Grand Dieu !
- André Touboul
- il y a 3 heures
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Dans une époque dépourvue d’autres repères que la quête du pouvoir d’achat, on peut, même et peut-être surtout si l’on ne l’a pas rencontré personnellement, se réjouir du retour de Dieu dans les cœurs de plus en plus de Français.
Il ne s’agit pas évidemment du Dieu méchant des fanatiques qui trucident, souvent en s’immolant au cri d’Allah Akbar, Grand Dieu non ! Mais de croyants pacifiques qui reviennent prier dans des mosquées où l’on prèche un Islam de paix, et maintenant vers les églises catholiques. Malgré le passé inquisitorial et sanglant de l’Eglise, ses errements et ses malheurs d’un temps plus récent d’abus sexuels enfin confessés, la foi est là, nécessaire et joyeuse. C’est que l’Eglise est une construction humaine dont les défauts, par conséquent inévitables, ne disqualifient pas sa mission essentielle qui est de propager l’enseignement du rabbin Jésus, qui avait l’immense prétention d’incarner l’amour comme valeur suprême. Celui de la volonté qui préside à la Création pour l’humanité et celui des hommes les uns pour les autres qu’ils se donnent pour devoir. Sans doute l’Eglise romaine aurait intérêt à épouser son siècle en établissant une égalité totale des femmes et des hommes dans l’adminstration du culte.
La puissance du message du Christ éclaire la raison d’être de l’homme sur la Terre comme le projet d’un Dieu qui aime l’humanité… elle balaye le consumérisme qui versant inévitablement dans la consummation n’arrivera jamais à donner sens à la vie. Elle rend supportable la douleur, les peines et les larmes. Elle fait du plaisir autre chose qu’un égoïsme solitaire.
Certes, les hommes ne sont pas à la hauteur de ce modèle, fondamentalement judaïque car s’autorisant à parler directement avec Dieu. Ils en sont loin, et s’en écartent parfois beaucoup.
C’est que dans leur conformation vitale figure l’instinct de conservation. Cette pulsion irrépressible les rend égoïstes, méfiants, intolérants, hostiles… souvent malgré eux.
Mais quand Nietzsche déclare que « Dieu est mort », c’est l’oraison funèbre de l’homme qu’il prononce.
Même, et surtout, si Dieu n’existe pas, tel qu’on le représente, auguste barbu assis sur son nuage, il existe une volonté tangible d’une humanité qui à travers bien des torts et des crimes tend à se hisser à son niveau. Là est son existence.
Plus l’humanité progresse, ce qu’elle fait depuis l’Âge des cavernes, plus elle se rapproche d’un modèle moral de fusion entre l’Homme et le Créateur, que le Christ en Occident, et Bouddha en Asie représentent.
Ceux qui parlent d’Homo Deus, voulant faire de l’homme son propre Dieu, prônent en vérité une régression morale d’égotisme. Leur contresens est de croire qu’ils suivent une étoile alors que c’est une lanterne qu’ils portent au bout de leur propre bras. Il est nécessaire que Dieu soit loin, plus haut, au-delà, car pour chacun, c’est le chemin pour s’en approcher qui compte.
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