L'expulsion du jardin d'Eden
- André Touboul
- 5 oct. 2020
- 3 min de lecture
I

l n’est pas question de se passer des hauts fonctionnaires, ni de les expédier en camp de travail champêtre, mais le constat de l’échec de leur action n'est plus à démontrer et n’a jamais été aussi flagrant que lors de la crise de la covid-19.
La responsabilité est un terme étranger au monde de la haute fonction publique. Jamais, en pratique, pour les fonctionnaires de haut rang on a mis en œuvre de responsabilité pénale pour prise illégale d’intérêt (version administrative de l’abus de biens sociaux), seuls les élus se font épingler. L’élite d’Etat n’est pas peuplée de saints, mais elle dispose de mécanisme de protection puissants, dont fait partie la dilution des décisions.
Il est ainsi urgent de rapprocher les Grands Commis des dirigeants du privé. Ceux-ci ont appris à rendre compte sur leurs avantages, il est temps que les hauts fonctionnaires fassent de même.
Le Service public ne répond à aucun critère d’efficacité, alors que dans de multiples domaines l’Etat intervient dans des domaines semblables à ceux du privé. Avec un grand savoir-faire, les hauts fonctionnaires ont démontré que la politique du chiffre n’était pas la solution, mais en l’appliquant aux fonctionnaires de base du domaine régalien, comme celui de la police. Les contrats de mission et engagement d'objectifs devraient concerner surtout les hauts cadres de l'Etat.
On objectera que cette situation détournerait les talents de la fonction publique . Mais c'est justement le but que l'on doit rechercher afin de réorienter la fine fleur de chaque génération vers les activités productives et créatrices, plutôt que les planques bureaucratiques. Telle est la priorité absolue du redressement de la France tant dans ses espoirs démocratiques que dans sa survie économique.
Quand le pouvoir est exercé par une élite non élue, qui se sélectionne, se coopte et se protège, et ainsi se sépare de plus en plus de la population, on ne peut plus parler de démocratie et le rituel de l’élection n’est plus qu’un simulacre. Revaloriser les élus en leur rendant leur pouvoir de décision, passe par la réforme des hauts permanents de l'Etat.
Dès lors que les décideurs se verront appliquer les lois qu’ils concoctent, le réalisme économique refleurira, et avec lui la prospérité.
Tous les Présidents récents ont été conscients du problème posé par l’élite d’Etat. Sous Sarkozy, Fillon à la veille de quitter le pouvoir (9 mai 2012) avait fait passer un décret de réforme des logements de fonction. Hollande lui-même, grand défenseur de l’ENA, a fait prendre un décret le 9 mai 2017 pour obliger les hauts fonctionnaires de réaliser au moins 4 ans au service de l’Etat avant de pouvoir demander une mise en disponibilité.
Ces mesures étaient efficaces car elles s’attaquaient au portefeuille. Logement de fonction, mise en disponibilité cas particulier de l’emploi à vie, primes diverses, sont les trois sources de la prospérité de l’élite d’Etat, … et de la ruine du peuple français.
Bien entendu les hauts fonctionnaires ont trouvé la réplique. Une loi a annulé sous Hollande le décret Fillon, et un décret a amélioré la condition des détachements, et ceci en 2019, sous Macron. Aucune logique en cela ? Oui, simplement celle du plus fort. Dans la confrontation entre les gouvernants et la haute fonction publique, ce sont les permanents qui gagnent. D’où la solution impérative : exclure les Grands commis du statut de la fonction publique, c’est à dire les rendre à la condition d’intermittents, et à une précarité qui est celle de l'ensemble des productifs créateurs de richesse en France.
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