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Gongji dü dü

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 25 mars 2021
  • 5 min de lecture

Les cocoricos (gongji dü dü, en mandarin) de Monsieur Xi Jinping sur les vertus du régime politique chinois, selon lui vainqueur du virus, sont indécents, car on ne peut oublier que la Covid-19 nous vient de Wuhan. Ils doivent aussi être relativisés, et appréciés en fonction du prochain anniversaire des cent ans de la fondation du Parti Communiste Chinois.


Le mystère du coronavirus de la covid-19 qui frappe l’Europe et l’Amérique, mais épargne l’Asie rappelle tristement ce qui s’est passé en Amérique du Sud lors de la conquête espagnole. Les populations locales étaient naïves, quant aux maladies qui étaient courantes en Europe. Ainsi la variole et d’autres pathologies mortelles ont décimé les populations amérindiennes. Les Espagnols ont importé les éléments pathogènes, mais ils en étaient relativement protégés.

Ceux que la variole notamment n’a pas tués, les mousquets des conquistadors s’en sont chargés. Ainsi une poignée d’hommes ont pu exterminer des empires. Incas, Mayas, Aztèques aucun n'a subsisté.


Pour le coronavirus, les épidémies se sont succédées en Asie de sorte qu’à la fois, il s’y est développé une immunité relative à ce type de maladie, et les autochtones ont appris à s’en prémunir. L’Europe et l’Amérique ont été pratiquement épargnées par les épidémies de coronavirus antérieures à 2019, de sorte que le covid-19 a pu se répandre dans une population naïve, mal préparée à s'en prémunir, et y faire autant de victimes.


Les vertus supposées du régime chinois n’y sont pour rien. Des pays démocratiques comme la Corée du Sud ou le Japon ont été pratiquement indemnes. Évidemment, les expériences antérieures ancrées dans la population ont joué un rôle, par exemple du fait du port du masque devenu habituel ; mais il y a eu aussi une certaine immunité au coronavirus lui-même.

Au delà des leçons de l’histoire, les scientifiques vont désormais dans le même sens.


Dans le Wall Street Journal Yasuhiro Suzuki, qui était jusqu'en août 2020 conseiller médical au Ministère de la Santé japonais, déclare à propos des rhumes asiatiques : « Bien que cela ne confère pas une immunité totale, cette immunité empêche que les gens ne développent une forme grave de la Covid-19 ».


Un autre fait penchant en la faveur de « l'immunité asiatique » est que les deux épidémies de Sras (celle de 2003 et l'actuelle) ont émergé en Chine, ainsi que de nombreuses autres pandémies de grippe comme la fameuse grippe de Hong Kong qui a causé un million de morts dans le monde dont 31.000 en France en 1968. Cet événement est passé inaperçu en France, le pays étant à ce moment occupé par d’autres fièvres.

Tatsuhiko Kodama, biologiste au Centre de recherche pour la science et la technologie avancées de l'université de Tokyo, avance que des infections par des virus ressemblant au nouveau coronavirus se sont produites à plusieurs reprises en Asie de l'Est. Selon ce spécialiste, des données inédites recueillies par son équipe suggèrent que les patients japonais atteints de Covid-19 produisent un anticorps ciblé appelé IgG peu après l'apparition de la maladie, tout en produisant relativement peu d'un autre anticorps appelé IgM qui marque généralement la réponse immunitaire initiale. « Cela implique qu'ils ont déjà croisé quelque chose comme le Sras-Cov-2 », assure-t-il.

D'autres scientifiques pensent que l'immunité asiatique remonte à beaucoup plus loin dans l'histoire. Une équipe de chercheurs australiens et américains a récemment publié une étude sur le site bioRxiv affirmant avoir trouvé parmi les Chinois, les Japonais et les Vietnamiens de forts signes de sélection dans les gènes impliqués dans la lutte contre les coronavirus.

D'après leur analyse, les Asiatiques de l'Est avaient commencé à lutter contre une pandémie de coronavirus il y a environ 25.000 ans. Cette dernière aurait laissé des traces dans le génome des populations actuelles, qui possèderaient ainsi une « adaptation » naturelle contre les coronavirus. Une autre étude publiée dans Nature indique qu'un gène hérité de Néandertal et qui constitue un facteur de risque aggravant de Covid-19 est presque absent chez les Asiatiques de l'Est (4 % contre 30 % en Asie du Sud ou 8 % en Europe).

