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Journée mondiale de la mouise

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 10 mars 2023
  • 3 min de lecture


Entre les journées mondiales et les journées internationales, les jours de l’année manquent pour les justes causes à défendre.


Le 8 mars est la journée internationale des femmes, c’est à dire qu’elle est moins consensuelle que celle qui le 4 janvier débute les voeux par une journée mondiale consacrée au braille.


Il est vrai qu’il y a aussi le 11 février celle consacrée aux « femmes et filles de science » , le 10 mars, celle des « femmes juges », le 19 juin celle consacrée à « l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit » (!), le 23 juin est celle des « veuves », le 11 octobre celle de la « fille », le 25 novembre, celle de « l’élimination de la violence à l’égard des femmes »…

Ce sont là des journées internationales. Le 20 mai les abeilles ont, elles, droit à une journée mondiale, le 3 Juin la bicyclette est aussi l’objet d’un vaste hommage universellement partagé. On ne rappellera pas les diverses occasions de célébrer qui bénéficient de ce traitement, certaines sont incongrues, comme celles des banques le 4 décembre, du coton ou des postes les 7 et 9 octobre.


Tout est respectable, mais à ce rythme-là plus rien ne l’est.


Il est cependant intéressant d’observer la manière dont chaque cause est défendue.


Le 8 Mars dernier, l’on s’attendait à une programmation de soirée télévisée dédiée aux femmes illustres qui ont mérité de leur patries. Que nenni ! Avec un ensemble confondant, les fictions étaient toutes consacrées à des femmes battues, violées, maltraitées, et à leurs vengeances et répliques. Cette peinture de notre société avait de quoi donner la nausée. Certes, il y a des victimes dont il faut s’occuper, qu’il faut entendre, soutenir et protéger. Mais si toute notre société est à ce point incurable, on en vient à se demander si cela a un sens.

Il faut sans doute mieux prendre ce déferlement victimaire assorti de clichés de rares maris « déconstruits », changeant les couches et donnant le bain au bébés, pour ce qu’il est. Un défoulement. Peut-être ce discours est-il commandité par les tenants d’un patriarcat dépassé ici, mais en vigueur chez eux. En tout cas, la société glauque qui est décrite est un repoussoir qui les arrange bien. C’est la démonstration que la femme est une victime naturelle, et que l’égalité des droits qui règne dans nos démocraties n’y peut rien faire.


Une mention spéciale pour ARTE qui dans sa séquence des chiffres clés, exposa que les naissances favorisent les hommes. Statistiques à l’appui, plus 5% en Chine, plus 8% aux Indes. Il était exposé que le nombre des nouveaux nés sont dans certains pays que l’on découvrait sur la carte situés au Moyen Orient, venaient au monde plus de garçons… beaucoup plus. Sur l’espérance de vie supérieure des femmes, pas un mot. Certes la Chine compte 48, 9% et l’Inde 48,4% de femmes, mais leur proportion est en France de 51,7 %, aux Etats-Unis 50,5%, Royaume-Uni 50,6 %, pour l’UE c’est 51,1 %. De cela, ARTE ne parle pas. La victimisation tous azimuths est en marche.


On aurait préféré, non que le sujet des victimes soit ignoré, mais que l’on rende aussi hommage aux femmes brillantes, courageuses, respectées et honorées à juste titre. Hélas, ce 8 mars, il n’y en avait pas. Les hommes ont pu se sentir coupables d’être simplement nés de sexe masculin. Bref, la mouise pour tous…et toutes.

La société mouisarde où la misère morale règne en maitre absolu que l’on a donné à voir, sans nuance, ni éclair d’espérance ne fait pas envie. Il y a des progrès à faire chez nous, immenses, mais vouloir que « la peur change de camp », c’est déjà poser en principe qu’il existe deux camps opposés. Cela est inacceptable et explique le malaise que suscite parfois la juste cause des femmes quand elle est aussi mal plaidée.

 
 
 

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