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L’incohérence politique, la revanche des 5000

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 10 juil. 2024
  • 4 min de lecture


Dans le tohubohu qui a suivi la soirée du 7 juillet, où l’on entend les minoritaires du Nouveau Front Populaire réclamer Matignon, et les médias s’interroger sur des noms de personnalités qui pourraient remplir la fonction comme si elle revenait de droit à cette coalition électorale, un fait n’est pratiquement pas évoqué : Les Républicains ont résisté à la dissolution Macron, ils ont même augmenté le nombre de leurs élus passant de 61 à 66, sans compter les 17 ciottistes alliés au RN.


Ils ont sauvé leur honneur et celui de la France en refusant les combinations avec les anti-France, antisémites, et anti-capitalistes du Nouveau Front Populaire, ce que n’ont pas fait les macronistes, invitant à voter jusqu’à LFI, car disait Gabriel Attal, ces derniers n’avaient aucune chance d’arriver au pouvoir.


Ainsi ce Premier Ministre a organisé des désistements croisés, présentant le vote à gauche comme le coup d’un soir sans conséquence. Il y a entaché pour jamais son avenir qui s’annonçait brillant, tant il bénéficiait d’une sympathie dans l’opinion de par les mesures réalistes dont, Ministre de l’Education, il s’était montré capable.


En cautionnant cette passe de bonneteau, Emmanuel Macron, dont la morale en politique n’est pas la tasse de thé, n’a pas surpris. Il conservera cependant cette salissure au front dans l’image que l’Histoire retiendra de lui. On ne partouse pas impunément avec le Diable Mélenchon sans en être souillé. On pense à ceux qui acceptent le déshonneur pour éviter la défaite, et qui, bien entendu, subissent les deux.


Si l’on peut qualifier la posture, digne et sans bassesse, des LR de splendide isolement, la solitude du Chef de l’Etat est, elle, pitoyable. En lui donnant une majorité relative en 2022, le corps électoral lui signifiait que sa réélection n’était pas un blanc seing, et il lui était implicitement enjoint de construire une alliance pour former une vraie majorité de gouvernement. Il a choisi de poursuivre la démolition de la droite par une stratégie de débauchage. Sûr de son fait, le Prince n’imaginait pas pouvoir être à ce point désavoué sur la question de l’Europe. En réaction à sa cuisante déculottée, il a mis en demeure les Français de rentrer dans le rang. Ce fut la dissolution surprise. La réponse des électeurs est cinglante et elle lui retire la majorité toute relative dont il jouissait. Mais ils ne s’arrêtent pas là, et lui renvoient une Chambre à majorité introuvable.


Macron était un pis-aller comparatif, il s’est révélé qu’il était un aller au pire. L’un des enseignements les plus marquants du scrutin législatif 2024 est que les Français ne souhaitent plus  être gouvernés par Emmanuel Macron, et, pour s’en assurer, ils lui donnent une Assemblée sans gouvernement possible, fut-il de cohabitation.


Élu en 2017 sans le concours des partis traditionnels, mais avec l’appui de l’élite technocratique dont il était issu, la seule vraie réforme structurelle profonde et utile qu’Emmanuel Macron aura accomplie fut de supprimer l’école nationale d’Administration, matrice de cette méritocratie, et de mettre fin au régime carriériste des Grands corps. Plus téméraire encore de sa part aura été de désigner la haute Fonction publique comme la responsable de tous les maux et échecs de la France. Dans l’ivresse du pouvoir, il a trahi ceux qui l’avaient fait roi.


Les 5000 étaient ses promoteurs, ils ont reçu ses coups en silence, mais lui ont retiré leur aval. Ironie du sort ou retour de bâton, on parle désormais dans les médias d’un gouvernement de techniciens, et beaucoup d’entre eux savourent leur revanche. Certes, des politologues avisés exposent que telle n’est pas la tradition française. Mais la composition de l’Assemblée qui résulte de la dernière élection n’offre aucune solution politique, et il faudra attendre un an pour retourner aux urnes. Puisque le peuple est inconsistant, incapable de se prononcer clairement pour un bloc. C’est le triomphe annoncé du « cercle de la raison », dont la méritocratie technocratique estime avoir le monopole.


Les politiques de gauche s’agitent comme des pantins mus par leurs délires idéologiques. Ils revendiquent le gouvernement de la France pour dépenser des milliards chimériques. Mais ils n’ont aucun titre à l’obtenir. La nomination du Premier Ministre est une prérogative discrétionnaire du Président de la République. Il n’y a aucune tradition qui l’oblige à nommer une personnalité issue du groupe le plus nombreux s’il n’est pas majoritaire. Les seules occurrences de nomination d’un Premier Ministre non majoritaire furent celles où il s’est agi d’une personnalité du camp du Président lui-même. Gageons que jamais Emmanuel Macron ne nommera, sans y être contraint, un Premier Ministre sans majorité donc précaire dont, en outre, le programme serait de cramer la caisse. De la faillite qui en résulterait, c’est lui, et lui seul, qui en serait coupable.


Les caciques de la haute Administration laissent dire et délirer, il faut bien que la Gauche achève de se déconsidérer avant que les grandes personnes s’occupent de la maison France.


Puisqu’il n’y a aucune possibilité pour que surgisse une majorité absolue, la seule majorité relative acceptable par le Président serait une coalition de son camp avec les modérés de la Gauche ou de la Droite. La Gauche, pacsée avec LFI, et campant sur son slogan « tout le programme, et rien que le programme », n’étant pas disponible, restent les LR qui n’ont pas démérité.


Si les perspectives égoïstes pour 2027 ne prennent pas le pas sur l’intérêt national, la solution serait dans une telle alliance. Réalisée avant la dissolution, elle aurait donné à la France une majorité absolue. Aujourd’hui celle-ci ne pourra être que relative, donc fragile.


Dans les couloirs de Bercy, on observe goguenards, le volatile sans tête qui, au sommet de l’Etat, continue à courir en tous sens. On voit bien que les vrais possesseurs du pouvoir seront eux, jusqu’à la prochaine consultation du peuple. Hélas !


Oui, hélas, car ce ne sera pas la bureaucratie qui traitera les problèmes de fond, elle fera comme elle sait faire. Elle mettra la poussière sous le tapis, renouera avec le déni des réalités, le pas de vagues, l’irresponsabilité et l’incompétence qui en résulte… On a aimé l’énarchie, on va adorer le gouvernement de techniciens.


Ainsi va le monde, tout de guingois. L’incohérence de la France est à l’image de celle de la planète. Il s’y affronte les blocs antagonistes, mais aussi travaillés de l’intérieur. Les Etats-Unis souffrent d’une démocratie vacillante, la Russie est malade de sa guerre, la Chine de son économie, et le reste du monde ne sait plus à quel saint se vouer. Et pourtant, l’urgence climatique et écologique exigerait que les hommes de bonne volonté se donnent enfin la main,, comme le chantait le poéte.








 

 
 
 

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