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La chienlit comme plat du jour

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 1 juil. 2023
  • 3 min de lecture


Les médias qui commentent l’affrontement entre les gouvernants, qui n’en peuvent mais, et une population à bout de nerfs, ne font que constater la nullité du match, quand ils ne versent pas de l’huile sur le feu avec une gourmandise non dissimulée. Rien ne serait pire qu’un sytème d’information conformiste, sauf celui qui érige le non-conformisme en un nouveau conformisme.


A force de vouloir se montrer indépendants des puissants, les gouvernants, les patrons, les autorités de tous ordres, deviennent les chantres du désordre, de la pagaille et des activistes révolutionnaires. La chienlit est leur plat du jour favori.


Le sommet de la jobardise, chez ces privilégiés du système, est atteint quand ils font de la critique tout azimut du Président de la République un mantra, et dans le même mouvement déplorent le naufrage de l’autorité de l’Etat.

Rien n’a de légitimité à leurs yeux. Même lorsque le Président, élu au suffrage universel, veut appliquer son programme, ils s’emploient à disséquer le scrutin, en imaginant ses motivations, pour conclure que le vote n’était pas conclusif.

De la lessiveuse, aucun candidat, aucun parti ne sortira à son avantage. Ce qui est détruit, l’est définitivement.

Les pleureuses qui se lamentent sur la paralysie du Gouvernement, sont ceux et celles qui ont rogné les ongles et les canines du chef de l’exécutif.

Les Insoumis et Black blocs qui, dit-on, allient un rêve de Grand soir et haine des flics, ont-ils un QI si faible qu’ils ne perçoivent pas que tout régime révolutionnaire promet la liberté et sitôt au pouvoir instaure un régime policier, d’autant plus sévère et strict qu’il a la mission de lutter contre les ennemis de la révolution. Ainsi il existe une mauvaise police et une bonne police, comme les chasseurs du Bouchonois des Inconnus, la mauvaise police cogne, et la bonne police cogne aussi, plus fort, mais c’est la leur.

Là aussi les médias préfèrent dénoncer la violence des représentants de l’ordre républicain en oubliant de s’indigner des outrances de ceux qui veulent mettre à bas nos institutions. Pour les plumitifs de l’ordre moral nouveau, la société devrait être parfaite et toute imperfection la disqualifie, mais les contestataires ont le droit de tout détruire, ne rien respecter, puisqu’ils contestent.


Les jobastres s’extasient en vantant le peuple qui est l’émule de celui qui a pris la Bastille. C’est aussi cette « populace », comme la désigna Victor Hugo, qui a applaudi aux charrettes pour la guillotine, dans lesquelles tous sont passés. Les aristocrates, mais aussi Danton, Mirabeau, Robespierre (aussi), et tant d’autres, la veuve ne faisait pas le détail, pourvu que le peuple (on devrait dire la foule) soit satisfait.


Les gilets jaunes, les casseroleurs seraient-ils les descendants de ce soit-disant peuple buveur de sang qu’admire tant Mélanchon ? Le ciel les en préserve.


Les Français qui font la France valent infiniment mieux que cela. Pourtant, c’est cette image stupide que les médias rivalisent à nous dépeindre. Dans ce miroir qu’ils nous tendent on ne peut que plaindre ceux qui s’y reconnaissent.


On ne dira jamais assez la responsabilité des intellectuels français. Depuis un siècle, ils pédalent dans la vieille semoule charançonnée de l’idéologie marxiste. Pour eux, la lutte des classes est l’alpha et l’oméga de toute réflexion. Les Bourdieu, Dérida et autres anticapitalistes viscéraux ont rivalisé d’ingéniosité conceptuelle pour déniaiser le peuple dont la masse était aliénée par le système dominateur des marchés, et les duretés d’une économie industrielle. D’une manière ou d’une autre, ils faisaient de la retape pour un socialisme pur et dur, celui qui fait le bonheur de l’individu malgré et, au besoin, contre lui, puisqu’il est réputé abruti, car exploité à outrance.


Le monde a changé. L’industrie est partie produire ailleurs ses méfaits, et l’alternative aux marchés qui ne peut être que l’arbitraire d’une autocratie bureaucratique a rencontré sa limite. La mise à nu de l’utopie communiste par l’effondrement de l’URSS. a montré que la liberté était une aspiration plus forte que ne le pensait la pensée correcte.


Les intellectuels, orphelins d’une doctrine qui situait sans débat possible le camp du bien à gauche, sont désemparés. Quelques uns tentent de faire revivre l’idéologie collectiviste de papa, sans beaucoup d’écho, mais la plupart se réfugient dans le grand n’importe quoi du populisme.


Ces derniers, dont Onfray est l’archétype, confondent la démocratie avec le caprice du peuple. Ils oublient que souvent peuple varie, et que la démocratie exige que le citoyen souverain soit éclairé par une information de qualité et non égaré par des joueurs de flutiau qui le conduisent à la noyade dans la rivière. Cette information, les intellectuels ont la responsabilité de la rendre conforme à la réalité. De cette mission, ils ont démissionné. Au lieu d’éclairer le peuple, ils se contentent de le suivre dans ses mouvements d’humeur. Le pire de tout, c’est que ces professionels de la bonne conscience n’en ont pas conscience.


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