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Français de cœur

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 28 janv. 2023
  • 4 min de lecture



Pour les détester, les critiquer et même les mépriser, les Français pouvaient compter sur leurs voisins. Traditionnellement les Anglais et les Allemands s’acquittaient de ce rôle ingrat. Ces ennemis intimes séculaires en avaient autant à leur service dans l’hexagone. Il y a eu des guerres interminables et meurtrières au-delà de l’imagination, mais tout ceci n’est désormais pas bien grave, car il existe aussi une considération que l’on accorde à de vieux adversaires. Quand, des différences, on fait un sujet de plaisanterie, c’est que l’inimitié n’est pas irrémédiable. L’on a eu l’entente cordiale avec les uns et l’on ne cesse de parler de couple moteur de l’Union européenne avec les autres.


Bien différent est le débat sur la xénophobie qui agite le monde médiatique, et se réveille à la moindre déclaration d’une personnalité en vue.


Quand Omar Sy dit que les Français sont racistes, la gauche applaudit et la droite s’indigne, mais quand Houellebecq dit que les Français sont racistes, la gauche s’indigne et la droite applaudit. Cela évoque la chanson de Guy Béart : celui qui dit la vérité, il doit être exécuté.


Mais où est la vérité ?


Omar et Michel, l’un et l’autre ont raison, car il est vrai que le racisme est un fait individuel profond. Il y a toujours un fond de sauce xénophobe chez tout un chacun. Toujours présent, il procède de la méfiance à l’égard de l’autre, et devient hostilité quand il oppose un groupe ethnique à un autre. Ce réflexe chacun doit le surmonter, ou ne pas s’y abandonner, sauf à devenir non pas un « salaud », mais un imbécile car on est tous peu ou prou l’étranger de l’autre, jusques et y compris pour son voisin de palier.


En ce sens, on peut déplorer que l’héroïsme des tirailleurs sénégalais morts pour la France, n’ait pas été assez honoré et remercié. Il ne le sera jamais assez. Mais de là à en tirer des conclusions générales sur l’état prétendument raciste de la société française d’aujourdhui, il y a un gouffre, celui de l’injustice.


D’autre part, intimer à Houellebecq de se taire quand il constate les effets d’une assimilation ratée et en prédit les conséquences catastrophiques, relève du déni de réalité, qui est, on en conviendra, un comportement stupide.


L’incitation à la haine est un délit, mais il est biunivoque. La haine contre les étrangers ou ceux qui se comportent comme tels, vaut autant que celle agitée contre les autochtones par les donneurs de leçon de morale qui n’en ont aucune.


Plutôt que « Français de souche » qui est contestable, car la France est un pays d’immigration séculaire, on préfère dire « autochtones », on préférera aussi dire « racinaires » dans la mesure où les racines sont avant tout culturelles.


Les peuples autochtones sont définis comme « les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou une région géographique à l'époque où des groupes de population de cultures ou d'origines ethniques différentes y sont arrivés et sont devenus par la suite prédominants, par la conquête, l'occupation, la colonisation ou d'autres moyens ». Mais cette désignation est réversible, certains parlant même de colonisation à rebours.


L’idéal serait de parler de Français de cœur, car il y a des racines qui ne dépendent ni du lieu de naissance, ni de la couleur de peau.


Il y a une différence profonde entre la démarche d’Omar Sy et celle de Michel Houellebecq. Celle de l’acteur est une mise en accusation de la société française qui ne peut que provoquer des réactions irritées chez des personnes qui se sentent injustement incriminés. Cet appel à la contrition et la repentance, ne constitue qu’un onguent sur des douleurs qui n’ont rien d’actuel comme en témoigne le fait qu’il émane d’une personnalité préférée des Français, qui très régulièrement n’a pas de couleur, ni d’origine ethnique particulière. On remarque au passage que ceux-là mêmes qui exhortent à la repentance systématique deviennent de farouches négationistes négationnistes quand il s’agit du génocide vendéen. Comprenne qui pourra.

Le propos tout aussi urticant de l’écrivain goncourisé est le constat d’une réalité que l’on voudrait imaginaire tant elle parait dangereuse. Si l’on écoute Houellebecq, on s’efforcera de trouver des remèdes à une menace qui existe et se réalisera si l’on continue à l’ignorer.


Il n’y a pas de symétrie dans ce débat. Pour complaire à Sy, on peut battre sa coulpe ou ne pas se sentir concerné, cela n’aura aucune conséquence sociale. Ignorer l’avertissement de Houellebecq serait une imprudence grave. Toute la question est de savoir comment échapper au pire. La réponse de bon sens est que cela passe par la fierté de ce que l’on appelle être Français. Il n’est pas évident que ce patriotisme culturel passe par de la repentance perpétuelle.


Certes, il faut être fort pour reconnaitre ses fautes, mais cette subtilité n’est pas toujours perçue comme telle. Beaucoup considèrent le mea culpa comme aveu de faiblesse. Sans aller jusqu’à l’arrogance, soyons fiers d’être Français, pour ce que la France a d’irremplaçable dans nos cœurs, dans nos esprits et dans nos vies. Le patriotisme est un élan contagieux, lui-seul peut déplacer des montagnes et faire que soudain ce qui semblait impossible ne soit plus Français.


Il est arrivé que les Français se conduisent mal et même que certains compromettent les idéaux humanistes universels de la France, mais vouloir réduire la nation française à ces errements quels qu’abjects qu’ils soient est un contresens. De même, ce ne sont pas les outrances de Sandrine Rousseau qui disqualifient la cause du féminisme.

Mais attention à ce que les fautes du passé n’hypothèquent pas le présent et même le futur.


Certains disent que ceux qui n’aiment pas la France n’ont qu’à la quitter, mais ce qui n’est pas discutable c’est que ceux qui n’aiment pas la France ne la connaissent pas. Il appartient aux Français de cœur de la faire aimer comme ils l’aiment, c’est à dire sans réserve. Albert Camus disait que s’il devait choisir entre sa mère et une injustice, il prendrait le parti de la première. Les temps présents ne nous en demandent pas tant, ils exigent seulement que nous n’injurions pas notre mère patrie.



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