L’humanisme façon Kleenex est un clientélisme, loin de la vertu citoyenne
L’humanité selon Macron est la conception d’un individu jetable du début à la fin, et entre temps animé par l’unique espoir d’un pouvoir d’achat pour consommer des objets dont il n’a pas réellement besoin. Son humanisme est plus façon Kleenex que proche de celui d’Erasme.
Sous couvert de liberté individuelle, c’est la jouissance égoïste qui tient lieu de morale sociale.
Sans revenir au primat du collectif sur le personnel en vigueur au temps du Communisme flamboyant, ou se rallier à celui des régimes autoritaires où l’individu n’a pas la parole, le progrès n’est pas dans une promesse de vie vide de solidarités, orpheline de projets altruistes et dépourvue du souci de l’intérêt général.
Dans la très ancienne, et pour tout dire éternelle, opposition entre l’individu et la société, le fléau de la balance est toujours délicate, penchant à droite ou à gauche. Le macronisme, loin d’être un équilibre est une absence de pesée des valeurs.
C’est le recours à une morale supérieure pour ne pas dire transcendante qui seul peut convaincre l’individu des sacrifices et efforts qu’il lui faut consentir, et imposer à la collectivité les limites qu’elle doit observer dans l’usage de la contrainte et de la force publique pour qu’elles restent légitimes.
Le monde selon Macron est un univers sans morale, car la morale n’est rien d’autre que la voix qui dicte les choix. Le « en même temps », est l’absence de choix, il est amoral sans le dire.
La voie de la sagesse politique, le « chemin », comme dit le Taoïsme, est celle qui prend en considération le nécessaire du collectif et l’indispensable de la liberté individuelle. Ce qui rend cet équilibre acceptable est une morale.
La morale n’est pas seulement l’éthique qui dicte une conduite, c’est aussi une adéquation intérieure avec un idéal humaniste inhérent à l’espèce.
Quand la société néglige la dignité individuelle en faisant de l’homme un produit jetable, depuis le fœtus dépourvu d’identité, jusqu’à l’euthanasie en fin de vie, en passant par la chair à canon des troupes au sol, ou la peine de mort, elle abuse de ses pouvoirs. De même, quand elle piétine la liberté individuelle de penser et de dire, elle méprise ce qui est spécifique à l’espèce, son intelligence.
Mais si l’individu se contente de réclamer des droits en négligeant ses devoirs, s’il ne cesse de se prétendre victime d’oppressions imaginaires, de discriminations et injustices pour imposer les siennes sans égard pour la cohésion de la société qui le fait vivre, il ne mérite pas la considération de ses semblables, aux crochets de qui il vit.
Le sociétal de Macron est amoral, car il ne s’y trouve aucune part de l’intérêt collectif. La France selon Macron est uniquement meublée de droits individuels sans le moindre souci de solidarité. Il n’est pas surprenant que, sous Macron, le Service public soit en perdition, non qu’il ne lui eut été consacré moins de moyens, mais parce que c’est le sens de l’intérêt collectif qui l’a déserté.
Emmanuel Macron, lui-même énarque, a supprimé l’ENA qui était le temple de la religion du Service public, dans l’indifférence générale, car depuis longtemps le souci de l’intérêt général en avait disparu.
La morale est ce discours intérieur qui dit au citoyen que son intérêt est dans la prospérité de sa nation, qu’il doit s’interdire ce qui la compromet, que le « comportement citoyen » n’est pas seulement s’abstenir de nuire à son voisin, c’est aussi faire spontanément ce qui est utile à son pays sans être pour autant obligatoire. La morale citoyenne est l’obligation intérieure impérative qui va au-delà de la loi, mais sans la contredire. C’est ce que les Romains appelaient la vertu.
La morale politique est le souci constant de l’intérêt collectif dans le respect des libertés individuelles, mais sans privilégier celles-ci par souci de récolter des suffrages. C’est ce que les Romains, encore eux, appelaient le clientélisme.
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