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Faites comme chez vous

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 30 oct. 2021
  • 5 min de lecture



Ces temps derniers, l’Algérie est revenue sur le devant de la scène. Les tentatives de réconciliation d’Emmanuel Macron ont fait long feu, et bien pis elles ont ravivé les brûlures et approfondi les plaies.


Sans surprise, car elles n’avaient rien de sincère, elles n’étaient, comme tout ce qui est fait par le Président, en ces moments préélectoraux, que simagrées destinées à se concilier des électorats. Distribuant des douceurs verbales comme il le fait de milliards sortis de son chapeau (on devrait dire de nos poches), Macron, le magicien qui fait penser à Garcimore, l’illusionniste qui loupait tous ses tours, a voulu flatter les Algériens et ensuite, mais "en même temps" les Harkis. Le comble du ridicule, un peut triste, aura été de le voir prétendre distribuer également les bons et les mauvais points, tel un Salomon à la petite semaine. Quant aux Pieds noirs, il a oublié jusqu’à leur existence ; au nom de Macron, un goût d'asticot leur vient à la bouche.


Avec un aplomb magnifique un Ministre algérien répondait au Président piteux par les 3 « R » : reconnaissance, repentance, réparation. Mais nul ne parlera des crimes du FLN à l'encontre du peuple algérien, lors de l'indépendance et plus tard au cours des années de plomb. La France n'a pas à se repentir d’avoir donné naissance à la Nation algérienne, qui n'avait jamais existé auparavant, sous les colonisations arabe puis turque.


La seule reconnaissance qui devrait avoir lieu est celle du fait que la France a perdu la guerre d'Algérie. Donc, vae victis, malheur au vaincu. Il était naturel et conforme au droit du plus fort que les biens des Français fussent spoliés. La page aurait dû être tournée, car elle n'est honorable pour aucune des parties, selon les critères de droit et de paix qui prévalent aujourd'hui.


Il y a dans le fossé irrémédiable voulu et entretenu par les autorités algériennes, une immense mauvaise foi, car si les Algériens avaient une si mauvaise opinion de la France, il ne seraient pas pressés en masse pour venir y travailler et y vivre. Et ceci malgré le massacre du 15 octobre 1961, à Paris. Il faut dire que c'était avant l'indépendance, et qu'il y eut en juillet 1962 les massacres d'Oran perpétrés par le FLN. Dans les deux cas, De Gaulle a laissé faire. Combattant de la Première guerre, sa perception du caractère sacré de la vie humaine n'était pas celle des générations suivantes. Dans sa politique de clôture du dossier algérien par une séparation, l'une et l'autre tueries avaient leur logique. Mais les faits sont là, les Algériens n'ont pas boudé la France qui a trouvé avantage à les accueillir.

Dans le débat sur l’immigration, future, actuelle ou passée, la question algérienne est centrale. Les feux n’en ont pas été allumés par Zemmour, ils couvaient sous la cendre.


On a trouvé naturel, à l'époque, que lors de l’indépendance de l’Algérie les murs des villes se couvrent du slogan terrible « la valise ou le cercueil ». Au fond, les Français n’étaient-ils pas des intrus en Algérie ? Certes, les Juifs étaient en Algérie bien avant les Arabes, mais, devenus Français, ils avaient, semble-t-il, perdu toute droit à cette terre. D’ailleurs, les Juifs ont-ils droit à une terre ?


Notre époque est marquée par une nouveauté à l'égard des droits territoriaux. La suprématie est devenue celle du nombre plus que celle des armes. C’est sans doute pourquoi, les Algériens avaient droit à la terre d’Algérie, puisqu’ils y étaient majoritaires. Mais alors, les Français n’ont-ils pas droit à la France ?


Les Français sont un peuple civilisé. Ils ne menacent pas les arrivants, ils les accueillent, et sont même prêts à les prendre comme des leurs. Mais ce serait une grave erreur de croire qu’ils les considèrent autrement que comme des invités priés de bien se conduire selon les usages du lieu. Si les hôtes ont la prétention de modifier les us et coutumes des gens du cru, les réactions sont négatives, voir violentes.


Du "séparatisme" macronien dont la lutte est restée à l’état verbal, au "remplacement" zemmourien qui relève du fantasme, en passant par la "créolisation" mélenchonienne dont on peine à comprendre en quoi elle consiste, ou par le "métissage" à la Plenel que l’on ne comprend que trop, les concepts ne manquent pas pour habiller une réalité toute simple : passé un certain niveau d’éléments exogènes dans une population, il se produit des phénomènes de rejet.

Ce niveau d’acceptabilité, pour employer un terme à la mode, est variable. Il dépend de l’état de santé de la société d’accueil. Florissante, elle sera plus tolérante. En crise, ou en déclin, elle aura les nerfs à vif.


S’agissant de la France d’aujourd’hui, le seuil où la bonhommie n’a plus cours parait largement dépassé. Il est clair que faute de manifester des efforts tangibles, les immigrés nouveaux ne seront pas ici comme chez eux. Les leçons de morale n'y changeront rien, si ce n'est à déconsidérer ceux qui les donnent.


Les conceptions personnelles des dirigeants seront sans effet, ni dans un sens, ni dans l’autre. En effet, le degré Z (comme Zemmour), à partir duquel le « faites comme chez vous » n’a plus de sens, et la population devient irrationnelle ne dépend pas d’eux. Ce point de bascule n’est pas objectif, étant avant tout un ressenti. Les chiffres, de quelque nature qu’ils soient, sont inopérants, et, d’ailleurs, ils sont l’objet de controverses aussi stériles que non pertinentes. Quand le peuple a le sentiment que la « Patrie est en danger », il devient inaccessible à tout raisonnement et en particulier à ceux qui lui paraissent trop subtils.


Au nombre des arguties inopérantes on compte la distinction entre nationalisme et patriotisme évoquée par Emmanuel Macron. Selon lui et la doctrine communiste que l’on peut lire dans L’Humanité, il faut opposer ceux qui « patriotes » aiment la patrie et les « nationalistes » qui détestent les autres. Cette fausse évidence ne convainc que les convaincus. Le Président ne peut avoir oublié que dans la Déclarations des droits de l’homme et du citoyen de 1789, l’article 3 énonce : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. ». Loin de ce que prétend Emmanuel Macron, la Nation n’est pas une hostilité, mais une légitimité, ainsi que le même article, le précise : « Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément ». Se référer à la Nation n'est donc pas une incongruité.


Quant à la Patrie, elle n’est rien d’autre que la Nation militante, celle pour qui l’on meurt. En d’autres termes, la Nation est source de droit et de raison, la Patrie est celle des devoirs et des sentiments. On ne peut séparer les patriotes des nationalistes car il n'y a pas de Partie sans Nation et réciproquement. Qu'il existe des nationalistes haineux et des patriotes sanguinaires est une autre affaire. Une fois encore Macron déçoit, on attendait mieux de sa culture et de son intelligence. Sans doute l'exercice de la politique politicienne rend-elle stupide par nature.




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