Faut-il bâillonner Zemmour ?

Selon Zemmour Pétain aurait protégé les Juifs. Le souvenir des lois anti-juives, les rafles, les spoliations, les déportations, la propagande qui ont déshonoré l’Etat Français contredisent cette affirmation fondée sur une comparaison statistique entre le sort des Juifs étrangers en France et les Français.

Il est exact que le gouvernement Pétain a livré plus volontiers au début les étrangers aux Nazis. Mais de là à faire de Pétain un « Juste », il y a un dérapage. Bien entendu Zemmour n’est pas un antisémite, mais il est tant à la recherche du paradoxe dont il nourrit sa dialectique qu’il en vient parfois à soutenir l’insoutenable en s’accrochant à un chiffre, une statistique qui pourrait étayer un-e affirmation surprenante.

Il était poursuivi pour négation de crime contre l’humanité, mais Pétain lui-même n’a pas été condamné à ce titre. Dès lors, la controverse sur les effets de sa politique de collaboration qui se prétendait « protectrice » des Français, est certes stupide, mais n’est pas interdite. Le Tribunal correctionnel a refusé de condamner, tout en relevant l’incongruité de ce propos.

Ceux qui réclament à cor et à cris de supprimer l’émission de CNews où Zemmour prêche ses versions de l’histoire se tirent une balle dans le pied. Il suffit en effet de voir les moues dubitatives de Christine Kelly qui ponctuent certaines acrobaties du jongleur de théories pour le rendre inoffensif. Un froncement de sourcil de la maîtresse d’école est la meilleure des réponses à des élucubrations parfois divaguantes, et frôlant de dangereux précipices.

Faire taire Zemmour serait une erreur grossière. D’abord, parce que l’on en ferait un martyr dont les affirmations les plus osées prendraient une saveur de vérité apostolique. Ensuite, parce qu’il continuera de s’exprimer en publiant des ouvrages que l’on s’arrache. Enfin, et surtout, parce qu’il ne dit pas que des sottises, même si dans les raccourcis et les parallèles qu’il opère il néglige une part significative des faits.

Par exemple, prédisant le « grand remplacement » qui selon lui est déjà à l’œuvre, il pointe un réel problème de cohésion nationale, et met le doigt où cela fait mal, il oublie que la France, qu’il dit tant aimer, est infiniment supérieure à l’idéologie mortifère qui la menace. Elle a mille fois plus à offrir, pour autant qu’elle reste elle-même, que ceux qui prétendent contredire ses valeurs. Rester elle-même, signifie être fidèle à son histoire, aux idéaux des Lumières, et résister aux modes autodestructrices venues d’Outre-Atlantique.

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