Ces éléments sont tirés d’un article de Corine Deluzarche du 08/12/2020, et figurent dans d’autres publications.

Dans le même sens, on relève qu’en cumulé, les dix membres de l'Asean (l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge) et les pays développés de l'Asie du Nord-Est (Chine, Japon, Corée du Sud et Taiwan) n'ont recensé, depuis janvier, que 44.000 décès liés au Covid-19, soit à peine… 2,4 % des 1,8 million de morts de l'épidémie identifiés sur la planète. ( Les Échos O4/01/2021)


Ainsi les habitants d'Asie de l'Est auraient acquis une immunité régionale au cours de leur vie. Mais ce n'est pas tout. Ils pourraient aussi disposer d'une composition génétique différente. "Depuis une quinzaine d'années, des études ont montré que la génétique peut augmenter ou décroître notre vulnérabilité à un virus", souligne le chercheur Lluis Quintana-Murci, professeur de génomique humaine et évolution à l’institut pasteur et au Collège de France

Certaines mutations sont différemment distribuées entre individus et elles peuvent augmenter de trois à quatre fois la probabilité de développer une maladie infectieuse. Selon le professeur et chercheur, la population asiatique serait protégée contre le Covid-19 grâce à l'absence d'un gène qui constitue un facteur de risque aggravant du Covid-19 : "C'est une région sur le chromosome 3 qui augmente d'environ 60% la probabilité que vous développiez une forme sévère du coronavirus. Cette mutation est présente chez 16% des européens et 50% des Indiens. Et en Asie de l'Est, elle est présente à 0%."


D’autres chercheurs remarquent que plus une épidémie se développe loin de son lieu de propagation initiale, plus elle est ravageuse, ce fait statistique, tend à montrer qu’il existe une immunité acquise au cours des temps, et que lorsque celle-ci fait défaut, la maladie devient létale.

Sous le bénéfice de ces observations, le miracle chinois face au Covid-19 apparaît pour ce qu’il est : de la poudre aux yeux. Et la tentative de récupération à des fins de domination politique par Monsieur Xi est assez pitoyable.


Il aurait été plus correct de permettre une réelle inspection à Wuhan au lieu de cette mascarade autorisée un an plus tard, sous un étroit contrôle. Déclenchée trop tôt, l’offensive chinoise tombe à plat. L’Occident n’est pas prêt à renoncer à la liberté dont il jouit pour une pandémie. Il en a vu d’autres.


Le virus venu de Chine ne nous tuera pas tous. Ceux qui survivent ont compris qu’ils doivent se défier des mousquets des conquistadors de la propagande chinoise.

Pour la première fois, ces derniers jours l’Europe a pris des sanctions contre des officiels chinois en raison de leur implication dans la persécution des Ouïgours. La diplomatie chinoise a réagit maladroitement. En effet, la Chine n’est pas en mesure de dicter sa loi. C’est un colosse aux pieds d’argile, car elle dépend des achats des marchés européens et américains, autant que l’inverse est vrai. Et, fait nouveau, la pandémie a ouvert les yeux des européens. Rien ne serait plus dommageable pour la Chine de couper, elle-même, la route de la soie. A cet égard, si les relations politiques se tendent, le retournement peut être brutal. La crise économique que va affronter l’Europe sera une occasion de remise en question fondamentale qui ne se fera pas à l’avantage de la Chine. L’habileté serait de rassurer l’Occident, Monsieur Xi n’est peut-être pas aussi habile qu'on le dit, plus qu’une patte de velours, il semble préférer la main de fer dans un gant de boxe.


Tout bon commerçant sait que le client est roi, et qu'il ne faut jamais l'insulter. A cet égard les invectives de l'Ambassadeur de Chine en France montrent plus de fragilité mentale que de force économique. Décidément, les Chinois ne sont pas mûrs pour un leadership mondial.


En fait, les gongji dü dü de Monsieur Xi sont à usage interne. Ils démontrent plus l’inquiétude de l’appareil d’Etat chinois sur son emprise sur sa population qu’une véritable volonté de puissance géopolitique.




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