Groupe de parole ou paroles de groupe ?
- André Touboul
- 6 avr. 2021
- 3 min de lecture

Pour Monsieur Mélenchon, il est normal que des « groupes de parole » soient fermés aux blancs. Pourquoi ? L'insoumis en chef est très à l'aise : c'est pour faciliter l’expression de certains, répond-il. Mais, celle-ci est-elle contrainte ? Qui, dans la France d’aujourd’hui, a été entravé dans sa liberté d’exprimer son expérience personnelle de la vie sociale ? Bien au contraire, il y en a tant et tant, que pour attirer l’attention les intéressés multiplient les excentricités. Il semble même que des chauves songent à se poser en victimes au motif que dans notre société on achève bien les cheveux.
Le projet des étudiants de l'UNEF, en mal de communication, est assez évident. Leurs intentions ne sont pas innocentes. Outre le fait qu’agiter un torchon rouge pour faire réagir les médias prompts à s’enflammer est un moyen d’exister, le but réel de ces initiatives saugrenues est d’imposer une parole de groupe. Il s’agit que chacun s’auto-persuade de son état victimaire, et bien entendu la présence de blancs, non-victimes supposées, serait un démenti. Il s’agit ensuite de rendre indiscutable la parole du groupe affirmant l’injustice dont il est l’objet en tant que communauté.
Cette stratégie communautariste, bien que regrettable, ne serait pas critiquable si elle ne s'appuyait sur un critère racial. Ces étudiants anti-racistes perdent de vue que le racisme est un délit qui ne concerne pas qu'eux. Il nuit à l’ensemble de la société en tant que tel.
Quant à Mme Pulvar, il serait intéressant qu’elle explique ce qu’est un groupe de parole où certains doivent se taire. Sans doute, avant de prendre la parole devra-on, dans le monde de Pulvar, exhiber ses quartiers de coloration. Une grand-mère noire suffit-elle ? Dans ce cas, on devrait donner la parole à J. Edgar Hoover. Cette comptabilité sordide rappelle celle dont les juristes Nazis se sont abreuvés pour juger de la judéité de ceux qu’ils condamnaient à mort... ou pas. Triste affaire dans laquelle Audrey Pulvar, qui n'a rien d'une raciste, s'est embarquée par maladresse politique, s'étant crue obligée de s'exprimer par la logique de son engagement électoral. Elle y aura sans doute appris qu'en la matière, il ne faut jamais rater une occasion de se taire.
Bien entendu, Gérard Miller, le pseudo-psychiatre des plateaux télé, s’est autorisé à jouer le rôle du Juif paradoxal de service, en invoquant l’exemple des réunions des étudiants juifs de France. Mais où a-t-il trouvé que celles-ci étaient interdites à quiconque à raison de sa race ? Décidément, la manière dont certains exploitent leur judéité manque parfois de dignité.
Il n’est pas interdit aux Petits-boutiens de la guerre lilliputienne de se réunir sans les Gros-boutistes qui contrairement à eux ont le mauvais goût de casser les œufs par la partie la plus large. Mais, justement, c’est leur guerre idéologique qui le justifierait. On peut se réunir entre soi au nom d'idées communes, et exclure ceux qui ne les partagent pas. aucune loi morale ne s'y oppose. Mais il ne faut jamais perdre de vue que ce qui constitue le fondement du crime contre l'humanité est de s'en prendre à des personnes pour ce qu'elles sont.
L’UNEF n’est pas un syndicat d’étudiants non-blancs, ce serait d'ailleurs un critère racial inacceptable et constitutif du délit de discrimination. L’exclusion de qui que ce soit de quelque réunion que ce soit, à raison de sa couleur de peau, est une décision strictement raciste. Le racisme à rebours, reste du racisme. Ces évidences semblent avoir échappé aux étudiants fourvoyés dans cette galère, et, fait plus grave, à ceux qui les ont soutenus.
Les uns et les autres ne déclarent pas la guerre au racisme, mais aux blancs, non en raison de ce qu‘ils pensent, mais pour ce qu’ils sont. Ce n’est pas encore un crime contre l’humanité, car il n’y a pas mort d’homme, mais c’est le chemin qui y conduit.
"Si toutes les filles du monde voulaient se donner la main, Tout autour de la mer, elles pourraient faire une ronde. Si tous les gars du monde voulaient bien être marins, Ils feraient avec leur barque, un joli pont sur l’onde. Alors on pourrait faire une ronde tout autour du monde, Si tous les gens du monde voulaient se donner la main", a écrit Paul Fort. Mais qui se soucie encore aujourd'hui des poètes.
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