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Il a parlé ! Un colin froid mayonnaise

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 16 oct. 2020
  • 3 min de lecture



Les chauffeurs de salle des radios et télévisions, ces chaînes qui nous enchaînent, sans nous enchanter, avaient déjà pratiquement tout dit. Ils les a paraphrasés. On attendait un discours de chef d’Etat, Emmanuel Macron a fait une intervention de Premier Ministre. Pas une fois, au demeurant, il a évoqué celui-ci devenu soudain inexistant.


Le Roi, devenu régisseur, a surtout donné le sentiment qu’il voulait éviter les critiques des communicants, naviguer entre les Charybde et Scylla du vocabulaire, plus que s’adresser au cœur des Français. Il s’est presque excusé de prononcer l’expression « couvre feu », préférant argumenter chiffres à l’appui.


Or le rôle du Monarque n’est pas de parler à la raison, il est le maître de l’émotion collective. C’est à lui de canaliser la foule que l’on ne convainc jamais avec des raisonnements. Et moins encore avec des contredanses.

Annoncer des amendes à 135 €, n’est pas du niveau du Président, pas de son ressort.

Il ne s’est évadé du piège technocratique qu’in fine, en parlant de la jeunesse. On aurait souhaité qu’il s’adresse à elle, les yeux dans les yeux. « J’ai besoin de chacun d’entre vous », a-t-il dit, ensuite, aux Français. On aurait préféré qu’il dise « la France a besoin de vous », pour demander des efforts.


Le Président Macron a esquivé les questions sur les masques, les tests, le nombre de lits... il aurait pu reconnaître les fiascos et promettre un nouveau départ. Il aurait dû assumer tout cela. Hélas, il n’était que trop évident qu'il prévoyait d’autres « dysfonctionnements » à venir d’une machine administrative à bout de souffle, à laquelle il ne fait pas confiance.


Il est vrai que cette belle mécanique peuplée de brillants sujets, quant à elle, n’assume rien. Tous aux abris. Depuis le début de la crise, jamais l’on n’a vu un administratif, qui pourtant ne manquent pas, venir s’expliquer sur la question de l’engorgement hospitalier. Seuls se sont présentés les médecins, professeurs, infectiologues, à profusion, alors que l’on sait fort bien qu’ils ne sont pour rien dans l’état de leur outil de travail. Les ARS qui nourrissent une cohorte d’inutiles se sont révélées muettes. Les directeurs d’hôpitaux sont toujours aux abonnés absents.



Le plus affligeant a été de voir le Président de la République s’abriter derrière un rapport sur la gestion de la crise, demandé par lui, et auquel personne n’accorde le moindre crédit. Vainement, il aura argué que les chiffres sont transparents, car nul ne croit en la sincérité de morceaux choisis qui n’engagent que ceux qui les entendent.


Cinglant comme un démenti à cet autosatisfecit, on apprenait ce matin que des perquisitions simultanées étaient opérées aux domiciles de MMme Ndiaye et Buzin, et de MM. Philippe, Salomon et Véran, ainsi que dans leurs bureaux. Eliot Ness n'aurait pas fait mieux contre la pègre de Chicago. Ces actes sont, certes, autorisés par la procédure pénale, mais ils dénotent un état de défiance entre les magistrats et l'exécutif. En s'invitant dans le débat sur la gestion de la crise sanitaire, les juges rappellent qu'ils ne comptent pas pour du beurre. Eric Dupond-Moretti aura, sans doute, entendu le message.

La prestation présidentielle était décevante, elle a néanmoins rempli les commentateurs d’aise. Sans flamme, sans élan, sans vision. Un regard comptable sur une crise que l’on préfère voir durer plutôt que de l’affronter, sans doute faute de moyens, mais sans panache. Emmanuel Macron a satisfait ceux qui le décrivent en technocrate dépourvu d'empathie, un colin froid mayonnaise aurait dit Jean-Edern Hallier qui en son temps pensait à Giscard d’Estaing.




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