, car les immigrants constituent une main-d’œuvre docile et bon marché. Il est tout de même difficile de croire en une générosité qui exploite ses obligés. Là aussi, réside une source d’aigreur qui, si elle ne se manifeste pas à la première génération, explose à la seconde et aux suivantes, lesquelles, sortant de l’état de nécessité, n’ont pas pour autant accès aux mêmes facilités que les autochtones dits de souche, qui sont souvent des immigrants de jadis totalement assimilés.



 
 
 

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