L’apnée
- André Touboul
- 28 mars 2021
- 3 min de lecture

Les médecins hospitaliers qui réclament d’urgence un confinement national total et menacent de devoir, à défaut, faire des choix de patients sont terrorisants.
Ils font peur, non pas à cause de la perspective qu’ils agitent, ils ont toujours fait des choix, sans s’en vanter, mais par le système de priorités qui les animent.
En effet, en tant que médecins censés être sur la brèche, on peut s'étonner qu'ils trouvent le temps de se produire aussi fréquemment dans les médias, à ce point que beaucoup sont devenus de véritables vedettes. Ce sont des fonctionnaires qui s'expriment en totale indépendance de leur Administration. On pensait qu'il existait une obligation de réserve, mais c'était avant. On se demande si ces autorités médiatiques mesurent les conséquences des mesures totalitaires qu'ils préconisent, sinon qu'ils exigent. Passées les précautions oratoires mentionnant qu'il y a aussi des considérations économiques et sociales, ils en viennent à la "nécessité d'un confinement général immédiat, pour sauver l'hôpital".
Sauver l’hôpital. La belle affaire. Ce n’est pas une fin en soi. En réalité, il s’agit d’éviter les images dérangeantes. Mais les vies brisées par un chômage forcé, cela n’est pas spectaculaire, mais aussi meurtrier.
Bien entendu, on invoque l’indemnisation. Mais elle a beau être massive, elle ne couvre pas, et de loin toute la population touchée. Bien des professions ne peuvent vivre en apnée. Le monde de la culture, plusieurs professions libérales, le secteur du petit commerce et de la restauration ne survivront pas.
Beaucoup sont laissés sur le bord du chemin. Ils vivent d’expédients quand les autres remplissent leur bas de laine. Et, même pour les favorisés, le quoi qu’il en coûte a atteint sa limite.
A la guerre, il a des morts. Cette fois, c’est au front de la maladie et aussi à l’arrière dans le reste de la population.
Pour disqualifier les récalcitrants du confinement on exhibe les fêtards, les imprudents, les impatients. C’est tout juste si l’on évoque les décrochages de jeunes, en laissant entendre qu’ils ont la vie devant eux et qu’ils s’en remettront.
Le message est clair, l’armée médicale veut avant tout préserver son outil de travail.
Sauvons l’hôpital, et la société française mourra guérie. Ceux qui réclament un confinement général semblent faire peu de cas des souffrances sociales, hors de l'hôpital. On objectera qu’ils travaillent beaucoup, même énormément, et sans doute trop, mais les non essentiels, ceux qui sont privés de ressources ne demanderaient pas mieux que de travailler. Dans les circonstances présentes la faculté de travailler est un privilège.
Emportés par leur élan, les zélateurs du « locked-in », syndrome d'enfermement, avancent que « maintenant les jeunes sont touchés ». Mais s’il existe des cas isolés, on attend en vain que les preuves chiffrées soient produites.
Sauver l’hôpital pour qu’il puisse assumer ses tâches extra-covid est l’ultime raison avancée par les tenant du verrouillage total. L’argument de la déprogrammation des opérations non urgentes est inopérant, car en cas de confinement, il en sera de même. On l’a constaté lors des épisodes précédents.
La Covid-19 est une maladie respiratoire, mais par manque de respiration imposée par la dictature du sanitaire, la société française, risque de perdre sa capacité de rebond. Le ralentissement du commerce mondial, et l’arrêt du tourisme, si important pour notre économie, rendent la reprise problématique. Seuls les pays où l’on a pas étouffé la culture du risque au nom d’une religion de l’image s’en sortiront.
On a bien conscience que les probabilités d’une aggravation de la situation sanitaire sont très fortes, et que sans doute les Docteurs Tant-pis finiront pas avoir gain de cause. Mais il est vital pour la France de préserver le plus possible des capacités d’oxygénation sociale. Les excuses d’Angela Merkel au peuple allemand pour avoir négligé cette nécessité pour les fêtes de Pâques devraient être méditées.
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