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L’insoutenable légèreté des mots, la leçon des ténèbres

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 11 févr. 2023
  • 4 min de lecture


Clémentine Autin ne manque jamais une occasion de qualifier les Juifs de Sionistes ajoutant qu’ils sont les Nazis d’aujourd’hui. Comme la plupart des membres de LFI, elle suinte l'antisémitisme.

Pas plus qu’eux, cette péronnelle n’a qualité pour proférer de telles insanités. La première de ses lacunes, c’est qu’elle n’a jamais eu et n’aura jamais rien à craindre du nazisme, à la différence de ceux qu’elle insulte qui sont tant les Juifs d’Israël que ceux dont l’industrie de morts nazie a entassé les cadavres pour la sinistre »solution finale » . Employer à la légère un terme aussi lourd est spécifique à ceux qui professent une haine viscérale du Juif, venue du fond des âges, et tout à la fois minimisent ce que fut l’horreur nazie. D’une pierre deux coups.


Elle imite Vladimir Poutine qui qualifie de Nazis les Ukrainiens, pour justifier son agression, les destructions, les morts et les sévices qu’il leur fait subir. Ce venin est l'estampille de la haine. On ne s'en étonnera pas, car traiter quelqu'un de Nazi est lui signifier, tout simplement sa haine. Le paradoxe d'employer ce vocable pour des Juifs, ne fait que démontrer la profondeur de l'antisémitisme de celui qui l'emploie. Ainsi Volodimir Zelensky est traité de Nazi alors qu’il est Juif. Les mêmes affirmeront sans ciller que « d’ailleurs Hitler était Juif ». Quelque désir que l’on ait de les convaincre de leur erreur, il faut se rendre à l’évidence, ces gens-là, corrompus par de la haine chimiquement pure, sont, comme le sont les complotistes, inaccessibles au dialogue.


Le sociologue Mike Godwin a montré que, dans toute discussion, le point où l’on n’a plus d’argument à opposer est celui où l’on s’accuse de nazisme. La reductio ad Hitlerum est une fin de non recevoir de tout débat.


Le terme génocide est lui aussi galvaudé. Il est désormais employé à tort et à travers pour dire   « massacre de masse ». Mais l’extermination d’un groupe ethnique, le génocide, n’est pas seulement le fait de tuer beaucoup de gens, c’est aussi la volonté de le faire disparaître en tant que tel. La perte de sens a la double effet de stigmatiser une action présente et de minimiser une réalité passée.


En effaçant du nazisme le génocide réel qui lui est consubstantiel, Dame Autin rejoint les négationnistes des chambres à gaz. Elle se met en ménage avec Jean-Marie Le Pen qui parlait d’un détail de la Seconde Guerre mondiale.


L’expérience de faire partie d’un peuple qui a fait l’objet d’un génocide, comme les Arméniens ou les Tutsis au Rwanda, est incommunicable. C’est en quelque sorte un sentiment de rescapé, avec en arrière plan pour toujours, l’idée que cela n’est pas fini. Même si cela n’est pas son intention, Clémentine Autin ravive cette plaie.


Certes, il est permis à tout un chacun de marquer son désaccord avec la politique du Gouvernement israélien, de nombreux Juifs et Israéliens ne s’en privent pas. Mais la limite de l'odieux est atteinte quand l’on est soi-même un sinistre continuateur du régime nazi en se rangeant aux côtés de ceux qui aujourd’hui se sont assigné pour but la destruction d’Israël.


On ne voit pas Clémentine Autin en tenancière de chambre à gaz, mais sa dérive sémantique est un symptôme de l’époque. Beaucoup, dont elle, utilisent aussi le terme de « fasciste », ou celui de « facho », pour désigner leurs adversaires politiques, quand bien même ceux-ci n'auraient jamais contesté le régime démocratique de la République. Le sommet de l’abus de langage est atteint par les AntiFa, qui n’ont pas besoin de prononcer le terme entier, et par contre ne rêvent que de mettre la démocratie à bas.


En convoquant le siècle passé, à tort et à travers, ils feraient oublier que le fascisme est un régime politique nationaliste mais surtout totalitaire, qui, ainsi que le nazisme qui est sa variante militariste, s’oppose radicalement à la démocratie et aux principes humanistes de respect de l’individu qui la caractérisent.


Il faut dire que la démocratie n’est pas une fin en soi pour l’extrême gauche dont se réclame Clémentine Autin. Au bout de l’élection, il y a la dictature du prolétariat. Même si le prolétariat n’existe plus, les amis de celle-ci sont prêts à exercer le pouvoir en son nom.

Il n’est hélas que trop vrai que si elle se limite à l’élection, la démocratie peut aboutir à une autocratie par laquelle le peuple abdique ses libertés entre les mains de tyrans qui ne sont de droite ou de gauche que superficiellement. En fait, leur but commun est de confisquer toutes ses libertés aux citoyen. Il n'y a pas de différence à cet égard, comme à bien d'autres, entre Staline et Hitler.

Pour ces gens-là, le peuple a droit à la parole pour les porter au pouvoir, ensuite, il est prié de se taire, puisqu’ils gouvernent dans son intérêt. Et quand l’on dit « prié », l'euphémisme est monumental.


Il serait imprudent de sous-estimer cette déviation du discours. La leçon que l’invocation systématique des ténèbres ne doit pas nous blaser. Ce n’est pas une facilité de language, c’est une véritable arme stratégique. La conquête du pouvoir par les extrêmes se construit par la destruction de la société, et celle du discours en est l’un des outils les plus efficients.


La perte des repères et celle du sens des mots sont le prélude à l’étourdissement mental. L’emploi insoutenable que léger des termes de nazisme, de fascisme, et de génocide a pour but de déconnecter la population des réalités présentes. Ainsi l’on mène les moutons à l’abattoir.

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